Eglises d'Asie

Fondée par des chrétiens il y a cinquante ans, une entreprise de crédit mutuel est devenue la plus importante de ce genre dans le pays

Publié le 18/03/2010




Les célébrations ont duré dix jours et ont rassemblé plus de 18 000 personnes. Le 1er décembre dernier, à Dacca, le dévoilement d’une statue du fondateur, le P. Charles J. Young, prêtre catholique de la Sainte-Croix, a marqué le début des festivités, largement couvertes par les médias locaux. C’était le cinquantième anniversaire de la fondation de la Coopérative chrétienne de crédit mutuel de Dacca (CCCULtd.-Dhaka) qui était ainsi fêté. Selon Nirmal Rozario, secrétaire général de la coopérative et de l’Association des chrétiens du Bangladesh, “CCCULtd-Dhaka a été le premier crédit mutuel fondé dans le pays et, en cinquante ans, est devenu la plus importante entreprise du genre dans le pays. Son action a bénéficié à des milliers de chrétiens, catholiques ou protestants, en leur permettant de se développer d’un point de vue économique et de rester unis”.

Le 9 décembre, lors d’une des manifestations organisées à l’occasion de l’anniversaire, Mgr Theotonius Gomes, évêque auxiliaire de Dacca, a accueilli Ziaul Haq Zia, ministre d’Etat pour le Développement rural et les Coopératives. Le ministre a exprimé son enthousiasme face aux réalisations du CCCULtd.-Dhaka : “Cette entreprise représente un exemple remarquable d’unité entre les chrétiens. Les autres devraient s’en inspirer.” Reprenant des chiffres cités par le président du crédit mutuel, le ministre a affirmé que CCCULtd.-Dhaka était la plus importante entreprise de crédit mutuel du pays, avec un capital de 540 millions de takas (6,9 millions d’euros) et des dépôts avoisinants les trois milliards de takas. Il a ajouté que les compétences et les ressources humaines pouvaient s’acheter mais que la confiance ne pouvait pas l’être. “Les chrétiens, dans cette entreprise, sont parvenus à bâtir un capital de confiance et c’est cela qui est à la base du succès de CCCULtd.-Dhaka a-t-il encore déclaré.

Pour sa part, Mgr Theotonius Gomes a dit, à l’attention des gérants du crédit mutuel, que “l’océan est constitué de petites gouttes d’eau. De la même façon, vos efforts conjugués ont édifié le succès de cette institution. Celle-ci s’est développée, elle est même devenue grande, mais vous ne devez pas oublier que vous êtes au service des pauvres”. Lors d’une autre réunion pour célébrer l’anniversaire, l’archevêque de Dhaka, Mgr Paulinus Costa, a insisté sur les évolutions positives qui peuvent se faire jour lorsqu’une communauté sort de la pauvreté : “Les gens peuvent grandir sur un plan spirituel lorsqu’ils s’extirpent de la pauvreté matérielle a-t-il déclaré, devant les responsables, chrétiens et protestants, du crédit mutuel.

Mgr Leo Graner, archevêque émérite de Dacca, a rappelé que sa préoccupation d’aider sur un plan économique la communauté chrétienne, très déshéritée, l’avait mené à contribuer à la fondation de cette entreprise. En 1953, a-t-il raconté, il avait envoyé le P. Charles J. Young au Canada pour qu’il se forme à l’animation et la gestion des coopératives. Une fois revenu, celui-ci avait fondé le CCCULtd.-Dhaka, le 3 juillet 1955, dans les locaux de la paroisse de Luxmibazar, dans le Vieux Dacca. La coopérative de crédit mutuel comptait alors quarante-cinq membres. Parmi eux se trouvait Christopher Gomes, qui a témoigné de son parcours lors de ce cinquantième anniversaire. Parti de rien, il a pu “s’établir en ville” grâce aux prêts consentis par la coopérative et devenir chauffeur routier ; depuis douze ans, il assume la présidence d’une association de chauffeurs routiers. Dans un pays où les pauvres n’ont pas accès au crédit bancaire et où ils n’ont d’autres solutions que de recourir aux usuriers, la coopérative de crédit mutuel a permis un réel progrès social et économique à nombre de personnes (1). En 1979, CCCULtd.-Dhaka a fondé la Ligue des coopératives chrétiennes du Bangladesh, fédérant ainsi un réseau de 415 crédits mutuels, animés aussi bien par des chrétiens que par des non-chrétiens, présents dans plus de la moitié des 64 districts du pays. L’objectif affiché était de promouvoir le développement rural. Outre des prêts à des adultes pour des projets économiques, la coopérative a élargi son champ d’action à l’éducation, en accordant des prêts et des aides directes à des élèves et à des étudiants.