Eglises d'Asie

MYTHES ET MADRASAS

Publié le 18/03/2010




Peu de temps avant que quatre musulmans britanniques, dont trois étaient d’origine pakistanaise, ne se fassent exploser dans le métro londonien le 7 juillet 2005, je circulais au Pakistan, le long de l’Indus, vers Akora Khattack dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest. Là se trouve, bordant l’autoroute d’Islamabad, bondée de camions rugissants, la Haqqania, une des plus radicales des écoles religieuses que l’on appelle madrasa.

De nombreux chefs talibans, dont le mollah Omar, y ont été formés. Si son enseignement a été critiqué pour avoir inspiré la version brutale et ultraconservatrice de la loi islamique mise en pratique par le régime des talibans afghans, on ne trouve à la Haqqania aucune manifestation de honte ou de reniement envers ses anciens pensionnaires. Bien au contraire, le directeur de la madrasa, le mollah Sami ul-Haq, se vante de ce que, lorsque les talibans auront besoin de combattants, il fermera tout simplement sa madrasa et enverra ses élèves au combat. Par bien des aspects, le nom d’Akora Khattack représente tout ce que les responsables américains redoutent dans cette région, un bastion de résistance religieuse, intellectuelle et parfois – sous la forme des talibans – militaire, qui s’oppose à la Pax Americana et à tout ce qu’elle représente.

Une tempête de sable soufflait alors que nous traversions l’Indus, juste au-dessous des remparts de la forteresse d’Attock, qui fut autrefois la grande muraille qui protégeait l’Inde des incursions venant de l’Afghanistan. La route était bordée de peupliers. Au loin se dessinaient les sommets bleutés et déchiquetés comme le dos d’un dragon des Margalla Hills. Un cimetière bordait un côté de la route, avec les oriflammes verts des sépultures flottant dans le vent. A quelques kilomètres au-delà du fleuve se dressait une ligne de bâtiments délabrés, tous construits dans la version moderne grossière de l’architecture moghole. Du linge séchait, pendu aux toits et aux vérandas des maisons-dortoirs et, dans la cour principale, des étudiants déambulaient. Tous étaient des hommes ayant une barbe fournie et portant un turban.

Le mollah Sami se révéla, contre toute attente, un homme soigné et joyeux, contrastant avec le symbole de la haine de l’Occident qu’il incarne aux yeux de certains. Vêtu d’une tunique bleue de coupe vaguement anglaise, sa barbe était soigneusement coupée et teintée au henné. Son visage était buriné avec un nez très fort et des rides malicieuses au coin des yeux. Je fus introduit dans son bureau et présenté à sa petite-fille de 2 ans qui jouait avec un ballon jaune gonflé à l’hélium. Je remarquais qu’on ne voyait pas beaucoup de trace des tourments que la Haqqania endurait à la suite de la décision du président Pervez Musharraf de fermer les centres de radicalisme. Le visage de Sami s’éclaira : “C’est seulement pour les Américains, dit-il en riant joyeusement. C’est juste une déclaration pour les journaux. Il ne s’est rien passé.”

– “Ainsi, demandais-je, ne trouvez pas l’atmosphère plutôt lourde en ce moment ?”

“Notre position est forte, répondit Sami. Le président George W. Bush a réveillé le monde arabe dans sa totalité. Nous lui en sommes reconnaissants.” Le sourire de Sami s’épanouit : “Notre travail est de propager l’idéologie islamique. Nous donnons gratuitement de l’éducation, nous donnons gratuitement des vêtements et des livres. Nous allons même jusqu’à donner des logements gratuits. Nous sommes les seuls à éduquer les pauvres.” Sami s’arrêta et son sourire disparut : “Les gens sont tellement désespérés. Ils en ont assez des vieilles pratiques du Pakistan avec ses partis politiques et son armée. La corruption est si grande. Musharraf ne fait la guerre qu’aux musulmans et obéit servilement aux injonctions de l’Occident. Le peuple pakistanais ne l’intéresse pas. Tout le monde recherche maintenant une réponse dans l’islam – et nous pouvons aider à la donner. Seul notre système islamique procure la justice.”

Pour le meilleur et pour le pire, ce changement des mentalités que Sami ul-Haq introduit depuis sa madrasa à Akora Khattack est en train de se développer dans tout le Pakistan. Un rapport du ministère de l’Intérieur après le 11 septembre révéla qu’il y avait aujourd’hui dans le pays vingt-sept fois plus de madrasas qu’en 1947 : leur nombre a bondi de 245 au temps de l’indépendance, à 6 870 en 2001 (1).

Un nombre significatif de ces écoles est dirigé ou dépend des partis politiques radicaux islamiques comme le MMM, qui, sous la vice-présidence de Sami ul-Haq, a imposé un régime de style taliban à la Province de la Frontière du Nord-Ouest du Pakistan. Ce régime bannit les représentations musicales publiques et toute image du corps humain. La seule exception en est bizarrement la photo du colonel Sanders à l’extérieur du nouveau restaurant KFC à Peshawar. Sans doute parce que le colonel arbore une barbe tout à fait islamique, l’a-t-on épargné.

Les partis politiques islamiques sont parfaitement explicites sur les bénéfices qu’ils peuvent tirer du contrôle des lieux d’enseignement. Ainsi, le quartier général du Jamaat-e-islami à Lahore, se double d’une madrasa où 200 étudiants reçoivent une éducation coranique très orientée politiquement. En m’y rendant cet été, j’ai rencontré un mollah qui prêchait sur le thème de l’obéissance de Musharraf aux consignes américaines et son souhait d’abandonner les talibans. Un porte-parole du parti m’a dit fort clairement : « La transformation politique qu’apportent nos madrasas a un impact formidable sur l’avenir du Pakistan. Le récent succès des partis islamiques est dû pour une grande part au travail que nous faisons dans nos madrasas.”

Dans tout le Pakistan, le sentiment religieux a été radicalisé de façon parallèle : l’islam tolérant, du type barelvi, inspiré par le soufisme, est aujourd’hui passé de mode au Pakistan et complètement dépassé par les lignes dures et politisées des mouvements réformateurs radicaux du type deobandis, wahhabites et salafistes.

La multiplication rapide du nombre des madrasas a commencé avec le général Zia ul-Haq, au temps du djihad afghan dans les années 1980, largement financé par les Saoudiens. Bien que quelques-unes des madrasas, qui ont alors été ouvertes, n’aient été que de simples salles ajoutées aux mosquées des villages, d’autres sont devenues de véritables institutions : Da ul-Uloom au Baloutchistan, par exemple, reçoit annuellement 1 500 pensionnaires et 1 000 externes. En tout, il y aurait au moins 800 000 étudiants dans les madrasas du Pakistan : un système d’éducation islamique gratuit qui court-circuite le système d’Etat, moribond.

Seulement 1,8 % du produit national brut est affecté par le gouvernement aux écoles. Le résultat est que 15 % de ces écoles n’ont pas de bâtiment, 40 % n’ont pas d’eau et 71 % n’ont pas l’électricité. L’absentéisme des enseignants est élevé. En fait, beaucoup de ces écoles n’existent que sur le papier. L’année dernière quand Imran Khan, qui a été capitaine de l’équipe de cricket, s’est mis à faire de la politique, il a enquêté sur les écoles gouvernementales de sa région et a découvert que 20 % de celles qui existaient sur les documents officiels n’existaient pas et que 70 % d’entre elles étaient fermées quasiment en permanence.

Dans le domaine de l’éducation, le Pakistan est loin derrière l’Inde, où 65 % de la population sait lire et écrire et où cette proportion croît chaque année. Dans le nouveau budget, l’éducation nationale indienne a bénéficié d’un accroissement de budget important. Au Pakistan, seulement 42 % de la population sait lire et écrire et cette proportion tend à diminuer. Au lieu d’investir dans le domaine de l’éducation, le gouvernement militaire pakistanais équipe l’armée de l’air d’une nouvelle flotte de F-16 américains. Le quasi effondrement de l’éducation nationale signifie que beaucoup de villageois qui souhaitent donner un espoir d’avancement à leurs enfants, n’ont d’autre choix que le système des madrasas, où leur est garantie une éducation certes très traditionnelle, mais entièrement gratuite.

La prépondérance des madrasas aujourd’hui dans le système éducatif est sans doute particulière, mais la tendance générale est la même partout dans le monde islamique. En Egypte, le nombre des instituts dépendant de l’université islamique d’al-Azhar est passé de 1 855 en 1986 à 4 314 dix ans plus tard. Les Saoudiens ont accru leur financement de telle sorte qu’en Tanzanie, ils dépensent un million de dollars par an pour construire de nouvelles madrasas. Au Mali, les madrasas comptent le quart des enfants en école primaire (2).

Dans un plus large contexte, Sami ul-Haq et ses madrasas posent un nombre important de questions : dans quelle mesure ces écoles ont-elles été à l’origine des problèmes qui ont culminé avec les attaques islamiques du 11 septembre ? Les madrasas ne sont-elles que des usines à fabriquer des terroristes ? L’Occident ne devrait-il pas faire pression sur les clients des Etats-Unis, que sont le Pakistan et l’Egypte pour qu’ils les ferment purement et simplement ?

Dans le climat de panique qui a succédé aux attentats islamistes contre les Etats-Unis, les réponses à ces questions semblent aller de soi. L’ancien secrétaire d’Etat, Colin Powell et le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, qui étaient connus pour ne pas partager la même vision en politique étrangère, n’avaient en commun qu’une chose : la menace que représentaient les madrasas. En 2003, Donald Rumsfeld posa la question suivante : “Chaque jour, capturons-nous, tuons-nous ou dissuadons-nous davantage de terroristes que n’en recrutent le clergé radical et les madrasas pour les former et les utiliser contre nous ?” Un an plus tard, Powell décrivait les madrasas comme “un nid de fondamentalistes et de terroristes 

Quand on apprit que trois des quatre Britanniques musulmans qui allaient se faire sauter avec leurs bombes avaient fait un séjour au Pakistan, l’année avant l’attaque du 7 juillet 2005, les médias britanniques ont rapidement emboîté le pas de l’opinion américaine sur les madrasas en traduisant, comme le fit le Sunday Telegraph, le mot arabe madrasa par “centre de formation” terroriste, alors qu’il signifie simplement “centre éducatif”. Le Daily Mirror affirmait de son côté avec assurance que les trois terroristes avaient été enrôlés au Pakistan dans des “écoles de terreur”.

En fait, il n’est pas encore certain que ces trois terroristes aient fréquenté une madrasa, lors de leur séjour au Pakistan : l’idée des madrasas a ressurgi parce qu’ils ont dit à leurs familles qu’ils allaient au Pakistan poursuivre leur formation religieuse, exactement de la même manière qu’ils ont affirmé qu’ils allaient à une conférence religieuse quand ils sont partis pour faire sauter les bombes à Londres.

Selon des sources proches du bureau du Premier ministre à Downing Street, il n’existe aucune preuve de leur visite à une madrasa dans leur voyage, et encore moins de traces qu’une madrasa ait été responsable d’un lavage de cerveau du trio, comme les médias britanniques l’ont supposé après l’attaque. Par contre, il est beaucoup plus certain qu’ils aient subi l’influence radicale de la littérature islamiste et des vidéos obtenues derrière le comptoir de leur librairie du Yorkshire. Et maintenant qu’il est quasiment certain que ce groupe ait eu des contacts avec al-Qaida au Pakistan, il n’y a pas de raison de penser que ce sont les madrasas qui ont servi de lien.

Dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres, les liens entre les madrasas et le terrorisme international ne sont certainement pas aussi simples et de nouvelles études qui viennent d’être publiées remettent en cause l’idée très répandue, mais intellectuellement contestable selon laquelle les madrasas ne seraient rien d’autre que des centres d’entraînement -Qaida.

Il est certes exact que beaucoup de madrasas sont fondamentalistes dans leur approche des écritures et que beaucoup adhèrent aux courants les plus durs de la pensée islamique. Peu font l’effort de préparer leurs étudiants à s’intégrer dans une société moderne et pluraliste. Il est également vrai que certaines madrasas peuvent être directement liées au radicalisme islamique et à des explosions occasionnelles de violences.

De même qu’il existe des yeshivas [écoles religieuses juives, NDLR] dans les colonies de la Cisjordanie réputées pour leurs violences contre les Palestiniens, des monastères serbes qui ont abrité des criminels de guerre après la paix en Bosnie, on estime que près de 15 % des madrasas du Pakistan prêchent un djihad violent et que quelques-unes seulement dispenseraient une formation militaire clandestine. Des étudiants de madrasa ont pris part au djihad en Afghanistan et au Cachemire et ont été à de nombreuses reprises impliqués dans des actes de violence sectaire, notamment contre la minorité chiite de Karachi.

Toutefois, il est apparu très clairement que la production de chair à canon pour les talibans et l’instruction donnée à des voyous de sectes locales n’avaient rien à voir avec la formation technique de terroristes -Qaida qui ont mené des attaques hautement sophistiquées contre Cole, les ambassades américaines en Afrique de l’Est, le World Trade Center ou le métro londonien. En effet, nombre d’études récentes ont souligné la nécessité de distinguer les diplômés des madrasas – qui sont, le plus souvent, de pieux villageois issus de milieux très pauvres et ont peu de connaissances techniques – des salafistes djihadistes, cosmopolite et issus des classes moyennes, qui planifient les opérations -Qaida dans le monde. La plupart de ces hommes possèdent un bagage technique et social sérieux. Ni Oussama Ben Laden, ni aucun des hommes qui ont dirigé les attaques islamiques contre les Etats-Unis n’ont été formés dans une madrasa, ni ne peuvent être qualifiés , c’est-à-dire faisant partie du clergé.

Les hommes qui ont monté et réalisé les attaques du 11 septembre ont souvent été décrits par la presse comme des “fanatiques moyenâgeux Il serait plus exact de dire que ce sont des professionnels hautement éduqués mais politiquement confus. Mohammed Attah était un architecte, Ayman al-Zawahiri, le chef d’état-major de Ben Laden, était chirurgien spécialisé en pédiatrie, Ziad Jarrah, un des fondateurs de la cellule de Hambourg, étudiant en chirurgie dentaire avant de se tourner vers l’aéronautique ; Omar Sheikh, le ravisseur de Daniel Pearl, était diplômé de la London School of Economics.

Comme l’explique le chercheur français Gilles Kepel, la nouvelle génération de djihadistes cosmopolites ne sortent pas des taudis du tiers monde, mais sont plutôt “les fils comblés du mariage impossible entre le wahhabisme et la Silicon Valley, qu’al Zawahiri a visitée dans les années 1990. Ils sont non seulement les héritiers du djihad et de , mais également ceux de la révolution électronique et de la mondialisation du style américain.”

C’est également la conclusion à laquelle parvient l’analyse la plus sophistiquée du djihadisme international qui ait été publiée à ce jour : Understanding Terror Networks, réalisée par un ancien agent de la CIA, Marc Sageman. Il a étudié la vie de 172 terroristes liés à al-Qaida et ses conclusions ont bouleversé beaucoup d’idées préconçues sur l’origine des groupes qui rejoignaient le djihad : deux tiers de ces terroristes sont issus de la classe moyenne et ont reçu une éducation universitaire : ce sont généralement des cadres, spécialisés en technologie, et dont quelques-uns sont titulaires d’un doctorat. Ce ne sont pas de “jeunes écervelés” : leur moyenne d’âge est de 26 ans, et la plupart sont mariés et ont des enfants. Seuls deux d’entre eux souffrent de problèmes mentaux. Même les idéologues qui les influencent ne font pas partie du clergé : Sayyid Qutb, par exemple, était journaliste. Le terrorisme islamique, comme les terrorismes chrétien et juif avant lui, est essentiellement une activité bourgeoise.

Peter Bergen de l’université de recherche John Hopkins est également parvenu à des conclusions similaires dans une étude concernant 75 terroristes impliqués dans des attaques contre l’Occident. Selon lui, “53 % des terroristes détenaient un diplôme universitaire, contre 52 % des Américains» (4). Compte tenu de cette situation, il n’est pas surprenant que les terroristes britanniques aient suivi des cours à l’université, ni même que l’un d’eux ait pu rouler en Mercedes.

Certes, il existe plusieurs diplômés de madrasas radicales impliqués avec al-Qaida : Maulana Masood Ashar, par exemple, chef du groupe djihadiste Jaish-e-Muhammed et associé direct de Ben Laden a fait ses études dans la madrasa ultra militante de Binori Town à Karachi. Un élève ayant abandonné ses études dans une autre madrasa a participé à l’attaque du convoi contre le président Musharraf en 2003. En Indonésie, l’attentat de Bali a été commandité par le groupe Lashar-i-Djihad, issu en partie de madrasas salafistes en Indonésie.

De manière générale, les étudiants des madrasas n’ont pas le savoir-faire technique requis pour mener à bien des attentats sophistiqués, comme al-Qaida en a récemment organisé ces dernières années. Les préoccupations des étudiants de madrasas demeurent plus traditionnelles : accomplir convenablement les rites, se laver correctement avant les prières, veiller à la longueur appropriée de sa barbe. Tous ces principes font partie du cursus des études coraniques dans les madrasas. Les diplômés sont également attentifs à ne pas s’adonner à ce qu’ils considèrent comme des pratiques non islamiques : adoration des tombeaux de saints, assistance aux lamentations chiites – appelées marsiyas – durant les commémorations de la mort d’Ali, gendre du Prophète, à la bataille de Kerbala (5).

En d’autres termes, leur but n’est pas de s’opposer à l’Occident ou aux non-musulmans – préoccupation majeure des djihadistes transnationaux – mais bel et bien de respecter ce qu’ils considèrent comme étant le comportement islamique correct chez eux, réglé par cette loi personnelle qui les gouverne, sujet central de l’enseignement des madrasas. En revanche, la plupart des agents -Qaida ne semblent avoir que des notions rudimentaires de la loi et du savoir islamiques. De plus, un certain nombre d’indices suggèrent que Ben Laden méprise ce qu’il considère comme une approche juridique et tatillonne des oulémas (des clercs) issus des madrasas, et qu’il considère son propre islam violent comme une réponse plus appropriée aux problèmes du monde musulman.

L’illustration en a été donnée lorsque, peu après le 11 septembre, Ben Laden expliqua à un groupe de visiteurs saoudiens que « les jeunes qui ont mené ces opérations n’acceptaient aucun fiqh (école de loi coranique), sinon celui apporté par le Prophète Mahomet.” C’est enfoncer une porte ouverte que de parler de l’indifférence que montre Ben Laden vis-à-vis de la formation juridique et des structures traditionnelles de l’autorité islamique. Les pirates de l’air, sous-entend-t-il, ont préféré agir concrètement, plutôt que de rester assis à discuter des textes de loi. Il se présente ainsi comme celui qui défie les madrasas et les oulémas en court-circuitant les modes traditionnels d’enseignement religieux et en allant puiser directement son inspiration dans le Coran.

Un examen brillant de l’usurpation par Ben Laden du rôle des oulémas formés dans les madrasas se trouve dans l’essai Landscape of the Jihad (‘Aperçu du djihad’) de Faisal Devji, enseignant à la New School of Social Research de New York. Devji fait ressortir le caractère profondément non orthodoxe de Ben Laden, avec son culte des martyrs et ses allusions fréquentes à ses rêves et à ses visions, autant de sujets qui dérivent directement des traditions populaires et mystiques, et de l’islam chiite, contre lesquels les oulémas orthodoxes Sunnites luttent depuis toujours. De plus, Ben Laden et ses fidèles “critiquent continuellement les clercs les plus vénérables, les accusant d’être les esclaves de régimes apostats ( …). Ils donnent également leur propres interprétations juridiques ou fatwas, sans posséder ni les connaissances, ni l’autorité religieuse requises 

Tout ceci montre parfaitement l’absence de réflexion dans le débat actuel concernant Ben Laden. On nous répète inlassablement que le terrorisme a son origine dans la pauvreté et l’éducation coranique donnée par les madrasas. On affirme que les jeunes qui se livrent à ces activités sont des fous démoniaques qui haïssent “nos” richesses et “nos” libertés et qu’aucune discussion ne sera possible parce qu’ils “veulent nous balayer” (comme l’a dit un ministre britannique à la BBC après les attentats de Londres, le 7 juillet 2005). Que l’hostilité des islamistes puisse avoir un lien avec la politique étrangère américaine au Proche-Orient, et en particulier après les interventions anglo-américaines en Irak et en Afghanistan est systématiquement nié, malgré une vidéo, où Zawahiri et Mohamed Sidique Khan, un des terroristes londoniens, expriment le contraire (6).

En réalité, les agents -Qaida sont très bien éduqués et leurs objectifs sont explicitement politiques. Sur ce point, Ben Laden, dans ses nombreux communiqués, n’a jamais été ambigu. Comme il le faisait remarquer dans une cassette diffusée précisément lors des dernières élections législatives américaines, si al-Qaida avait été contre la liberté, il se serait attaqué à la Suède. Les hommes qui ont monté les attaques du 11 septembre n’étaient pas des produits du système d’éducation islamique traditionnel, même dans sa forme la plus radicale. Ils étaient, bien au contraire des diplômés d’institutions de type occidental. Ils n’étaient pas du tout les protégés des mollahs.

Un débat obscurci

Le débat sur les prétendus liens entre les madrasas et le terrorisme a eu tendance à obscurcir à la fois la longue histoire des madrasas et les différences existant entre elles. Tout au long de l’histoire de l’islam, les madrasas ont été la plus grande source du savoir religieux et scientifique, au même titre que les écoles et les universités religieuses d’Europe. Entre le VIIe et le XIIe siècle, les madrasas ont produit de grands penseurs, tels Alberuni, Ibn Sina et al-Khwarizmi. Elles ont également produit le poète le plus vendu en Amérique dans les années 1990, Jalaludin Rumi, mystique et poète de l’amour et du désir, mollah Sufi du XIIIe siècle qui a été formé – ce qu’on oublie souvent – comme juriste musulman et a enseigné toute sa vie la charia dans une madrasa à Konya. Il est vrai que Rumi avait rejeté la rigidité de la pensée et de la spiritualité caractéristiques des oulémas de son temps, mais il l’avait fait de l’intérieur, en tant que membre du système.

Rien de tout cela ne doit nous surprendre. Dans tout le Coran, il n’y a que trois cents versets demandant explicitement aux croyants de prier, alors qu’il en existe trois fois plus invitant les croyants à réfléchir, à s’interroger et à analyser la munificence de Dieu dans la nature, les plantes, les étoiles et tout le système solaire. La plus vieille et la plus grande de toutes les madrasas, l’Université al-Azhar du Caire, est connue pour avoir été l’école la plus sophistiquée du monde méditerranéen dès le début du Moyen Age. En fait, elle était le type même de l’université au sens moderne – un endroit où les étudiants se rassemblaient pour étudier un grand nombre de sujets sous la conduite de nombreux professeurs – et cette innovation est apparue à al-Azhar.

Dans The Rise of Colleges: Institutions of Learning in Islam and the West, George Makdisi a montré que les expressions comme avoir des ‘camarades’, tenir ‘une chaire’, ‘étudier telle matière’ ou obtenir tel ‘diplôme’ pouvaient être retrouvées dans les premières madrasas, de même que des pratiques des séances inaugurales, les argumentaires de défense, les chapeaux à mortier, les pompons et les robes académiques.

Ce fut dans des villes proches de l’Espagne islamique et de la Sicile – Salerne, Naples, Bologne et Montpellier – que les premières universités se sont développées dans la chrétienté, alors même que le premier collège en Europe, celui de Paris était fondé par Jocius de Londoniis, un pèlerin fraîchement arrivé du Moyen-Orient (7). Durant tout le Moyen Age, des universitaires chrétiens, comme Abélard de Bath, ont voyagé dans le monde islamique pour suivre des cours d’études supérieurs donnés dans les madrasas. Alvaro de Cordoba, un mozarabe, un chrétien qui tout en ayant conservé sa religion avait adopté la langue et les coutumes musulmanes, écrivait au XIVe siècle : “Mes compagnons chrétiens savourent les poèmes et les romans arabes. Ils étudient l’ouvre des théologiens et des philosophes musulmans, non pas pour les réfuter, mais bien pour acquérir un style arabe correct et élégant. Où peut-on aujourd’hui trouver un laïque lisant des commentaires latins de l’Ecriture Sainte ? Au simple énoncé de livres chrétiens, ils répliquent dédaigneusement qu’ils ne valent pas leur attention.”

Lorsque les invasions mongoles eurent détruit les instituts et les universités du monde islamique, de nombreux lettrés s’enfuirent à Delhi, transformant le Nord de l’Inde en principal lieu d’enseignement. Aux temps de l’empereur mogol Akbar, au XVIe siècle, les études dans les madrasas indiennes mélangèrent l’enseignement du Moyen Orient islamique avec celui de l’hindouisme indien, si bien que les étudiants musulmans et hindous étudiaient ensemble le Coran (en arabe), la poésie sufi de Sa’adi (en persan) et la philosophie de Vedanta (en sanscrit) en même temps que l’éthique, l’astronomie, la médecine, la logique, l’histoire et les sciences naturelles. Beaucoup des plus brillants penseurs hindous, y compris par exemple le grand réformateur Ram Mohan Roy (1772- 1833) furent les produits de madrasas.

Cependant, à la suite de la perte de confiance en soi du monde islamique qui a accompagné la déposition du dernier empereur mogol, Bahadur Shah Zafar, en 1858, des lettrés désillusionnés fondèrent à cent miles au nord de l’ancienne capitale moghole à Delhi, une madrasa, à la façon wahhabite de Deoband, qui était influente mais avait une vision étroite. Se sentant menacés, les fondateurs de cette madrasa réagirent à contre-courant de ce qu’ils considéraient être des manières dégénérées de l’ancienne élite. La madrasa de Deoband revint donc au Coran et supprima de son enseignement toute matière hindoue ou européenne (8).

Ce sont malheureusement ces madrasas puritaines Deobandi qui se développèrent à travers le Nord de l’Inde et le Pakistan au XXe siècle, et qui bénéficièrent de la protection du général Zia ul-Haq et de ses alliés saoudiens dans les années 1980. Ironiquement, les Américains jouèrent un rôle important dans la préparation des madrasas au djihad en Afghanistan. La CIA a en effet financé, par le biais de Agency for International Development, la confection pour les madrasas, de manuels particulièrement sanguinaires, et “remplis” selon le Washington Post, “d’images violentes et de prescriptions islamiques militantes Sur une page, on peut voir un djihadiste armé d’un fusil, mais dont la tête a été arrachée, accompagné d’un verset du Coran et d’un hommage aux moudjahiddins qui étaient “obéissants à Allah… Ces hommes sacrifieront leurs richesses et leur vie pour imposer la loi islamique.” Quand les talibans prirent le pouvoir, ces manuels furent distribués dans les écoles (9). Au plus fort du djihad afghan, Ronald Reagan aurait fait l’éloge d’étudiants moudjahiddins des madrasas en affirmant qu’ils étaient “l’équivalent moral des Pères fondateurs (de l’Amérique) 

Il est certainement vrai que beaucoup de madrasas au Pakistan dispensent aujourd’hui un enseignement dépassé : certaines enseignent encore la géométrie d’Euclide et la médecine de Galien. L’accent est plutôt mis sur l’apprentissage systématique de versets plutôt que sur l’étude critique du Coran, et on accorde encore un prestige considérable au fait de devenir un hafiz – celui qui connaît le Coran par coeur. Des les madrasas deobandi, on enseigne que le soleil tourne autour de la terre et certaines ont même des sièges réservés pour les esprits islamiques invisibles, les djinns (10). Ce n’est pourtant pas le cas de toutes les madrasas, certaines étant au contraire particulièrement sophistiquées.

A Karachi, la plus grande madrasa est celle de Dar ul-Uloom. Avec ses pelouses verdoyantes, elle tient à la fois de l’hôtel cinq étoiles et d’un campus universitaire haut de gamme. Ses jardins bien arrosés et ses palmiers donnent sur des salles de classe et des salles informatiques, entourées de bibliothèques flambant neuves et de dortoirs.

A l’intérieur, l’atmosphère est sérieuse et studieuse. Les étudiants sont assis sur des tapis, les jambes croisées, lisant le Coran ouvert devant eux sur des petits pupitres en bois. Dans d’autres salles, des étudiants écoutent avec attention de vieux mollahs leur commenter le sens des versets du Coran, des Hadiths, tradition du prophète. Une salle d’informatique est remplie de jeunes hommes barbus qui se débattent avec les mystères de l’ordinateur en se servant des versions ourdoues ou arabes de Microsoft Word et Windows XP. J’ai appris que tous les travaux présentés par les élèves en dernière année sont dactylographiés. Bien sûr, toutes les madrasas ne disposent pas de ces équipements.

A l’époque où Daniel Pearl a été décapité, j’avais pris la précaution d’avertir le consulat britannique de mes déplacements, mais il n’y avait aucune menace à Dar ul-Uloom. Les étudiants étaient presque tous motivés, amicaux et intelligents, sinon très concentrés. Mais quand j’ai demandé à l’un d’entre eux quelle musique il écoutait dans son nouveau lecteur de cassettes, il m’a regardé avec horreur : son lecteur ne lui servait qu’à écouter des sermons. Toute musique était interdite. Aussi puritaine qu’elle soit, Dar ul-Uloom, comme beaucoup de madrasas pakistanaises, rend d’importants services – particulièrement dans un pays où 58 % de la population et 72 % des femmes ne savent ni lire ni écrire – en fait, la moitié de la population n’est jamais entrée à l’intérieur d’une école. Les madrasas sont souvent en retard pour l’enseignement philosophique, mais elles donnent aux pauvres un réel espoir d’avancement social. Pour certaines matières traditionnelles – comme la rhétorique, la logique et la jurisprudence – l’enseignement peut être excellent. Et bien qu’elles aient tendance à être ultraconservatrices, seules quelques-unes sont militantes. Les fermer, sans avoir auparavant lancé un programme de reconstruction de l’éducation national, reviendrait à condamner une part importante de la population à l’ignorance. Et cela reviendrait également à dire aux musulmans qu’ils doivent cesser d’étudier leur religion, ce qui est certainement la meilleure stratégie pour que les esprits musulmans gagnent la guerre.

Il ne faut pas aller loin du Pakistan pour trouver des madrasas qui se sont effectivement heurtées aux problèmes du militantisme et du retard en matière éducative. Car bien que l’Inde ait été à l’origine du foyer des madrasas deobandi, ces institutions n’ont pas produit, en Inde, d’islamistes violents, et sont strictement apolitiques et calmes. En fait, plusieurs grands penseurs modernes indiens – comme l’historien mogol Muzaffar Alam de l’Université de Chicago – sont des diplômés d’une madrasa.

Une étude conséquente sur les madrasas de l’Inde, réalisée par le chercheur hindou Yoginder Sikand, Bastions of the Believers, montre le dynamisme et le modernisme de certaines madrasas. Dans l’Etat du Kerala, dans le sud-ouest de l’Inde, par exemple, Yoginder Sikand a trouvé un groupe d’institutions éducatives dirigé par le Mujahid, un groupe de professionnels et d’hommes d’affaires dont l’ambition est de combler l’écart entre les connaissances modernes et la vision du monde islamique. Le groupe Mujahid se situe à l’avant-garde de l’éducation des femmes au Kerala, et nombre de ses madrasas, comptent plus de filles que de garçons. Les intellectuels du Mujahid ont beaucoup écrit sur les droits de la femme dans une perspective islamique, et Yoginder Sikand cite les propos de Zohra Bi, directrice d’un des collèges du mouvement : “L’islam est réputé à tort pour être une religion qui opprime la femme. Par les efforts de notre école, nous voulons montrer que l’islam encourage l’autonomie des femmes.”

Voilà qui semble confirmer que ce sont moins les madrasas en tant que telles, qui posent problème, que le militantisme et l’endoctrinement que l’on rencontre dans une poignée de centres ultra radicaux bien connus, comme la madrasa de Binori Town à Karachi, où les étudiants apprennent que le “djihadisme” est légitime et noble. Quelques-uns de ses diplômés auraient d’ailleurs été impliqués dans les insurrections en Afghanistan. La question reste cependant de savoir si le gouvernement de Musharraf a la volonté de mener les réformes nécessaires, qui permettraient de reproduire le succès des madrasas en Inde.

Jusque-là, les tentatives de réforme des madrasas les plus militantes du Pakistan ont été faites sans enthousiasme. Immédiatement après les attentats de Londres, il y eut 250 arrestations dans les madrasas pakistanaises et des tentatives pour réduire le nombre des étudiants étrangers assistant aux cours : quelque 1 400 étudiants non pakistanais ont ainsi été expulsés depuis juillet 2005. Quelques déclarations ont également été faites pour normaliser les matières enseignées et inciter les madrasas à aborder des matières et des problèmes modernes.

Néanmoins, les madrasas les plus extrémistes ont été capables de résister au renforcement de ces mesures, qui restent encore très légères. Récemment, un peu moins de la moitié des madrasas du Pakistan ont accompli ce qui leur était demandé, à savoir se faire enregistrer auprès des autorités comme institutions d’enseignement. Aujourd’hui, le gouvernement pakistanais, loin d’avoir trouvé le moyen de prévenir les excès des madrasas les plus radicales, ne connaît même pas le nombre exact des madrasas dans le pays. De plus, l’alliance du gouvernement militaire avec les partis islamistes, qui contrôlent virtuellement deux provinces du Pakistan, empêche le président Musharraf d’agir plus fermement contre les madrasas extrémistes. Le résultat est qu’aucune des madrasas militantes n’a encore été fermée.

Toutefois, de telles madrasas créeront probablement plus de problèmes de sécurité intérieure au Pakistan que dans les capitales occidentales. En cela, et les bombes du 7 juillet dernier à Londres l’ont démontré, il vaudrait mieux suivre de plus près, d’une part la floraison de l’islamisme extrémiste au sein de nos campus, et d’autre part la manière dont les excès de la politique étrangère américaine et britannique nous éloignent de tant de musulmans autrefois modérés, provoquant une recrudescence de violences chez nous comme en terre musulmane.

Notes

(1)Il y a un grand désaccord sur le nombre de madrasas au Pakistan et sur la proportion d’élèves du pays aux quelles elles enseignent. La plupart des sources autorisées admettent que ce nombre s’est considérablement accru ces dernières années et un rapport souvent cité de l’International Crisis Group indiquait en juillet 2002 qu’il pourrait y avoir au Pakistan au moins 10 000 personnes enseignant à plus d’un million et demi d’étudiants. Ces chiffres ont été remis en cause par un rapport de la Banque Mondiale de mars 2005, qui, se basant sur des données du gouvernement, donne des chiffres beaucoup plus faibles et laisserait penser que moins de 1 % des Pakistanais sont éduqués dans des madrasas. Il semble qu’il y ait maintenant une certaine unité de vue sur le fait que l’ICG a légèrement exagéré le problème et que la Banque mondiale l’a considérablement sous-estimé. Un rapport récent de Saleem Ali de l’Université du Vermont avance que la vérité est probablement entre ces deux rapports. Voir Saleem H. Ali, Education islamique et Conflit : Comprendre les Madrasas du Pakistan, un document présenté à l’institut américain de la Paix, 24 juin 2005.

(2)Olivier Roy, Globalised Islam : The Search for a New Ummah, p. 93. Voir aussi l’étude de Max Rodenbeck, The Truth about Djihad, The New York Review, 11 août 2005, qui examine plusieurs autres livres cités dans cet article.

(3)Gilles Kepel, The war for Muslim Minds: Islam and the West, p.112

(4)Peter Bergen, The Madrasa Myth, the New York Times, 14 juin 2005.

(5)Voir Olivier Roy, Has Islamism a Future in Afghanistan? dans Fundamentalism Reborn: Afghanistan and the Taliban, édité par William Maley (New York University Press, 1998). Voir aussi l’excellent ouvrage de Barbara Meltcafe Piety, Persuasion and Politics: Deoband’s Model of Social Activism, dans The Empire and the Crescent: Global Implications for a New American Century, édité par Aftab Ahmad Malik (Amal, 2003), p. 157.

(6)Le 1er septembre, Al Jazeera diffusa une vidéo enregistrée par Mohammed Sidique Khan avant de faire sauter la bombe qu’il portait. Sa déclaration disait textuellement : “Vos gouverne-ments élus démocratiquement perpétuent continuellement des atrocités contre mon peuple dans le monde entier. Le fait que vous les tolériez vous en rend directement responsables, de la même façon que je suis directement responsable de la protection et de la vengeance de mes frères et soeurs musulmans. Jusqu’à ce que nous nous sentions en sécurité, vous serez nos cibles. Et jusqu’à ce que vous cessiez les bombardements, les emprison-nements et la torture que subit mon peuple, nous n’arrêterons pas ce combat. Nous sommes en guerre.”

(7)George Makdisi, The Rise of Colleges: Institutions of Learning in Islam and the West. (Edinburgh University Press, 1981).

(8)Les Déobandis ont fait l’objet d’une excellente étude dans l’ouvrage de Barbara Daly Metcalf, Islamic Revival in British India: Deoband, 1860 – 1900 (Princeton University Press, 1982). Voir aussi Jamal Malik, Colonisation of Islam: Dissolution of Traditional Institutions in Pakistan (New Delhi, Manohar, 1988).

(9)Il y a un compte rendu complet de ces textes sur le site Internet du Washington Post, réalisé par Joe Stephens et David B. Ottaway, From US, the ABC’s of Jihad, 23 mars 2002 à www.washigtonpost.com/ac2/wp-dyn/A5339-2002Mar22

(10)Voir le magnifique débat dans le récent ouvrage de Yoginder Sikand, Bastions of the Believers: Madrasas and Islamic Education in India.