Eglises d'Asie

Des études révèlent qu’une forte proportion de femmes catholiques sont maltraitées par leur mari

Publié le 18/03/2010




Interrogées pour une étude sur les femmes catholiques de Thaïlande, plus de la moitié des femmes mariées ont déclaré avoir été maltraitées par leur mari. Saowanit Nitananchai, secrétaire général de la Commission catholique de la condition féminine, a précisé que, pour son enquête, elle avait interrogé 1 200 femmes catholiques mariées, issues principalement de deux communautés, l’une dans la grande banlieue de Bangkok et l’autre dans le diocèse de Tharae-Nongsaeng, au nord-est du pays.

Saowanit Nitananchai s’est dit choquée de découvrir que plus de la moitié des femmes interrogées disaient avoir été maltraitées par leur mari au moins une fois : “Elles avaient été frappées à coups de pied, étranglées et battues, quelques-unes brûlées avec des cigarettes. C’est un problème grave pour l’Eglise catholique de Thaïlande explique-t-elle. Professeur spécialiste de l’aide sociale et du développement, elle ajoute que, selon elle, cette violence domestique est encouragée par la culture, les structures sociales et les lois, favorables à l’inégalité des sexes. Les résultats de son enquête ont été corroborés par Sr Voranut Pranommit, de la congrégation des Amantes de la Croix de Chanthaburi. La religieuse travaille sur les problèmes des femmes de son diocèse et témoigne avoir elle-même rencontré plusieurs cas de femmes “battues par leur mari et rouées de coups de pied Généralement, les victimes choisissent de souffrir en silence plutôt que de parler de leurs épreuves avec d’autres ou de porter plainte à la police, affirme-t-elle. Après avoir vécu longtemps de telles situations, ces femmes “en viennent à croire qu’elles ont perdu leur dignité de femme et leur capacité à gérer elle-même leur vie ajoute la religieuse.

Selon Chonnikarn Singpayak, de la Commission catholique de la condition féminine établie à Bangkok, ce sont les normes sociales qui permettent la perpétuation de cette violence. D’après elle, les Thaïlandais en général, et bien souvent la police, considèrent traditionnellement les violences familiales comme une affaire privée qui ne doit pas sortir du cercle de famille. Elle cite l’exemple d’une femme qui avait essayé de porter plainte auprès de la police pour avoir été battue par son mari. La police a refusé sa plainte, disant qu’il s’agissait d’une affaire domestique et qu’elle ne pouvait intervenir que si elle était divorcée. Chonnikarn Singpayak rappelle que, depuis 2003, la Commission ouvre à faire prendre conscience aux femmes de la nécessité de défendre leur dignité et leurs droits en accord avec l’esprit évangélique (1).

La Commission a travaillé avec l’Association catholique féminine de Thaïlande et coopéré avec les porte-parole de l’association des Femmes catholiques pour développer la formation et les programmes d’instruction féminine. Ces programmes traitent de sujets comme la théologie féminine, la dignité et la valeur des femmes, le rôle des sexes dans le développement et la participation des femmes dans la mission de l’Eglise.

D’après des études conduites en 2004 par l’Institut de recherche sur la population et la société, de l’université Mahidol, à Nakhon Pathom, 44 % des femmes mariées ou vivant maritalement en Thaïlande ont subi une forme ou l’autre de violence domestique. Parmi elles, 28 % font état de violences physiques, 29 % de violences à caractère sexuel, 12 % de blessures infligées pendant leur grossesse, enfin, 7 % d’harcèlements sexuels dans le cercle familial avant l’âge de 15 ans.