Eglises d'Asie

Les écoles catholiques s’interrogent sur le bien-fondé d’une décision gouvernementale visant à installer des distributeurs de préservatifs dans les établissements scolaires

Publié le 18/03/2010




En janvier dernier, le ministre de la Santé, Pinit Jarusombat, a déclaré que ses services envisageaient d’installer des distributeurs de préservatifs dans l’enceinte des établissements scolaires. Selon la presse locale, il a mis en avant le fait qu’une telle mesure s’inscrirait dans la lutte contre l’expansion de la pandémie de sida et la prévention des grossesses non désirées chez les jeunes filles. Son homologue de l’Education nationale, Chaturon Chaisaeng, a apporté son soutien à cette initiative, mais a toutefois précisé qu’elle devait s’accompagner d’un programme d’éducation sexuelle et d’information quant aux modes de transmission du virus du sida. Dans l’archidiocèse de Bangkok, qui gère un certain nombre d’établissements scolaires, la nouvelle n’a pas été bien accueillie, les responsables de l’éducation catholique s’interrogeant sur son bien-fondé (1).

Selon le P. Prasert Trakavesama, du Bureau pour l’Education de l’archidiocèse de Bangkok, il n’est pas possible de promouvoir une politique consistant à dire que les jeunes qui s’engagent dans une relation sexuelle doivent le faire en sachant se protéger. Cette idée ne fait qu’“encourager la promiscuité sexuelle chez les élèves affirme-t-il, ajoutant qu’à son sens, l’Education nationale devrait se consacrer à transmettre des valeurs morales, à promouvoir les droits des femmes et inciter les jeunes à se montrer fidèles aux prescriptions de leur religion, plutôt qu’à introduire “les préservatifs à l’école”. Le P. Potjanart Niramoltinvong, du même bureau, souligne que le préservatif n’est pas “une méthode efficace pour contenir la pandémie de sida et prévenir les grossesses chez les adolescentes”. Mettre des préservatifs à la disposition des lycéens ne fait que repousser le problème, estime-t-il.

Interrogées par l’agence Ucanews, des jeunes scolarisés dans des écoles catholiques ont dit ce qu’ils pensaient de la suggestion du ministère de la Santé. Jirapit Kanitthanan, élève en seconde au lycée de l’Assomption, estime ainsi qu’introduire les préservatifs dans les collèges et lycées pose un problème étant donné la grande variété des âges des élèves, âgés de 12 à 18 ans : le fait que le préservatif soit disponible dans les établissements donnerait aux plus jeunes et aux plus impressionnables d’entre eux l’idée que “le sexe facile est une bonne chose Chercher à prévenir la pandémie de sida est une bonne chose, explique-t-il, mais cela doit se faire avec “à-propos et décence”. Selon Pawin Rojanavisas, élève de première au sein du même lycée, l’installation de distributeur dans les établissements ne changerait pas grand-chose, étant donné que les élèves peuvent en acheter sans difficulté dans n’importe quel commerce. Enfin, pour Piyachat Bunnavidhayakit, élève de première à l’Ecole Pha Mae Marie Sathon, les distributeurs de préservatifs ont “davantage à voir avec le commerce qu’avec une réelle politique de prévention” ; elle estime que le ministère de l’Education devrait davantage viser à promouvoir l’information quant au virus et à la maladie.

D’après Thongching Yimyuan, coordinatrice de la Commission catholique pour les femmes, les études menées en Thaïlande sur le rôle des enseignants dans la prévention et la solution des problèmes liés aux relations sexuelles avant le mariage parmi les collégiens et les lycéens de Bangkok, montrent que le facteur central réside dans le message donné par les professeurs, qui passe d’autant mieux s’il est relayé au sein des familles.