Eglises d'Asie – Birmanie
Une dizaine de jours passés ensemble, une rencontre avec leur évêque et l’assurance d’une augmentation de salaire ont redonné du courage aux catéchistes de Rangoun
Publié le 18/03/2010
Selon Hitun Nyo, président de la Commission archidiocésaine des catéchistes, l’archidiocèse compte 109 catéchistes et chacun d’entre eux reçoit 7 000 kyats par mois (environ 7 dollars, au taux de change obtenu dans la rue). Pour compléter ce viatique, l’archidiocèse contribue aux frais de scolarité des enfants des catéchistes, en utilisant l’argent tiré de la vente de mangues, de bananes ou encore de billets de loterie.
Au cours de cette rencontre, Mgr Bo a promis d’élever le salaire des catéchistes à 10 000 kyats mensuels et a lancé un appel pour que prêtres et paroissiens les soutiennent davantage. Hitun Nyo a précisé que 7 000 kyats par mois suffisaient à peine pour faire vivre deux personnes alors que la plupart des catéchistes avaient une famille nombreuse. « Beaucoup d’entre eux pensent aussi que les gens les regardent de haut à cause de leur manque de compétences et d’éducation a-t-il rapporté, ajoutant que, grâce à cette rencontre, ils avaient repris courage non seulement du fait de l’augmentation de leur salaire mais aussi parce qu’ils avaient eu l’occasion de réactualiser et d’approfondir leurs connaissances. Le P. Camillus, de la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Magykwin, animait la session sur le thème : « Commençons par apprendre nous-mêmes ce que nous prétendons enseigner aux autres ».
Selon Pi Oo, un catéchiste venu de l’Etat Kayin (archidiocèse de Rangoun), la mission du catéchiste est une mission difficile, dans un milieu où les villageois ont à peine de quoi vivre et où beaucoup de personnes ne ressentent que peu d’intérêt pour la religion. Il a décrit également la dureté physique de la mission, notamment les longues heures de marche pour atteindre les villages isolés. « Nous sommes contents de nous savoir soutenus par le diocèse et de n’être pas seuls a-t-il témoigné à l’issue de la session. Il a raconté que son travail consistait en grande partie à diriger les prières, celles du début de la nouvelle saison agricole, par exemple. Dans de telles occasions, il reçoit quelques offrandes, mais, a-t-il précisé, 90 % des catéchistes ne reçoivent aucune aide de la part des paroissiens.
Regina Mya Mya Thein, venue de Hlaing Tha Ya, une ville nouvelle de la banlieue de Rangoun, a expliqué quant à elle que son travail consistait à visiter les malades à domicile, à aider les gens au moment des funérailles et autres tâches d’assistance. Elle admet avoir pensé à démissionner mais reconnaît que cette retraite l’avait réconfortée.
Raphaël San Win, 71 ans, quant à lui, n’a jamais pensé démissionner. Catéchiste depuis 1966, il explique être chargé de 90 familles catholiques dispersées en quatre villages. La plupart sont des paysans qui, pour vivre, font de la vannerie et vendent des bambous. « Nous, catéchistes, essayons de résoudre leurs problèmes avec l’aide des prêtres de la paroisse et de l’archevêque a-t-il rapporté, s’appuyant sur une canne du fait d’une jambe affaiblie par une mauvaise blessure.
Joseph, venu de Kamamaung, dans l’Etat Kayin, a commencé son travail de catéchiste lorsque les prêtres des Missions Etrangères de Paris ont quitté le pays, expulsés dans les années 1965-1966. Aujourd’hui, il est responsable de sept villages avec chacun une trentaine de catholiques et il est l’un des six catéchistes stipendiés par sa paroisse. Il enseigne en langue kayin, visite les malades, discute avec les croyants des autres religions et dirige la prière. Il a six enfants et sa femme complète les revenus de la famille en confectionnant des habits et des plats cuisinés.
En conclusion de la session, Mgr Bo, le 28 août, a recommandé à ses catéchistes de continuer à étudier, à se perfectionner et à publier des articles sur leur travail et sa spiritualité. Enfin il a confié que l’archidiocèse pensait sérieusement à envoyer certains catéchistes se former à l’étranger.