Eglises d'Asie

A l’appel de la Caritas locale, une marche a rassemblé 7 000 personnes de différentes ethnies et religions, en faveur de la paix

Publié le 18/03/2010




Le 2 septembre dernier, la Caritas sri-lankaise, connue sur place sous le nom de SEDEC (Social and Economic Development Centre) a organisé une marche pour la paix. La manifestation s’est déroulée à Chilaw, ville située à 140 km. au nord de Colombo et a réuni 7 000 personnes, appartenant à différentes religions et ethnies. Invité à s’adresser à la foule, le vénérable Navadankulama Sri Medhananda Thero, important moine bouddhiste de la Province du Nord-Ouest, où Chilaw est située, a déclaré qu’il considérait que ce rassemblement “était le lieu indiqué pour une démarche interreligieuse afin de porter haut un message de paix et d’égalité entre les gens. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et le nombre des personnes présentes ici est porteur d’un message fort quant à la nature essentiellement pacifique d’une société aujourd’hui submergée par la violence, la confusion et l’anxiété”.

Pour le P. Edward Kanunanayeka, directeur de la Caritas à Chilaw, une telle manifestation est nécessaire pour rappeler que la paix est possible au Sri Lanka et que la population peut et doit y être associée. Selon lui, la réponse des gens à cet appel est “très encourageante”.

Plus au nord, à Jaffna, l’inquiétude quant au sort du P. Thiruchchelvan Nihal Jim Brown, 34 ans, disparu le 20 août dernier en même temps qu’un laïc qui l’accompagnait (1), allait croissant. A ce jour, aucune nouvelle des deux hommes n’est apparue. L’évêque du diocèse de Jaffna, Mgr Thomas Savundaranayagam, a écrit une lettre au président de la République, Mahinda Rajapaks, pour demander de leurs nouvelles, les deux hommes ayant disparu après être entrés dans une zone contrôlée par la marine sri lankaise, sur l’île de Kayts, au large de la péninsule de Jaffna.

Toujours à Jaffna, le Centre pour la paix et la réconciliation, rattaché au diocèse, s’inquiète des menaces qui ont été proférées envers deux prêtres catholiques. Ces derniers, dont l’anonymat est préservé pour des raisons de sécurité, ont dû trouver refuge à l’évêché. Des membres des forces armées ou des officines qui leur sont liées les auraient menacés de mort, leur reprochant l’aide qu’ils apportent aux populations civiles tamoules fuyant les opérations militaires qui opposent l’armée aux Tigres du LTTE. Selon la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Jaffna, “les contrôles d’identité, les barrages et les arrestations sont devenus très fréquents” à Jaffna et “de quatre à huit personnes sont tuées chaque jour ou enlevées par des hommes armés, sans que l’on sache quelles unités des forces paramilitaires ou armées sont en cause”. La Commission poursuit en affirmant que l’Eglise est perçue comme un obstacle à ceux qui violent ainsi les droits de l’homme. “L’objectif poursuivi semble être de supprimer toutes les voix qui s’élèvent, en recourant aux menaces et à l’intimidation à travers des actions telles que la disparition du P. Jim Brown et de son assistant peut-on lire dans le rapport de la Commission.

Enfin, ce 12 septembre, à Bruxelles, où les pays donateurs pour le Sri Lanka (Japon, Union Européen-ne, Etats-Unis, Norvège) étaient réunis, le médiateur norvégien, Erik Solheim, a déclaré que Colombo et le LTTE s’étaient dit “prêts à reprendre des discussions sans pré conditions”. Une reprise des discussions pour mettre fin à l’état de guerre quasi ouverte qui a fait plus de 1 500 morts – dont un grand nombre de civils – au cours des neuf derniers mois. Cependant, du côté du gouvernement, la victoire emportée le 4 septembre à Sampur, petit hameau situé à l’embouchure du port de Trincomalee repris aux Tigres, ne laisse pas entrevoir que l’état-major militaire soit prêt à reculer. Et, du côté des Tigres, leur leader politique, S. P. Thamilselvan, a déclaré à l’agence Reuters que, si le gouvernement poursuivait ses opérations “offensives le LTTE “sera forcé lui aussi de changer sa position actuelle, qui est de se défendre, et de lancer à son tour des opérations offensives”. Le leader tamoul a évoqué le risque d’un retour à “une guerre à grande échelle repoussant un peu plus la perspective de voir respecté le cessez-le-feu de février 2002.