Eglises d'Asie

A Batticaloa, le 24 décembre, un député tamoul proche des Tigres a été abattu pendant la messe de minuit

Publié le 18/03/2010




Lors de la veillée de Noël du 24 décembre dernier, il était minuit passé lorsque des coups de feu ont éclaté dans la cathédrale Sainte Marie du diocèse de Trincomalee-Batticaloa, à Batticaloa. Deux tireurs, postés jusque là derrière un pilier de l’édifice, se sont approchés des premiers rangs de l’assistance et ont ouvert le feu sur Joseph Pararajasingham, député tamoul de l’Alliance nationale tamoule, et son épouse, Sugunam Pararajasingham. Le parlementaire, de confession catholique, était de retour dans sa ville avec son épouse pour les fêtes de Noël. Il est mort peu après avoir été transporté dans l’ambulance appelée sur les lieux ; sa femme, blessée, a survécu et est soignée à l’hôpital général de la ville. L’assassinat n’a pas été revendiqué ; les deux tireurs sont parvenus à s’échapper de la cathédrale en tirant en l’air ainsi qu’en direction des fidèles, blessant au moins sept personnes lors de leur fuite.

Pour l’évêque du lieu, Mgr Kingsley Swampillai, qui présidait la célébration de Noël, cet événement est une “terrible tragédie”. S’exprimant peu après “encore sous le choc il a souligné qu’il avait, pour son homélie, prêché sur le thème du Christ porteur de paix et de la nécessité d’élaborer une nouvelle culture étrangère à la violence. “Je venais de dire que la culture de la violence nous submergeait et qu’il était temps d’y mettre un terme a-t-il déclaré, expliquant qu’arrivé à 22 h 30 dans la cathédrale le couple était assis au premier rang pour la messe qui a débuté une heure plus tard. Après avoir reçu la communion, le député et sa femme étaient retournés à leur place et l’évêque et ses acolytes distribuaient encore la communion lorsque les deux tireurs ont surgi. La police et les secours ont été immédiatement appelés sur place, mais il était trop tard pour sauver le député. Mgr Swampillai a encore ajouté que la cathédrale se trouve dans une zone de haute sécurité et que, lorsque les coups de feu ont éclaté, il a pensé que des pétards avaient été allumés par des mécréants, ce qui l’a rendu furieux. Une fois qu’il eut réalisé ce qui s’était passé, il a appelé les fidèles à la prière. “Commettre un acte pareil, qui plus est le jour de Noël, est parfaitement méprisable et inhumain. Cela ne peut être toléré a affirmé l’évêque.

Agé de 71 ans, ancien journaliste, élu au Parlement pour la première fois en 1990, le député tamoul Joseph Pararajasingham était connu pour être proche du mouvement rebelle des Tigres de libération de l’Eelam tamoul. Dans les années 1990, il avait demandé des enquêtes pour faire la lumière sur les cas d’enlèvements, de tortures et de disparitions de civils tamouls par les forces de l’ordre. Il était membre de l’Alliance nationale tamoule, l’aile politique des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). Depuis plusieurs mois, la tension dans l’est du pays est vive. En effet, sous l’égide de V. Muralitharan, alias “colonel Karuna”, et ancien chef militaire du LTTE, une faction dissidente des Tigres s’oppose à l’Alliance nationale et au LTTE et les assassinats ciblés se multiplient, sans que l’on sache toujours qui assassine qui (1). L’assassinat de Joseph Pararajasingham n’a pas été revendiqué. Selon l’armée sri-lankaise, le LTTE en est le commanditaire. Selon les Tigres, ce sont les services secrets militaires et leurs alliés qui ont monté le coup. Depuis l’élection à la présidence du Sri Lanka de Mahinda Rajapakse, le 17 novembre dernier, les violences ont gagné le nord du pays, fragilisant un peu plus le cessez-le-feu signé en février 2002 entre Colombo et le LTTE (2).