Eglises d'Asie

Après un nouvel accès de violences entre musulmans, les forces de l’ordre ont été placées en état d’alerte à Karachi

Publié le 18/03/2010




L’armée et la police ont été placées en état d’alerte le 12 avril dernier, à Karachi, la mégalopole du sud du Pakistan, au lendemain de la mort d’au moins 57 personnes lors du pire attentat à la bombe commis au Pakistan depuis près de vingt ans. Alors que s’organisaient les funérailles des victimes, et notamment celles des leaders musulmans sunnites tués par l’explosion lors d’une cérémonie rassemblant des milliers de fidèles, la police tentait d’identifier le présumé kamikaze qui s’est fait exploser près de l’estrade où siégeaient les leaders. « L’armée est en alerte et peut être mobilisée en quelques minutes en cas de troubles a affirmé à Salahuddin Haider, porte-parole du gouvernement de la province du Sind dont Karachi est la capitale (1).

« Nous avons pris toutes les mesures de sécurité nécessaires pour les funérailles et nous appelons les gens à rester calmes et pacifiques a ajouté le porte-parole craignant que cet attentat ne relance un nouveau cycle de violences entre les communautés sunnite et chiite. Trois stations-service et des dizaines de véhicules ont été incendiés dans les heures qui ont suivi l’attentat par la foule en colère. Les écoles et de nombreux magasins ont fermé le 12 avril, alors que Karachi se préparait à trois jours de deuil officiel. Selon les autorités, quelque 20 000 personnes sont attendues pour les funérailles d’Abbas Qadri, chef du parti sunnite modéré Tehrik Ahle Sunna, tué dans l’attentat. Son adjoint Akram Qadri et le porte-parole du parti Iftikhar Bhatti ont également été tués. Les funérailles de deux autres leaders sunnites, Hafiz Mohammed Taqi et Hanif Billo, et d’autres victimes se sont déroulées le 12 avril au matin sans incident.

Selon le chef de la police criminelle de Karachi, Mansoor Mughal, il n’y avait apparemment qu’un seul kamikaze, alors que le porte-parole provincial avait évoqué la possibilité de deux agresseurs suicide. « Nous soupçonnons qu’il n’y avait qu’un kamikaze, dont nous essayons d’identifier la tête. Il avait une barbe. Personne n’est venu réclamer son corps a assuré Mansoor Mughal.

Les violences entre sunnites (75% des 150 millions de Pakistanais, musulmans à 97%) et chiites (20 % de la population) ont fait plus de 4 000 morts depuis le début des années 1990 au Pakistan, notamment à Karachi. Au mois d’octobre 2004, une flambée de violences interconfessionnelles avait ainsi fait près de 80 morts (2). Plusieurs groupes extrémistes sunnites sont coutumiers des violences contre les chiites et, selon les autorités, entretiennent des relations mouvantes avec le réseau Al Qaida. Mais le mouvement Tehrik Ahle Sunna, cible de l’attentat, entretient également des relations conflictuelles avec divers groupes politiques laïques et des groupes sunnites radicaux pro-talibans. Quelque vingt-cinq responsables du Tehrik Ahle Sunna ont été tués depuis le début de l’année 2005. Son précédent président, Salim Qadri, et quatre de ses proches avaient été abattus par balles à Karachi en 2001.

L’attentat de mardi est le pire au Pakistan depuis une double explosion qui avait tué 70 personnes en 1987 à Karachi. Les autorités en avaient alors accusé des agents afghans agissant avec le soutien des occupants soviétiques de l’Afghanistan.

Au lendemain de l’attentat, l’archevêque de Karachi, Mgr Evaristo Pinto, a assuré les familles des victimes de « la sympathie » de la communauté catholique de la ville. Il a aussi ajouté qu’il souhaitait « assurer les habitants de Karachi que [les catholiques] sont avec eux pour apporter la réconciliation, l’harmonie et l’unité ».