Eglises d'Asie

Le gouvernement chinois a organisé une session à Pékin pour les jeunes évêques afin de leur rappeler les principes d’indépendance sur lesquels l’Eglise catholique en Chine doit être fondée

Publié le 18/03/2010




Le 19 mai dernier, le gouvernement a invité à Pékin 18 jeunes évêques “officiels” afin de leur rappeler les principes d’indépendance sur lesquels l’Eglise catholique en Chine doit être fondée. Ces 18 évêques – sur les 66 que compte la partie “officielle” de l’Eglise – ont aussi pu entendre de hauts responsables chinois leur dire que l’Eglise en Chine continuera d’installer des évêques “élus et ordonnés par eux-mêmes” avant que Pékin n’établisse des relations diplomatiques avec le Saint-Siège.

Les 18 évêques en question avaient comme point commun soit d’avoir été ordonnés cette année soit d’avoir participé aux ordinations épiscopales qui ont eu lieu depuis le mois de janvier dernier. Agé de 89 ans et malade, Mgr Bernardine Dong Guangqing, de Hankou, n’avait pas fait le déplacement, mais il était représenté par un de ses prêtres, le P. Cui Qingqi. Mgr Dong est l’évêque qui a présidé la cérémonie d’ordination de Mgr Joseph Ma Yinglin, à Kunming, le 30 avril dernier. Mgr Joseph Ma et Mgr Joseph Liu Xinhong, de l’Anhui, les deux évêques ordonnés sans l’accord du pape, étaient présents ce 19 mai à Pékin (1), ainsi que Mgr Joseph Xu Honggen, de Suzhou, et Mgr Paul Pei Junmin, du Liaoning, ordonnés respectivement le 20 avril et le 7 mai derniers. Ces deux derniers évêques ont été ordonnés avec l’accord du pape (2).

Selon Mgr Francis Lu Xinping, de Nankin, qui a participé à la rencontre, outre Mgr Michael Fu Tieshan, évêque “officiel” de Pékin et président de l’Association patriotique des catholiques chinois, deux hauts représentants des autorités chinoises ont pris la parole devant les jeunes évêques. Liu Yandong, directeur du Front uni, instance rattachée au Comité central du Parti communiste, ainsi que Wang Zuoan, vice-directeur de l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses et responsable des affaires catholiques, ont expliqué les raisons pour lesquelles les catholiques en Chine devaient maintenir le principe d’une Eglise “indépendante, autonome et autogérée”.

Lors de la rencontre, qui s’est déroulée dans les locaux de l’Assemblée nationale populaire, les deux responsables ont expliqué qu’avant qu’un accord soit conclu entre le Vatican et la Chine, les ordinations d’évêques continueront dans le pays. Sur la question plus large de la conception de la religion, ils ont précisé que, bien que la Chine et le Vatican diffèrent sur le sujet, des points d’entente pourront être trouvés une fois que les relations seront normalisées. Les officiels ont encore encouragé les évêques à “bien accomplir leur travail d’Eglise et à aimer la patrie et l’Eglise”.

Interrogé à Hongkong par l’agence Ucanews, Kwun Ping-hung, observateur attentif des relations entre l’Eglise catholique et la Chine, a estimé que cette rencontre, organisée par les autorités sur le ton du conseil et non de la réprimande, était destinée à rappeler à ces jeunes évêques qu’ils devaient prendre en compte les Affaires religieuses, la Conférence des évêques “officiels” et l’Association patriotique.

En marge de la rencontre, le nouvel évêque de Kunming, Mgr Joseph Ma, a précisé qu’il serait désormais principalement basé dans la capitale du Yunnan et que ses séjours à Pékin seraient limités au strict nécessaire afin d’assumer ses responsabilités de secrétaire général de la Conférence des évêques “officiels”.