Eglises d'Asie – Bangladesh
Pour mieux défendre et guider les petits et les pauvres, un prêtre est devenu avocat
Publié le 18/03/2010
Le P. Das, l’un des deux seuls prêtres avocats du pays inscrits au barreau du Bangladesh, exerce principalement auprès du tribunal de grande instance de Dacca. Il a étudié à la faculté de droit de l’Université nationale de Dacca en 1999. Avoir affaire à la loi est « compliqué explique ce prêtre de 40 ans ; et donner des conseils, c’est « prêter sa voix à ceux qui n’en ont pas » et concrétiser le choix de servir les plus pauvres. « J’aime beaucoup mon travail d’avocat, dit-il, même si certains pensent qu’étudier le droit ne rapporte rien, pour moi, c’est une gymnastique intellectuelle qui me donne la joie d’être du côté des pauvres et des opprimés. » Le P. Das explique qu’il a pu mener à bien toutes les affaires qu’il a traitées ou plaidées jusqu’à maintenant, y compris le cas d’un aborigène de la paroisse de Srimongol qui fut acquitté dans une affaire de meurtre.
Puspa Veronica Palma, militante catholique au service d’une ONG, témoigne que le prêtre l’a aidée à se défendre d’une accusation d’empoisonnement. « Il m’a conseillée et adressée à un autre avocat pour m’assister au tribunal. Je suis sûre que les conseils du P. Das l’aideront à m’innocenter de cette fausse accusation a-t-elle dit. La dernière audience est fixée au mois d’août prochain. D’après elle, les prêtres sont « dignes » d’être avocats « parce qu’un prêtre ne se laisse pas soudoyer et ne défend pas d’affaires suspectes devant la cour ».
Jusque-là, a confié le P. Das, le plus difficile a été d’affronter l’antipathie de ses confrères avocats qui désapprouvent le fait qu’il ne facture pas ses services. Je ne facture, a-t-il expliqué, que ce qui est nécessaire à la procédure, ajoutant : « Puisque je suis prêtre, je n’ai pas besoin de penser en priorité à ma vie personnelle. Mon but n’est pas de gagner de l’argent, mais de servir les pauvres. » Le P. Das a expliqué qu’à partir du moment où ses collègues ont compris qu’il était au service des pauvres, ils ont commencé à apprécier son travail. « Ils ont réalisé pour qui je travaillais. Maintenant, mes opposants les plus déterminés sont devenus mes meilleurs amis. » Comme catholique ou comme prêtre, témoigne-t-il, « je ne rencontre de discrimination ni à la cour ni parmi mes collègues non chrétiens ». D’après son expérience, « les chrétiens, eux non plus, ne sont pas victimes de discrimination, ni dans la procédure, ni dans les procès ».
En plus de sa présence devant la cour pour défendre ses clients, le P. Das assiste d’autres avocats, spécialement dans les affaires de tutelle ou d’adoption, de sévices contre des femmes ou des enfants, de litiges entre propriétaires terriens ou de faux. Il dirige également des ateliers de conscientisation et des séminaires pour étudier les mesures de prévention ou de correction des litiges, au civil comme au pénal. Le Programme de formation aux droits de l’homme, mis sur pied par Caritas Bangladesh et la Commission épiscopale catholique ‘Justice et paix’, soutient ces ateliers et ces séminaires.
Mgr Theotonius Gomes, évêque auxiliaire de Dacca, soutient également le travail du P. Das qu’il sait porteur de valeurs tant légales que spirituelles en faveur des pauvres et des opprimés. Ordonné prêtre en 1996, le P. Das reconnaît que ce sont les cours du séminaire sur la justice, la paix et le droit qui l’ont poussé à entreprendre des études d’avocat. La congrégation de la Sainte Croix, comme son diocèse, le soutiennent dans son travail d’aide juridique. « Je ne me sens donc pas seul. L’aide juridictionnelle et ma présence aux côtés des pauvres sont aussi une façon de servir. »