Eglises d'Asie – Chine
Heilongjiang : l’évêque « clandestin » de Qiqihar a été empêché de présider les funérailles de son prédécesseur
Publié le 18/03/2010
Mgr Wei, âgé de 48 ans, et le prêtre qui l’accompagnait ont donc été obligés de résider dans un hôtel de Harbin du 28 au 30 juin, et n’ont été autorisés à regagner leur diocèse qu’au lendemain des funérailles de Mgr Guo. Les officiels qui étaient chargés de leur surveillance les ont quittés le 30 juin au matin, dans la gare de Harbin, une fois reçue confirmation de l’achèvement des funérailles. « Ils ont fait ce qu’on leur avait demandé de faire a déclaré Mgr Wei, ajoutant « comprendre leurs difficultés. Leur chef avait exercé une forte pression pour que je sois empêché de présider les funérailles ». Selon l’évêque de Qiqihar, quelques jours avant la mort de Mgr Guo, les autorités l’avaient approché pour lui dire de s’abstenir de présider les funérailles à venir et la raison qui les amène à agir ainsi est que « le gouvernement ne me reconnaît pas en tant qu’évêque ». Mgr Wei a encore précisé qu’il avait célébré une messe pour l’évêque défunt dans sa chambre d’hôtel et qu’il continuerait à prier pour lui une fois de retour dans son diocèse. Les autorités ayant interdit tout rassemblement d’importance, des messes de requiem seront célébrées sept jours durant dans les paroisses de Qiqihar.
C’est en 1995 que Mgr Paul Guo a ordonné dans la clandestinité le P. Wei Jingyi comme son évêque coadjuteur. Cinq ans plus tard, il se retirait de la direction du diocèse, laissant Mgr Wei lui succéder. En octobre dernier, Mgr Wei figurait parmi les quatre évêques de l’Eglise de Chine invités par Benoît XVI au Synode sur l’Eucharistie, à Rome (2).
Evoquant la vie de Mgr Guo, Mgr Wei a mis en avant le fait qu’il n’a eu de cesse de porter témoignage au Christ, citant à son égard les mots de saint Paul : « J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » (2 Tm 4,7). Né dans une famille catholique de Qiqihar le 11 janvier 1918, Mgr Guo avait été formé dans les séminaires de Changchun et de Pékin, avant d’être ordonné prêtre en décembre 1948. Nommé administrateur diocésain de Qiqihar en 1950, il fut arrêté deux ans plus tard et condamné, en 1954, à dix ans de prison pour « crimes contre-révolutionnaires ». Détenu durant huit ans dans la province du Heilongjiang, il est ensuite transféré à Pékin, où il passe trois années de « rééducation par le travail avant de partir pour le Xinjiang, le vaste nord-ouest chinois, toujours en camp de travail. Il n’est remis en liberté qu’en 1979, pour enseigner l’anglais dans une école secondaire du Xinjiang. Ce n’est qu’en 1985 qu’il peut enfin retourner à Qiqihar et, en mai 1989, il est ordonné évêque dans la clandestinité par Mgr Paul Liu Shuhe, évêque de Yixian (province du Hebei). Ayant pris part à l’unique réunion de la Conférence des évêques « clandestins », en novembre 1989, il est arrêté, puis relâché deux mois plus tard. Selon Mgr Wei, il s’est attaché à reconstruire son diocèse, formant un grand séminaire en 1993 et restaurant la vie religieuse, notamment un couvent des Missionnaires de Ste Thérèse de Lisieux. La partie « clandestine » du diocèse de Qiqihar compte aujourd’hui 40 000 catholiques, une trentaine de prêtres et une cinquantaine de religieuses ; du côté des « officiels », le nombre des fidèles est de 10 000.