Eglises d'Asie

Hongkong : des officiers de police, heurtés par les critiques de l’évêque de Hongkong au sujet de leur attitude face à certains altermondialistes, disent vouloir écrire au pape

Publié le 18/03/2010




Le 12 janvier dernier, l’Association des inspecteurs de police, organisation professionnelle des policiers de Hongkong, a déclaré qu’elle envisageait d’écrire une lettre ouverte au pape Benoît XVI pour dire tout le ressentiment des policiers de Hongkong vis-à-vis de l’évêque local, Mgr Joseph Zen Ze-kiun. Le président de l’assocation, Liu Kit-ming, a précisé que les membres de son association avaient longuement réfléchi avant de conclure qu’il était inutile d’envisager un débat public avec Mgr Zen et qu’il valait mieux s’adresser directement à son supérieur, le pape.

L’affaire remonte au mois de décembre dernier, lorsque la ville de Hongkong a été l’hôte de la conférence ministérielle de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). La ville avait été placée sous haute surveillance policière, les autorités craignant des débordements de la part des militants altermondialistes opposés aux termes des négociations en cours. Du 13 au 18 décembre, les manifestations ont de fait été nombreuses aux alentours du centre de conférence, bouclé par les forces de l’ordre, et, le 18 décembre, la police a procédé à un millier d’interpellations, lors d’une manifestation violente à laquelle avaient notamment pris part des paysans sud-coréens. Les personnes interpellées ont été rapidement relâchées, à l’exception de quatorze d’entre elles, maintenues en détention pour “rassemblement illégal” (1Mgr Zen ainsi que différents responsables d’organisations de défense des droits de l’homme avaient pris position pour défendre le droit de manifestation et apporter une aide juridique aux personnes interpellées (2). “En tant que Hongkongais, je ressens de la honte. Je souhaite présenter des excuses aux paysans sud-coréens. Ce que les chefs de la police de Hongkong ont fait n’est pas approprié avait notamment déclaré l’évêque le 18 décembre, après qu’un sit-in de 150 paysans sud-coréens eut été dispersé par la force.

Dans les jours qui ont suivi, Mgr Zen a précisé sa position, déclarant notamment que les policiers sur le terrain, ceux qui étaient au contact avec les manifestants, avaient rempli leur mission – “un travail difficile a dit l’évêque – comme ils le pouvaient. Selon Mgr Zen, ses critiques ne les visaient pas. Le 13 janvier, toutefois, soit le lendemain de l’annonce de l’Association des inspecteurs de police d’écrire à Benoît XVI, l’évêque de Hongkong a répondu en invitant les policiers au dialogue : “Une conversation franche ne tourne pas nécessairement à la confrontation et peut se révéler utile pour lever les malentendus a-t-il déclaré, ajoutant que l’idée d’écrire au pape était une bonne idée et que lui aussi avait écrit ce jour-même au pape. “Selon le droit canon, je suis supposé prendre ma retraite l’an prochain, jour pour jour, a expliqué l’évêque, né le 13 janvier 1932. Ma lettre est là pour rappeler au Saint Siège qu’il est nécessaire de se préoccuper de me trouver un successeur. Parfois, le Saint Père invite un évêque en âge de prendre sa retraite à rester une ou deux années supplémentaires à la tête de son diocèse, mais j’ai insisté dans ma lettre pour dire qu’il était temps pour moi de me retirer.” Au sujet du projet de lettre des policiers, il a dit ne pas avoir connaissance de cette lettre. “Je peux ne pas être d’accord avec son contenu, mais je serais très reconnaissant si elle tente de convaincre le Saint Père d’accepter sans délai mon départ à la retraite a-t-il conclu.