Eglises d'Asie

Dans un contexte marqué par une reprise des violences, l’Eglise appelle à la paix et à la justice

Publié le 18/03/2010




Le 16 avril dernier, à l’occasion des fêtes pascales, l’Eglise catholique a adressé un message de paix et de justice au pays. “Nous croyons fermement que la prière, accompagnée du jeûne, est un moyen puissant devant Dieu pour obtenir de chacun de nous une véritable conversion du cour, une “metanoia” qui apparaît essentielle avant tout règlement négocié (du conflit qui déchire le pays depuis 1983)”. Les évêques du Sri Lanka ajoutent que le désir de paix est inséparable de la recherche de la justice. “La paix est le fruit de la vérité et de la justice ; elle n’est pas la simple absence de guerre. Tant qu’il y aura des injustices, des discriminations sous tel ou tel prétexte, on ne peut espérer la paix écrivent-ils, ajoutant qu’en dépit des déconvenues, “l’espoir subsiste dans notre pays que les deux partis (Tigres tamouls et gouvernement) sont sincères et véritablement désireux de respecter les droits de l’homme, la justice et une authentique identité sri-lankaise qui transcende toutes les différences ethniques, linguistiques, religieuses et culturelles existant entre nous”.

Le message des évêques avait été rédigé dans un contexte de recrudescence de la violence (1). Quelques jours plus tard, une escalade sans précédent, depuis l’établissement d’un cessez-le-feu en février 2002, rendait illusoire une évolution pacifique à court terme du conflit qui oppose les Tigres tamouls au gouvernement de Colombo. Le 25 avril, en plein centre de la capitale sri-lankaise, une femme se faisait exploser à l’intérieur du quartier général de l’armée, tuant huit personnes et en blessant 27 autres, dont le chef de l’armée, le lieutenant-général Sarath Fonseka. Le soir même, l’armée de l’air et la marine bombardaient des positions des Tigres dans le district de Trincomalee, région de l’est de l’île où la tension était forte depuis plusieurs semaines. Quelques jours plus tôt, les Tigres avaient annulé leur participation à une deuxième session de pourparlers de paix qui aurait dû se tenir à Genève les 24 et 25 avril. La médiation scandinave ne parvenait pas à rétablir le contact entre les deux parties.

Pour le P. Joseph Emmanuel Wickremasinghe, vicaire épiscopal pour la région nord de l’archidiocèse de Colombo, toute la question est désormais de connaître le degré de sincérité des Tigres comme du gouvernement dans la volonté de mettre fin à ce conflit. “Ils ne se font pas confiance. Ce nouvel attentat (.) renforce les suspicions qui existent entre les communautés cinghalaises et tamoules explique-t-il, ajoutant qu’avec des partis extrémistes comme le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) qui “poussent le gouvernement à la guerre” (2), le seul recours possible est de demander à la communauté internationale de s’impliquer dans la recherche d’un accord de paix. Dans un entretien à l’agence Fides, le nonce apostolique au Sri Lanka est allé dans le même sens. “Comme la solidarité sans frontières, après le tsunami, nous a aidés à reconstruire maisons et écoles, de même aujourd’hui la communauté internationale doit nous aider à construire des ponts de dialogue, pour rapprocher les deux parties. L’engagement et la responsabilité de tous sont urgents, pour ne pas laisser encore une fois triompher, au Sri Lanka, la violence et la guerre a déclaré Mgr Mario Zenari, le 26 avril dernier.

Pour le P. Marius Fernando, aumônier national de la Fédération de la jeunesse catholique, les activités prévues pour les semaines à venir sont compromises. Une rencontre de jeunes entre Cinghalais venus du sud et Tamouls venus du nord et de l’est devait avoir lieu début mai à Galle, à environ 100 km. au sud de Colombo. “Notre objectif est de créer des relations de confiance au sein de la jeunesse explique le prêtre, qui s’attend à ce que les jeunes tamouls fassent défection, par crainte de voyager à travers le pays, en direction du sud, en ayant à passer de nombreux points de contrôle tenus par l’armée.