Eglises d'Asie

L’Eglise catholique lance un appel en faveur de la paix au Baloutchistan

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique du Pakistan a lancé un appel pour “un cessez-le-feu immédiat” au Baloutchistan, vaste province du sud-ouest du pays, où l’armée a lancé une offensive contre des insurgés, causant de nombreuses victimes. Dans un communiqué de presse daté du 3 janvier dernier, Mgr Lawrence Saldanha, archevêque de Lahore et président de la Conférence des évêques du Pakistan, et Peter Jacob, secrétaire général de la Commission nationale catholique ‘Justice et paix’, affirment que “le recours à la force ne peut constituer une solution”. En particulier, “le bombardement aérien des civils n’a pas de justification affirment-ils dans leur appel au gouvernement.

L’année 2005 a été particulièrement violente au Baloutchistan. En douze mois, 187 attentats à la bombe et 275 attaques à la roquette ont été recensés, ainsi que des opérations de sabotage contre des lignes électriques, des gazoducs et le réseau ferré. Les forces de sécurité pakistanaises ont déclenché l’offensive en cours, après que des tirs de roquettes eurent été déclenchés au moment de la visite du président Pervez Musharraf dans la région, le 14 décembre dernier. Le lendemain, c’est un commandant du Corps des gardes frontières qui a été blessé quand son hélicoptère a essuyé des tirs. L’“Armée de libération baloutche” a revendiqué ces attaques. Les combats entre les forces de sécurité et les combattants issus des tribus des régions de Kohlu, de Dera Bugti et des alentours ont été violents et ont fait de nombreux morts ainsi que des centaines de blessés. Selon des sources locales, parmi les victimes, figurent, outre des insurgés, des femmes et des enfants.

Mgr Lawrence Saldanha et Peter Jacob demandent que les problèmes du Baloutchistan soient résolus “politiquement et de manière pacifique Ils ajoutent que le parlement et le Conseil des ministres doivent être consultés avant le lancement d’opérations militaires. Dans leur communiqué, ils rappellent encore que le gouvernement a obligation de protéger la vie et la liberté des citoyens. “A la place des balles et des bombes le gouvernement devrait travailler “au développement économique du peuple, sans distinction de religion, d’appartenance ethnique ou linguistique Ils estiment enfin que cette crise du Baloutchistan devrait être résolue au plus vite, pour éviter des développements politiques et sociaux fâcheux. “Au lieu de faire la sourde oreille sur ces questions d’autonomie provinciale et de droits, écrivent les deux responsables catholiques, le gouvernement devrait réfléchir et résoudre les problèmes par la négociation”.

Le 4 janvier, la presse locale rapportait une déclaration du président Musharraf selon laquelle l’offensive militaire continuerait au Baloutchistan et qu’“une action exemplaire serait menée” partout où l’autorité de l’Etat « est contestée”. Le chef de l’ethnie baloutche, Nawab Akbar Khan Bugti, quant à lui, a rejeté l’étiquette de “terroriste collée à son peuple. “Les Baloutches ne sont pas des terroristes, assure-t-il. Ils luttent pour défendre leurs droits.” Le 8 janvier, en mission pour enquêter sur la situation prévalant à Dera Bugti, un convoi de la Commission des droits de l’homme du Pakistan, un organisme indépendant du gouvernement, a essuyé des tirs. Personne n’a été blessé, mais différentes organisations de défense des droits de l’homme, dont la Commission catholique ‘Justice et paix’, ont protesté devant le Press Club de Lahore.

Le Baloutchistan est la province la plus étendue ainsi que la plus pauvre et la moins développée du pays. Elle renferme aussi les gisements de gaz naturel les plus importants du Pakistan. Les tribus de la région demandent plus d’autonomie politique et un meilleur partage des revenus issus des ressources naturelles. Elles revendiquent également une représentation politique plus équitable, le Baloutchistan étant la province la plus faiblement représentée au parlement fédéral.