Eglises d'Asie

Pékin a pris acte de la désignation de l’évêque de Hongkong comme cardinal

Publié le 18/03/2010




“Nous avons pris note que Joseph Zen a été nommé cardinal par le Vatican a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Liu Jianchao, à Pékin, le 23 février dernier, lors d’un point de presse régulier. Il a ajouté que le gouvernement chinois était informé de la nomination de l’évêque au cardinalat, lorsque la nouvelle a été annoncée à Rome, le 22 février (1). Il a aussi déclaré que l’Eglise catholique prônait avec constance la non-ingérence dans les affaires politiques et que le gouvernement chinois pensait que les catholiques à Hongkong continueront à chérir et défendre la stabilité, le développement et l’harmonie au sein de la société locale. Interrogé sur les relations entre la Chine et le Vatican, il a précisé que la position de la Chine n’avait pas changé.

Selon Kwun Ping-hing, expert des questions relatives à l’Eglise catholique en Chine, basé à Hong-kong, le ton utilisé par le gouvernement chinois pour accueillir la nouvelle de l’accession au cardinalat de l’évêque de Hongkong est “neutre dans la mesure où aucun message de félicitations n’a été émis. Etant donné le fait que Hongkong est placé sous le drapeau chinois, le gouvernement ne pouvait pas ne pas ignorer la nouvelle, mais Pékin garde toute liberté pour faire évoluer le ton de ses déclarations en fonction de la tournure que prendront les événements à venir, a encore estimé Kwun Ping-hing.

Toujours à Pékin, mais cette fois-ci de la part de l’Association patriotique des catholiques chinois, Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association, a estimé, le 23 février, que la nomination de Mgr Zen témoignait du souci porté par le pape à la Chine. Il a aussi ajouté que l’Eglise de Chine espérait que le cardinal Zen “rendra à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu conformément aux Ecritures, ce qui renforcera la prospérité et la stabilité de Hongkong et contribuera à améliorer les relations sino-vaticanes. Quant à l’éventuelle contribution du nouveau cardinal à la normalisation des relations diplomatiques entre Pékin et le Saint-Siège, cela “dépendra de la manière dont il agit à l’avenir a ajouté le responsable catholique.

Anthony Liu Bainian a aussi déclaré que les relations entre l’Eglise catholique de Chine et l’Eglise catholique de Hongkong – “deux Eglises sours a-t-il dit – étaient placées sous le triple principe de la non-ingérence, de la non-subordination et du respect mutuel, principe inscrit dans la Loi fondamentale qui régit le fonctionnement des institutions politiques à Hongkong depuis la rétrocession de 1997. Tout en notant que certains catholiques sur le continent considéraient que la nomination de Mgr Zen obéissait à “des considérations politiques” de la part du Vatican et ne serait pas nécessairement bénéfique aux relations sino-vaticanes, Liu Bainian a précisé que l’Association patriotique et la Conférence épiscopale ne s’étaient pas prononcées quant à une prochaine invitation du cardinal à Pékin. Il a seulement noté que plus il y aurait de cardinaux en Chine, mieux cela serait.

A Hongkong, Mgr Zen a commenté sa nomination comme étant le reflet du profond souci du pape Benoît XVI pour la Chine. Une fois les relations entre le Saint-Siège et la Chine normalisées, étant donné la taille de la Chine, il est probable que le pape nommera de nouveaux cardinaux dans ce pays, a-t-il ajouté. Exprimant son espoir de voir cette normalisation intervenir avant les Jeux olympiques de Pékin, en 2008, il a précisé qu’il n’était pas impliqué dans les négociations diplomatiques, du fait que celles-ci se font entre diplomates. Il a aussi ajouté qu’il pensait “que les responsables du Vatican accorderont du prix à notre opinion et à notre expérience quant à la compréhension de l’Eglise de Chine”. Toutefois, avant la question de la normalisation, selon lui, le souci premier du Saint-Siège quant à la Chine a trait à la nomination des évêques pour les sièges vacants du continent (2). “Le pape Benoît m’a nommé (cardinal) sans doute du fait de mon expérience en Chine continentale, plus que pour ce que j’ai fait à Hongkong a-t-il déclaré. Quant aux déclarations du porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Pékin, il a précisé qu’il n’y avait là rien de nouveau, mais qu’elles “ne reflétaient pas nécessairement l’attitude la plus récente des responsables de l’Etat (chinois)”.

Interrogé sur son implication dans les affaires politiques et sociales de Hongkong, Mgr Zen a redit sa conviction selon laquelle le clergé ne doit pas participer au jeu politicien, mais a le devoir de se préoccuper des affaires publiques de la société. Il a ainsi déclaré qu’il continuerait à parler au nom des défavorisés et des sans voix, aussi longtemps qu’il serait évêque de Hongkong. Quant à savoir s’il restera évêque du diocèse après 2007 et son 75e anniversaire, il a répondu que cela dépendait du pape. Il a précisé que son projet d’occuper sa retraite à enseigner dans sa ville natale de Shanghai paraissait s’éloigner.

L’évêque auxiliaire de Hongkong, Mgr John Tong Hon, a, pour sa part, déclaré qu’avec la nomination du nouveau cardinal, il espérait que le Saint-Siège consulte plus et consacre plus de ressources aux questions relatives à l’Eglise en Chine, jusque et y compris les aspects relatifs au dossier des relations sino-vaticanes. Quant à Pékin, l’évêque, âgé de 66 ans, a estimé que les autorités chinoises ne devraient pas créer de problèmes. “Les responsables gouvernementaux sont devenus plus ouverts et pragmatiques a-t-il estimé, anticipant que Pékin aborde le dossier des relations entre le Vatican et la Chine de manière plus positive – même si “les bons conseils (du cardinal Zen) peuvent lui siffler aux oreilles”.