Eglises d'Asie

Des organisations catholiques dénoncent le meurtre de deux musulmans, tués après avoir été accusés de blasphème envers la religion musulmane

Publié le 18/03/2010




Le 19 juin dernier, la Commission nationale ‘Justice et paix’ de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan a demandé qu'”une enquête rapide et impartiale” soit diligentée pour établir les responsabilités dans la succession d’actions qui a abouti à la mort d’un musulman, accusé de blasphème envers la religion musulmane.

Le 15 juin, un imam d’une mosquée de Hasilpur, localité située à 450 km. au sud d’Islamabad, a été violemment attaqué par une foule de musulmans tandis qu’il brûlait le contenu d’une poubelle. Selon le quotidien de langue anglaise Dawn, un groupe, issu d’une branche rivale de l’islam, a répandu la rumeur qu’il brûlait des pages d’un vieil exemplaire du Coran, acte susceptible de tomber sous le coup de la loi anti-blasphème qui condamne de la prison à vie toute offense faite au livre saint de l’islam. Accouru sur les lieux, des musulmans s’en sont pris à l’imam, au secours duquel sont venus des membres de sa mosquée. Appelée sur place, une voiture de la police a renversé un garçon de 13 ans. Finalement, les forces de l’ordre ont réussi à rétablir le calme, mais l’imam, Hafiz Qamar Javed, est décédé de ses blessures après son transfert à l’hôpital. La police a ouvert une enquête pour meurtre, non sans avoir au préalable enregistré une plainte pour blasphème contre Hafiz Qamar Javed.

Lors d’un second incident, totalement distinct, un musulman, Abdul Sattar Gopang, qui attendait de passer en jugement pour blasphème, a été poignardé à mort par deux assaillants dans l’enceinte même du tribunal où il était placé sous la garde de la police. L’événement a eu lieu le 16 juin, au tribunal du district de Muzaffargarh, localité située à 440 km. au sud-ouest de la capitale. Abdul Sattar Gopang avait été arrêté le 13 mars dernier, suite à la plainte déposée par un mollah qui affirmait que l’homme en question avait blasphémé contre le prophète Mahomet, lors d’une dispute avec un camionneur. Selon le Dawn, les deux assaillants qui ont poignardé Abdul Sattar Gopang étudiaient dans une madrasa (école coranique) voisine.

Selon la Commission catholique ‘Justice et paix’, ces deux morts soulignent “à quel niveau d’insécurité les citoyens pakistanais sont soumis du fait d’un usage abusif de la religion”. Ces deux vies ont été perdues du fait de l’état de non-droit créé par l’existence des lois anti-blasphème, peut-on encore lire dans le communiqué du 19 juin, qui appelle, par ailleurs, les médias à recourir avec la plus grande prudence au terme shatim-e-rasool (‘blasphémateur’).

Depuis 1991, selon des données compilées par des organisations pakistanaises de défense des droits de l’homme, 23 personnes – dont 18 de confession musulmane – ont été assassinées au Pakistan après avoir été accusées de blasphème. Depuis 1987, 374 musulmans ont fait l’objet d’action en justice au titre des lois anti-blasphème.