Eglises d'Asie

A TAIYUAN, DES CATHOLIQUES FONT L’EXPERIENCE D’UNE PRIERE EN COMMUNAUTE ET D’UN PARTAGE DE LA FOI

Publié le 18/03/2010




Teresa et Joseph (les prénoms ont été modifiés) sont des paroissiens de la cathédrale de l’Immaculée Conception, à Taiyuan, capitale de la province du Shanxi. Joseph est issu d’une famille catholique depuis plusieurs générations ; à l’âge de se marier, ses parents ont refusé qu’il épouse celle qu’il aimait, parce que la jeune fille en question n’était pas catholique. Présenté à une catholique, Teresa, ce fut elle qu’il épousa finalement en 1990, mais les disputes entre les deux jeunes mariés étaient fréquentes. « Il a continué à la fréquenter explique Teresa, en parlant du premier amour de son mari. « Il désertait le domicile conjugal, parfois durant six moispoursuit-elle, en précisant qu’elle a toujours refusé de quitter son mari parce que « les couples catholiques ne divorcent pas ». Lors de la naissance de l’unique enfant du couple, une fille aujourd’hui âgée de 12 ans, « j’étais seule se rappelle-t-elle encore.

Désespérée, c’est en 2000 que la jeune femme a trouvé un soutien spirituel, en commençant à fréquenter un groupe de prière dans sa paroisse. Les rencontres, pour des temps de prière, de partage de l’Evangile et de mise en commun des expériences, étaient régulières et les intentions de prière pour la famille fréquentes. Moins d’un an plus tard, ce fut au tour de Joseph, le mari, de prendre conscience que sa relation extra-maritale blessait sa femme et sa fille. « Je suis revenu à moi-même et j’ai senti que l’Esprit Saint était à l’ouvre et que des gens priaient pour moi témoigne-t-il aujourd’hui. Après avoir mis fin à sa relation, il a rejoint sa femme et pris part aux réunions de prière.

Aujourd’hui, Teresa n’hésite pas à confier que l’intimité entre elle et son mari « a grandi ces dernières années ». En décembre 2004, ensemble avec quelques dizaines d’autres couples catholiques, le couple a participé à une célébration sur le thème de l’anniversaire de mariage, organisée le jour de la fête de la Sainte Famille. « C’était plus joyeux que lors de notre mariage se rappelle-t-elle.

Maria et Paul, un autre couple dont les prénoms ont été modifiés, connaissaient eux aussi des difficultés. Maria, catholique, témoigne qu’à un certain moment de sa vie de femme mariée, elle n’éprouvait plus que de la colère et du ressentiment, s’en prenant amèrement à son mari. Dieu l’avait abandonnée, elle et sa famille, pensait-elle alors et, en conséquence, elle n’allait plus à la messe. C’est en 2003 qu’elle a rejoint un groupe de prière. Après avoir entendu les uns et les autres partager, « j’ai été touchée et j’ai peu à peu pris conscience de mes propres erreurs et manquements ». Parallèlement, la jeune femme a suivi un cours de formation catéchétique « pour renforcer [sa] compréhension de l’enseignement de l’Eglise et [sa] foi ».

Son mari, qui n’était pas catholique, a été interloqué par les changements positifs qu’il constatait dans l’attitude de son épouse et il a commencé à l’accompagner aux réunions de prière. Un an plus tard, il demandait le baptême, reconnaissant que son mariage s’était grandement amélioré. Pour Maria, le chemin parcouru a été un chemin qui lui a permis « d’apprendre à aimer les autres ».

Selon Bai Xuemei, coordinateur du groupe de prière de la cathédrale, les couples sont nombreux à Taiyuan, en milieu catholique comme chez les non-catholiques, à vivre des vies conjugales peu satisfaisantes. « La plupart des paroissiens ne comprennent que peu de chose au sacrement du mariage et à l’enseignement de l’Eglise témoigne-t-il, et, faute de formation, ils ont du mal à vivre l’enseignement du Christ dans leur mariage. Beaucoup hésitent à divorcer, comme l’illustre le cas de Teresa, mais ils ne savent pas comment s’y prendre, ni où s’adresser pour résoudre leurs difficultés.

En privilégiant les groupes de partage, en faisant en sorte que les homélies permettent d’établir un lien entre leur vie et l’Evangile, en insistant sur l’importance de la prière enfin, des hommes et des femmes mariés, des couples peuvent dépasser bien des difficultés, explique ce laïc, qui précise que c’est en 1994 que le diocèse de Taiyuan a mis sur pied des groupes de partage centrés sur le couple. L’initiative avait alors été lancée à l’inspiration de la Communauté de l’Emmanuel, issue du Renouveau charismatique. Aujourd’hui, les groupes de prière et de partage de l’Emmanuel sont au nombre de six sur la paroisse de la cathédrale, et comprennent chacun de six à huit personnes. Ils se réunissent toutes les semaines ou tous les quinze jours au domicile de l’un ou l’autre de leurs membres. « Nous cherchons à faire une rencontre personnelle avec Jésus et, en même temps, nous recevons encouragement et inspiration des autres membres du groupe explique Bai Xuemei.

Pour le curé de la cathédrale, le P. Paul Meng Ningyou, des groupes comme ceux inspirés de la Communauté de l’Emmanuel contribuent à faire grandir la foi des paroissiens. Ils poussent aussi la paroisse à aller de l’avant et c’est à partir de la demande formulée par ces groupes qu’un parcours de formation a été lancé en mai dernier. « Trois cents catholiques y participent témoigne le prêtre.