Eglises d'Asie

Selon des évêques de l’Eglise de Chine, la visite à Pékin d’une délégation du Saint-Siège est une bonne chose mais ne signifie pas qu’un accord sur une éventuelle normalisation soit en vue

Publié le 18/03/2010




Ni le Vatican ni le gouvernement chinois n’ont fait de commentaire sur la récente visite à Pékin d’une délégation du Saint-Siège. Du 25 juin dernier au 1er juillet, Mgr Claudio Maria Celli et Mgr Gianfranco Rota Graziosi ont rencontré des responsables chinois à Pékin et se sont rendus dans la province du Shandong (1). Cette visite est intervenue peu après les ordinations illicites – car menées sans l’accord du pape – le 30 avril à Kunming et le 3 mai dans l’Anhui (2). Les trois évêques, qui avaient été invités par Benoît XVI au Synode sur l’Eucharistie en octobre dernier (3), analysent l’annonce de cette visite en Chine comme une bonne nouvelle, même s’il ne faut pas en attendre de développement spectaculaire à court terme, au sujet d’une future normalisation des relations sino-vaticanes.

Contacté le 27 juin par l’agence Ucanews (4), l’évêque « officiel » de Shanghai, Mgr Jin Luxian, s’est déclaré surpris d’apprendre que les pourparlers entre la Chine et le Vatican se poursuivaient sous cette forme et à ce niveau. Il a ajouté connaître Mgr Celli de longue date, soulignant « son amour et son souci » pour la Chine et son attention à la normalisation des relations diplomatiques. Il a conclu en estimant que, selon lui, cette normalisation n’interviendra pas à court terme, mais « une fois que les pourparlers ont commencé, il y a de l’espoir ».

Interrogé par la même agence de presse le lendemain (5), Mgr Wei Jingyi, évêque « clandestin » du diocèse de Qiqihar, dans la province du Heilongjiang, estime que c’est là une bonne nouvelle qui reflète « les talents de négociateur » de la Chine. « Si la Chine veut véritablement acheter quelque chose, a-t-il élaboré, elle est capable de prétendre ne pas être intéressée à conclure l’affaire et à tourner le dos jusqu’à ce que le vendeur baisse son prix. » Au sujet de la normalisation des relations diplomatiques, un résultat ne sera pas atteint immédiatement, mais « ce genre de contacts directs est constructif car il permet d’éliminer les malentendus ».

Ce même 28 juin, Mgr Luke Li Jingfeng, évêque de Fengxiang, dans la province du Shaanxi, a estimé, lui aussi, que cette visite était une bonne nouvelle. Il a demandé au Saint-Siège de ne jamais aller dans le sens de la Chine sur la question des évêques « élus et ordonnés de manière autonome ». « Si le Saint-Siège n’insiste pas sur ce principe de l’Eglise catholique, il vaut mieux en rester à la situation prévalant actuellement a-t-il affirmé.

Enfin, à Pékin, Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, a déclaré à Ucanews qu’il n’était pas au courant de la présence en Chine d’une délégation vaticane, étant donné que c’est là « une affaire du gouvernement ». Il a ajouté que cette visite prouvait que les deux récentes ordinations illicites « n’avaient pas interrompu le dialogue entre la Chine et le Saint-Siège ». Ces ordinations, a-t-il insisté, renvoient à l’attention que le Saint-Siège porte au manque d’évêques en Chine. « Plus de quarante sièges épiscopaux sont à pourvoir et les besoins en termes d’évangélisation sont aigus a-t-il conclu.