Eglises d'Asie

Hongkong : le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, âgé de 74 ans, a exprimé le souhait d’être déchargé de la direction du diocèse de Hongkong pour se consacrer aux affaires de l’Eglise en Chine

Publié le 18/03/2010




En voyage en Italie durant la seconde moitié du mois de septembre dernier, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a exprimé le désir de se voir déchargé de la direction du diocèse de Hongkong. Selon un article du South China Morning Post du 23 septembre, l’évêque, qui fêtera le 13 janvier prochain son 75e anniversaire, a déclaré : “C’est certainement la raison plus importante pour laquelle, cette fois-ci, j’ai fait le voyage de Rome. J’espère que [le pape Benoît XVI] me laissera partir à la retraite car, en tant que cardinal, j’ai beaucoup de travail à faire en ce qui concerne l’Eglise en Chine. Or, je ne peux pas mener les deux tâches de front.” Selon le mode de fonctionnement de l’Eglise, tout évêque doit remettre sa démission au pape lors de son 75e anniversaire, libre à ce dernier de l’accepter ou non.

En précisant qu’une audience privée avec le pape était programmée ainsi que des rencontres avec les personnes au sein de la curie romaine qui suivent le dossier chinois, le cardinal Zen a ajouté : “A présent, je ne peux pas pleinement conseiller le pape au sujet de la Chine car je suis trop occupé. La Chine est un pays si grand et il y a tant de questions sur lesquelles je devrais me pencher de près. Si la charge d’évêque du diocèse de Hongkong m’était retirée, je pourrais me consacrer pleinement aux affaires relatives à l’Eglise de Chine.”

Ces dernières semaines, des rumeurs ont circulé dans les milieux catholiques à Hongkong au sujet d’une éventuelle nomination à Rome du cardinal Zen. Interrogé à ce propos, l’évêque de Hongkong a répondu que la question n’était pas liée à une nomination, mais à la possibilité pour lui de dégager du temps. “Je peux travailler n’importe où a-t-il ajouté.

Du côté du gouvernement chinois, certains interlocuteurs du Vatican n’ont, semble-t-il, jamais caché qu’ils n’appréciaient pas la personne du cardinal Zen, à qui ils reprochent son implication dans les sujets de société à Hongkong et sa défense de la liberté religieuse en Chine (1). Mais, à Rome, un haut responsable de la curie aurait fait savoir qu’il n’était pas question de mettre à l’écart le cardinal Zen et l’élévation de Mgr Zen au cardinalat, en février dernier par le pape Benoît XVI, témoigne de l’importance de l’évêque de Hongkong dans les affaires chinoises (2). Selon Sr Beatrice Leung Kit-fun, experte des affaires sino-vaticanes, on peut s’attendre à ce que le cardinal Zen se voit confier un rôle plus important dans la gestion de ce dossier, mais il est improbable de le voir transféré au Vatican. “C’est parce qu’il est à Hongkong que Zen peut exercer au mieux son talent et développer son rôle dans les affaires concernant la Chine et cela serait contraire aux intérêts de l’Eglise qu’il renonce à la charge d’évêque de Hongkong a-t-elle précisé.

L’analyse de la religieuse était la bonne car, à l’issue de l’audience avec le pape – laquelle a eu lieu le 27 septembre -, Mgr Zen a déclaré que Benoît XVI voulait en effet qu’en tant que cardinal chinois, il puisse le conseiller plus complètement sur l’ensemble de “la situation complexe” de l’Eglise en Chine, mais que, pour l’heure, le pape avait besoin de plus de temps pour juger de l’opportunité de sa démission de la tête du diocèse de Hongkong. Mgr Zen a aussi révélé qu’il avait présenté une première fois sa démission à Benoît XVI il y a un an, peu avant qu’il ne soit élevé au cardinalat, et qu’à l’époque, le Vatican l’avait informé de conserver son poste. L’audience du 27 septembre était le premier entretien en tête-à-tête du pape avec l’évêque de Hongkong depuis son élévation au cardinalat. Le cardinal Zen avait accompagné sa demande d’audience d’une lettre de trois pages, soulignant les thèmes qu’il souhaitait voir aborder à cette occasion.