Eglises d'Asie – Chine
Shaanxi : atteint d’un cancer, Mgr Li Du’an, évêque de Xi’an, s’est éteint à l’âge de 79 ans
Publié le 18/03/2010
Mgr Li Du’an était l’un des quatre évêques chinois invités par Benoît XVI à participer au synode sur l’Eucharistie d’octobre 2005, à Rome (2). Comme ses frères dans l’épiscopat, il n’avait pu obtenir des autorités chinoises l’autorisation de se rendre au Saint-Siège. Sur les ondes de Radio Vatican, la mémoire de l’évêque défunt, évêque « officiel » et reconnu par le pape, a été saluée. « Il a toujours défendu avec une grande détermination la liberté religieuse a-t-on pu entendre. En Chine même ainsi qu’auprès des personnes qui l’ont connu, l’action persistante de Mgr Li Du’an en faveur de la formation des prêtres et des religieuses ainsi que ses efforts pour réconcilier les communautés catholiques « officielles » et « clandestines » ont été mis en avant.
Depuis son ordination en tant qu’évêque de Xi’an, le 5 avril 1987, Mgr Li Du’an s’était attaché, pas à pas, à reconstruire son diocèse, confié en 1924 aux franciscains italiens de la province de Toscane. En dépit de ressources financières limitées, il avait remis sur pieds un séminaire régional, aujourd’hui florissant, et un petit séminaire pour la province du Shaanxi. Outre la formation des prêtres, il avait à cour celle des religieuses et, en 2004, le séminaire de Xi’an était le premier de Chine à offrir un programme de deux ans aux sours (3). Il laisse ainsi un diocèse riche de 59 prêtres et 300 religieuses, pour 60 paroisses et 20 000 fidèles (sur 6 millions d’habitants).
Un autre axe de son action a été la réconciliation des communautés « officielles » et « clandestines ». Selon Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint-Esprit, à Hongkong, Mgr Li Du’an a été un pont entre les deux parties de l’Eglise catholique de Chine. Reconnu en tant qu’évêque par le pape, il était accepté par les « clandestins » et, vice-président de la Conférence des évêques « officiels », il était reconnu par eux comme un guide spirituel. Il était aussi parvenu à établir de bonnes relations avec les autorités chinoises. En tant qu’« archevêque dans la province du Shaanxi » de Xi’an (4), il a apporté un soutien précieux aux diocèses suffragants de Xi’an, lorsque leurs évêques lui en faisaient la demande. Selon d’autres sources, Mgr Li Du’an avait beaucoup contribué à ce que Mgr Joseph Zong Huaide, de Sanyuan, et Mgr Luke Li Jingfeng, de Fengxiang, deux évêques « clandestins » du Shaanxi, acceptent, respectivement en 1992 et en 2004, de « faire surface » et contribuent ainsi à l’unité de l’Eglise catholique dans le Shaanxi (5).
Né le 13 juin 1927 dans une famille catholique, Mgr Li est entré au petit séminaire en 1938. Ordonné prêtre en 1951, il sert durant près de quatre ans comme curé de la cathédrale de Xi’an, avant d’être emprisonné en octobre 1954. Libéré en juin 1957, il peut alors enseigner au séminaire durant quelques mois, avant d’être à nouveau incarcéré et condamné à une peine de deux ans de rééducation par le travail. Ce n’est qu’en 1979 qu’il retrouve la liberté. En janvier 1980, il retrouve son diocèse, sert comme curé à Gongyi et, finalement, est choisi pour devenir évêque en avril 1987.
Selon le P. Stephen Chen, des messes de requiem pour l’évêque défunt ont été organisées dans le diocèse jusqu’au 28 mai dernier et les funérailles se sont déroulées le 31 mai, en l’église Gongyi, à Lintong, dans la banlieue de Xi’an. Les autorités civiles avaient demandé au diocèse d’organiser les funérailles « de manière solennelle et ordonnée ». Celles-ci ont été imposantes : présidées par Mgr Anthony Dang Mingyan, elles ont été concélébrées par sept évêques du Shaanxi ; près de 200 prêtres et 500 religieuses de la province y ont pris part, ainsi qu’une foule estimée à 20 000 personnes. Avant la messe de funérailles, le cercueil de Mgr Li Du’an avait été porté en procession dans les rues autour de la paroisse de Gongyi durant près de deux heures.