Eglises d'Asie

Le décès – qui aurait pu être évité – d’une jeune religieuse a incité l’archidiocèse de Mandalay à fonder un centre de soin au service des indigents

Publié le 18/03/2010




Loin d’être inévitable, le décès d’une jeune religieuse légèrement accidentée, mais mal soignée, a poussé l’archi-diocèse de Mandalay à ouvrir un dispensaire au service des indigents. Le docteur Jonny, médecin chef du dispensaire, a expliqué la genèse de cette fondation : “Il y a deux ans, avant l’ouverture de notre dispensaire, Sour Joseph est morte du tétanos. A l’époque, étant donné que Mandalay comptait de nombreuses cliniques privées, je pensais que les infrastructures pour la soigner existaient et qu’elle n’aurait pas dû mourir. Toutefois, en étudiant son cas de plus près, je me suis dit qu’il était nécessaire d’ouvrir un dispensaire comme celui-ci.”

En juillet 2002, Sour Monica Pek Pek, circulant en mobylette, avait heurté une grosse jarre de fleurs en terre cuite au bord de la route et s’était blessée à la jambe. Elle reçut des soins dans une clinique privée et rentra dans son couvent. Mais une infection ne tarda pas à se déclarer. Transportée en urgence à l’hôpital public de la ville, elle mourut quatre jours plus tard. Le décès de cette religieuse, âgée de 27 ans, a bouleversé la communauté catholique locale qui la connaissait bien, choquée par une mort qui aurait pu être évitée. En effet, ce cas de tétanos aurait pu être soigné s’il avait été diagnostiqué à temps et traité correctement. Cette mort inattendue mit en lumière la nécessité d’un dispensaire pour venir en aide gratuitement à ceux qui ne peuvent s’offrir des soins appropriés. Ce qui aboutit à l’ouverture du dispensaire St François Xavier, le 8 mars 2003.

Le dispensaire est situé au rez-de-chaussée d’un bâtiment moderne de trois étages de la paroisse St François Xavier. L’année dernière, un laboratoire d’analyses médicales lui a été adjoint. D’après le docteur Jonny, ce dispensaire n’est, pour l’archidiocèse, qu’une première étape vers l’édification d’un véritable hôpital. Il est ouvert tous les jours, sauf le dimanche, de 17 h. à 20 h. et a déjà reçu 4 000 patients. Il accueille les malades qui n’ont pas les moyens d’un traitement trop coûteux et suit également les incurables. Il ne demande rien en contrepartie, mais ceux qui le peuvent donnent quelque chose. Chaque jour, c’est au minimum un patient qui est ainsi soigné entièrement gracieusement. Des bienfaiteurs financent une bonne partie des médicaments que le dispensaire procure aux malades à des prix raisonnables. L’équipe médicale est formée de quatre médecins, de deux infirmières, d’un laborantin, d’une équipe de pharmaciens et d’un étudiant dentiste, tous bénévoles.

Une des infirmières, Daw Khin Hla Myint, sa journée normale de travail terminée, y consacre toutes ses soirées pour témoigner de l’esprit de service des chrétiens. « Je veux aider les indigents. Même à l’hôpital, je parle toujours très poliment aux gens pour qu’ils comprennent, par ma gentillesse et mon attitude, que je suis chrétienne dit-elle, reflétant ainsi la devise du dispensaire : “Chacun peut arriver à connaître le Christ Jésus par ce qu’il fait de bien.”

Daw Maria Kay Ja Ti, infirmière chef dans un hôpital et qui vient également apporter son aide au dispensaire, explique : “Je voudrais que le dispensaire soit au service des chrétiens comme des non-chrétiens. Je sympathise avec tous les patients et crois que mon travail est une offrande faite à Dieu.” Ya Min San, une des pharmaciennes, relevant que les non-catholiques viennent volontiers se faire soigner au dispensaire, dit espérer qu’un jour le lieu se dotera d’un cabinet dentaire et que le service des urgences verra ses capacités augmenter. Bien que les membres de l’équipe viennent d’horizons différents, c’est l’esprit chrétien de service qui les anime, du moins tant qu’ils travaillent au dispensaire, ajoute Ya Min San, disant : “Toucher les malades, c’est comme toucher Jésus. Nos patients n’ont pas seulement besoin de médicaments. Nous pouvons aussi les aider moralement et spirituellement.” Quant à lui, un médecin du dispensaire fait remarquer que les habitants de Mandalay fréquentent de préférence les cliniques privées de la ville, tandis que les habitants des villages éloignés venus à Mandalay pour se faire soigner se rendent plus volontiers au dispensaire.