Eglises d'Asie – Cambodge
L’inauguration d’une extension d’un lycée et d’un centre pour malades du sida témoigne de l’enracinement de l’Eglise catholique dans le sud du pays
Publié le 18/03/2010
Aux jeunes du village et aux lycéens, Mgr Pennacchio a dit son admiration : « J’admire votre foi parce que vous devez la témoigner parfois dans des conditions difficiles. Il faut toujours être fier de cette foi, que la plupart d’entre vous avez accueillie comme un choix de vie et non pas comme un héritage familial. » Après avoir salué les quelque trente catéchumènes, le nonce, accompagné de Mgr Destombes, a béni le nouveau bâtiment du lycée professionnel ainsi qu’une statue de Saint-François.
Le lycée Saint-François a été fondé par le P. Olivier Schmitthaeusler, des Missions Etrangères de Paris, en octobre 2003 pour aider les jeunes de Chomkartieng, situé au milieu des rizières, à poursuivre des études secondaires tout en suivant une formation professionnelle dans les domaines de l’agriculture, du secrétariat et du tissage de la soie. Les élèves sont au nombre de cent, accompagnés par huit professeurs pour l’enseignement général et six pour l’enseignement technique. C’est l’augmentation du nombre des élèves qui a rendu nécessaire la construction d’une extension et, signe de la satisfaction des autorités de l’Etat pour le travail accompli, celles-ci étaient présentes lors de l’inauguration. Outre le gouverneur de la province et différents responsables administratifs locaux, deux ministres avaient fait le déplacement depuis Phnom Penh, celui de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche et celui des Postes et Télécommunications.
Le lendemain, 27 février, le nonce et Mgr Destombes se sont rendus à une vingtaine de kilomètres au sud de Kampot, dans les collines du Phnom Voah, où ils ont inauguré le « Centre Jean-Paul II pour la vie ». Il y a quatre ans, en 2002, près de deux cents malades du sida vivaient là, isolés de tout, attirés par un médecin traditionnel khmer qui avait vu en songe la formule d’une tisane miracle. Selon le P. Schmitthaeusler, « ils se sentaient mieux en buvant ces herbes et racines, et, surtout, ils se sentaient mieux, car ils pouvaient parler de leur maladie sans avoir honte ou être rejetés ». En 2003, raconte le missionnaire, les conditions de vie y étaient misérables : huttes de paille, sanitaires inexistants, pas d’hygiène, pas de soins. Et puis ils sont rentrés chez eux car la tisane ne les guérissait pas. Il en restait seulement douze en octobre 2004, exclus de la société. « Il fallait faire quelque chose pour eux. Je les ai emmenés en consultation chez Médecins Sans Frontières, à une soixantaine de kilomètres. Et le rythme a été pris : consultation mensuelle, visite hebdomadaire pour apporter riz et nourriture, trithérapie se rappelle le prêtre. En juin 2005, une tempête détruit leurs cabanes de paille. Grâce à l’aide d’amis de France et du Japon, des maisons en briques ont pu être construites ainsi que des sanitaires en dur. Les sidéens ont appris à planter des mûriers et deux d’entre eux ont suivi une session de formation sur l’élevage des vers à soie. « La vie a gagné conclut le P. Schmitthaeusler, heureux d’avoir pu acheter cinq hectares de terrain pour les dix familles (18 adultes et 21 enfants) qui vivent là et ont repris espoir. Tous les enfants – sauf quatre – sont scolarisés dans la petite école rudimentaire, installée à côté de leurs maisons. Ils ont entre 5 et 12 ans, mais étudient tous au CP, car ils ne sont jamais allés à l’école auparavant. Parmi eux, il y a deux malades du sida, les autres n’ont pas contracté la maladie.
Avec un grand sourire, Phan Sovann, 35 ans, atteinte du sida depuis 1994, remercie le missionnaire : « Je remercie vraiment le P. Olivier pour l’aide qu’il apporte à ma famille et à moi-même. Mes enfants peuvent aller à l’école, j’espère que ça va les aider pour leur avenir. Je ne suis plus inquiète pour eux. Je me sens pleine d’espoir et de joie. Avant que je vienne ici, j’étais désespérée, je ne savais que faire pour aider mes enfants, j’attendais le jour de ma mort. Je ne savais pas qui allait s’occuper d’eux après ma mort, mes proches ne voulaient ni de moi, ni de mes enfants, ils avaient peur que je leur transmette le virus du sida. J’avais pitié de mes enfants qui ne comprenaient pas, et personne ne voulait jouer avec eux. »
Ce 27 février, le vice-gouverneur de la ville de Kep a remercié l’Eglise catholique pour l’aide apportée aux exclus de la société (1).