Eglises d'Asie

Pékin a ordonné le retrait des écrans du film Da Vinci Code

Publié le 18/03/2010




Le 9 juin dernier, les cinémas de Chine populaire ont reçu instruction de retirer de l’affiche le film Da Vinci Code, la super-production de Ron Howard. Selon l’un des distributeurs chinois du film produit par Sony Pictures, cité par le China Daily du 9 juin, « le film a été retiré pour laisser de l’espace aux films nationaux ». La Chine soumettant l’importation de films étrangers à un quota (d’une vingtaine par an pour les films grand public), l’explication aurait pu apparaître convaincante si l’ordre de retrait n’était venu que du seul Bureau du film. Or, selon la presse de Hongkong, c’est le ministère de la Propagande qui a ordonné le retrait, au nom de « la stabilité sociale ». Dans la province du Hebei, un groupe de catholiques serait descendu dans les rues de la ville de Handan, menaçant d’incendier un cinéma qui avait programmé Da Vinci Code.

Toujours selon la presse de Hongkong, la décision aurait fait l’objet d’un compromis. Sur les écrans depuis le 19 mai dernier, le film a fait une recette de 104 millions de yuans (10,4 millions d’euros), soit un des succès les plus importants remportés par un film étranger ces derniers temps sur les écrans chinois. Rien n’indiquait que l’audience était en chute, et, la date du retrait a sans doute été choisie pour permettre aux distributeurs de rentrer dans leurs investissements. Pour le ministère de la Propagande, il s’est agi de montrer que la Chine défendait les religions, en censurant un film mettant en scène une prétendue descendance du Christ et dénoncé par les catholiques pour l’image fausse qu’il donne de l’Eglise.

Le 18 mai dernier, l’Association patriotique des catholiques chinois et la Conférence des évêques « officiels » avaient émis un communiqué, demandant aux catholiques chinois de boycotter le film. Les deux instances avaient également appelé les communautés catholiques de Chine à lire et à méditer la Bible ainsi qu’à approfondir leur connaissance du Christ et de l’Eglise. Cette prise de position venait peu après que des critiques vives à l’encontre du film eussent été émises par différentes instances du Vatican. Selon certains catholiques chinois, le gouvernement chinois aurait voulu ainsi montrer au Saint-Siège qu’il avait à cour de défendre les catholiques de Chine. Un geste rendu nécessaire par les tensions créées les semaines précédentes par l’ordination illicite de deux évêques « officiels » (1).

A l’issue de la première du Da Vinci Code, organisée à Pékin le 17 mai dernier, l’agence de presse officielle Xinhua avait prédit « un succès retentissant » au film, du fait notamment « des 40 millions d’exemplaires du livre déjà vendus et aux protestations des cercles religieux à travers le monde ». Les protestations des catholiques contre le film et leur appel à boycotter l’ouvre y étaient qualifiées de « médiévaux ».