Eglises d'Asie

Hebei : Mgr Julius Jia Zhiguo, évêque “clandestin” du diocèse de Zhengding, a été remis en liberté mais reste placé sous étroite surveillance policière

Publié le 18/03/2010




Le 19 avril dernier, au petit matin, Mgr Julius Jia Zhiguo, évêque “clandestin” du diocèse de Zhengding, dans le Hebei, a été remis en liberté. Une voiture l’a déposé devant son église et le presbytère qu’il occupe habituellement, dans le village de Wuqiu. L’évêque, âgé de 70 ans, avait été arrêté, pour “une session d’études le 8 novembre dernier (1) et placé au secret dans une maison d’hôtes de la police à Shijiazhuang, capitale de la province du Hebei. Depuis le début de l’année 2004, c’était la huitième fois que l’évêque était ainsi arrêté.

Selon un catholique qui a rencontré l’évêque, Mgr Jia Zhiguo est désormais surveillé 24 h. sur 24. Deux fonctionnaires, probablement de la Sécurité publique, stationnent en permanence devant son église et l’accompagnent pas à pas partout où il va dès qu’il sort de l’église ou du presbytère. Mgr Jia Zhiguo est toutefois “libre” de célébrer la messe tous les matins et de rencontrer les fidèles qui se rendent pour cette occasion à l’église. Selon ce même catholique, Mgr Jia est apparu amaigri et souffre d’une douleur à l’épaule. Selon le témoignage d’une catholique qui a parlé à l’évêque en dehors de son presbytère, Mgr Jia n’a pas précisé les raisons de sa détention, ni les conditions de celle-ci. “Les deux officiels nous observaient a précisé cette laïque.

Mgr Julius Jia, figure bien connue de l’Eglise “clandestine” du Hebei, est coutumier de ces “sessions d’études mais, ces dernières années, il n’était soustrait à l’attention de ses fidèles que durant quelques jours, à l’occasion des grandes fêtes chrétiennes ou lors du passage à Pékin d’une personnalité occidentale. Cette fois-ci, la détention a été particulièrement longue et elle témoigne, selon des membres du clergé “clandestin” du Hebei, de l’intensification des pressions des autorités sur l’Eglise “clandestine” de cette province. Face à ces pressions, rapportent ces prêtres, l’attitude de Mgr Jia est invariable : il est d’accord pour enregistrer ses prêtres et les structures ecclésiales de son diocèse auprès des autorités civiles responsables des affaires religieuses, mais il refuse tout contact avec l’Association patriotique des catholiques chinois, ainsi que tout travail de collaboration avec les organismes étatiques. A propos de la concélébration de la messe avec des membres du clergé “officiel”, l’évêque “clandestin” de Zhengding n’a pas non plus varié de position : les évêques “officiels” qui sont en communion avec Rome sont “qualifiés” pour agir en faveur de la réconciliation, et la concélébration avec eux ne pose pas de difficulté dans la mesure où les célébrations eucharistiques sont menées selon l’enseignement et la discipline de l’Eglise. Selon les prêtres cités ci-dessus, Mgr Jia insiste sur le fait que la réconciliation au sein de l’Eglise catholique de Chine ne pourra se faire que si ces conditions sont respectées.

Pour certains catholiques de Zhengding, la remise en liberté – surveillée – de leur évêque est à mettre en lien avec le voyage que le président Hu Jintao vient d’effectuer aux Etats-Unis. Ils craignent qu’une fois que les médias américains se concentreront sur un autre objet que la Chine, leur évêque ne fasse à nouveau l’objet d’arrestations et de pressions pour qu’il change sa manière de voir l’Eglise de Chine. Dans d’autres diocèses du Hebei, les autorités locales accentuent leur pression sur les communautés “clandestines”. A la fin du mois de mars dernier, une “session d’études” a ainsi été organisée pour des prêtres “clandestins” de diocèses proches.