Eglises d'Asie

Un millier de chrétiens manifestent après le meurtre d’un éboueur de religion catholique

Publié le 18/03/2010




Le 16 octobre dernier, un millier de chrétiens sont descendus dans la rue à l’appel de deux organisations chrétiennes de Lahore pour protester contre le meurtre, le 9 août dernier, d’un éboueur catholique. Partis du Club de la presse de Lahore, les manifestants ont marché jusque devant l’Assemblée provinciale du Pendjab, où ils ont demandé que justice soit rendue et que le meurtrier soit arrêté.

Le 9 août dernier, dans un quartier de Lahore, Tariq Masih, un éboueur âgé de 26 ans, employé par la Société de gestion des déchets solides, faisait sa tournée habituelle de collecte des excréments humains. Au Pakistan, les chrétiens sont surreprésentés au sein de cette profession, mal payée et déconsidérée. Le plus souvent analphabètes et pauvres, ils sont payés 4 500 roupies par mois (60 euros) pour collecter le produit des vidanges des toilettes. Pour cela, ils ne sont pas censés entrer chez les gens mais collectent les vidanges à des endroits déterminés. Le 9 août, le propriétaire d’une maison, un marchand musulman du nom de Liaqat Ali Gujjar, a exigé de Tariq Masih qu’il entre chez lui pour vidanger ses toilettes, ce que le travailleur catholique a refusé. Liaqat Ali Gujjar a alors sorti une arme à feu et a tiré sur Tariq Masih, le tuant sur le coup. Appelée sur les lieux, la police a ouvert une enquête et ce n’est que le 14 octobre que le père de Liaqat Ali Gujjar, présent sur les lieux le jour du crime, a été interpellé pour interrogatoire, tandis que son fils restait introuvable, ayant pris la fuite.

Selon Mushtaq Assi, président d’un syndicat d’éboueurs, la mort de Tariq Masih ne doit pas tomber dans l’oubli. Les éboueurs ne sont pas respectés en dépit du travail pénible qu’ils font et ils sont traités moins bien que les animaux. “Les gens apprécient la propreté mais ils ne supportent pas ceux qui viennent retirer leurs ordures”, souligne-t-il.

Tariq Masih s’était marié au mois de mai dernier. Sa veuve, Rosy, a pris part à plusieurs manifestations, dont un sit-in organisé au mois de septembre pour demander justice. “Aujourd’hui, ma situation est sans issue. Il n’y a plus rien dans ma vie et je n’ai plus de raison de vivre”, dit-elle, en ajoutant que depuis que son mari a été tué, elle a reçu des menaces de mort ainsi que des propositions pécuniaires pour qu’elle retire sa plainte. “Les chrétiens dans ce pays ne sont pas en sécurité, tout particulièrement les pauvres”, affirme-t-elle, en expliquant que c’est à la suite des menaces qu’elle a reçues qu’elle a demandé l’aide d’organisations chrétiennes afin d’être protégée et d’obtenir justice pour son mari.