Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er septembre au 31 octobre 2006
Publié le 18/03/2010
La vie politique des deux derniers mois a été marquée par la préparation des élections municipales de 2007 et la réorganisation du FUNCINPEC.
FUNCINPEC
Le 18 octobre, un congrès extraordinaire du FUNCINPEC, présidé par Nhek Bun Chhay, secrétaire général, écarte Ranariddh de la présidence du parti et nomme Kéo Puth Rasmey à sa place. Ranariddh est promu « guide historique ». Lu Lay Sreng, ministre du Développement rural, et Sisowath Sirirath, ancien co-ministre de la Défense, sont nommés premier et deuxième vice-président. Nhek Bun Chhay conserve son poste de secrétaire général. Les membres du congrès reprochent à Ranariddh de n’être jamais au Cambodge, ou d’y être inaccessible, entouré qu’il est par une équipe de courtisans.
Kéo Puth Raksmei est né le 1er octobre 1952 à Kompong Cham, époux de Norodom Arunraksmei, fille cadette de Sihanouk, dont il a deux enfants. Ancien élève du lycée Sisowath, il obtient une maîtrise d’économie et de finances en 1975, puis, en 1982, un brevet de comptabilité à l’université de Montréal (Canada). Il rejoint les rangs du Funcinpec en 1985 et participe aux négociations aboutissant à la signature des Accords de Paris en 1991, puis prend la tête de la délégation du Conseil national suprême du Cambodge dans le cadre du Groupe consultatif à Tokyo, en 1992. Il occupe le poste d’ambassadeur en Malaisie de 1999 à 2004, puis à Berlin, où il est également en charge des relations diplomatiques avec la Slovénie, Malte et Chypre. Il est Commandeur de la Légion d’honneur.
Chea Sim, président du PPC adresse ses « félicitations profondes et chaleureuses» aux membres et aux dirigeants du Funcinpec. Sam Rainsy, pour sa part, estime que ces changements sont une « affaire interne» au Funcinpec et assure qu’il n’entend plus travailler avec Ranariddh. « Je n’ai plus confiance. Il a déjà changé plusieurs fois de positions. Il n’a pas de principes dit-il.
De Paris, Ranariddh accuse Nhek Bun Chhay, d’avoir « violé les statuts et le règlement intérieur» du parti et affirme que « désormais, le Funcinpec n’est plus un parti royaliste, mais le parti d’un clan ». Il projette de fonder un nouveau parti qui portera son nom, et qui sera un « vrai parti d’opposition. pas comme le Funcinpec et le PSR qui coopèrent avec le PPC ». Dans ce cas, déclare le porte-parole du Funcinpec, « il perdra son siège de député qu’il a gagné sous les couleurs du Funcinpec ».
Comme Sihanouk, son père, renversé le 18 mars 1970, Ranariddh accuse la branche royale des Sisowath, à laquelle appartient le prince Sirirath, nouveau deuxième vice-président du Funcinpec, et y voit une vengeance de ce clan.
Depuis le mois de mars, Hun Sen s’est lancé dans une attaque systématique contre le prince et son parti. (Des mauvaises langues affirment que le prince aurait reçu plusieurs millions de dollars en échange de sa démission du poste de président de l’Assemblée, « sacrifice pour le bien de la Nation ». En revenant au pays, il a rompu avec la loi de la mafia gouvernementale qui n’aura de cesse de l’évincer totalement de la vie politique cambodgienne.)
Depuis le 1er septembre, Hun Sen accentue son offensive contre Ranariddh.
Une loi interdisant la polygamie et l’adultère est votée le 1er septembre par 64 députés sur 69 présents (tous les députés du PPC et quelques-uns du Funcinpec). Seize députés Funcinpec quittent l’hémicycle. Sam Rainsy estime que cette loi vise en premier lieu à détruire la carrière politique de Ranariddh qui vit avec Melle Ouk Phalla, danseuse du ballet royal, dont il a un fils de deux ans. Le jour même, Ranariddh quitte le Cambodge sans explication. De retour le 9 septembre, il envisage une nouvelle alliance avec le PSR et appelle Sam Rainsy à ne plus attaquer les « patriotes ». Il dénonce le limogeage des membres de son parti qui avaient reçu des positions dans l’administration et au gouvernement, et accuse le PPC de n’avoir pas appliqué l’intégralité de la plate-forme gouvernementale signée avec le Funcinpec en 2004.
Hun Sen accuse Ranariddh, président du Comité national olympique cambodgien (CNOC), d’avoir dilapidé l’argent donné, à sa demande, par des sponsors. Ranariddh, proteste de sa bonne gestion : une partie du budget provient du Comité international olympique et cet argent a été géré par le secrétaire général du Comité (membre du PPC) qui agit sans lui en référer. Début octobre, Ranariddh est démis de ses fonctions de président du CNOC pour absence prolongée non justifiée depuis près d’un an, et est remplacé par Thong Khon, secrétaire d’Etat au Tourisme et membre du comité exécutif du CNOC. On lui reproche, en autres, de n’avoir jamais pris la peine de nommer clairement un vice-président, un secrétaire général et un comptable.
Le 11 septembre, Ranariddh décide de remettre au gouvernement l’avion Falcon XU-008 dont le Premier ministre lui avait « confié la gestion en 2003 ». Selon le PSR, c’était un cadeau du Premier ministre en contrepartie de son accord pour constituer une coalition avec le PPC. Selon le porte-parole du FUNCINPEC, « cet avion n’a jamais été utilisé car il a toujours été en réparation. Maintenant il est en état de vol, et trois pilotes ainsi qu’un mécanicien seraient partis s’entraîner en Nouvelle-Zélande avant d’en prendre les commandes ».
Le 17 septembre, Hun Sen qualifie Ranariddh de « versati-le », et annonce le limogeage de 19 ministres ou secrétaires d’Etat proches du prince. Ils seront remplacés par d’autres membres du Funcinpec, choisis par Nhek Bun Chhay. Ranariddh considère ces limogeages comme « inacceptables », car il n’a pas été consulté au préalable, Nhek Bun Chhay n’ayant pas le droit de remplacer les limogés. « Il est temps pour le Funcinpec de se trouver un nouveau président », dit le Premier ministre, dans ce que d’aucuns estiment une ingérence indue dans le Funcinpec. Son porte-parole déclare, au contraire, qu’il « a dû intervenir parce que les disputes internes du Funcinpec sont arrivées jusqu’à la table du Conseil des ministres » et affectent le travail des ministres.
Le 1er octobre, plus de 150 personnalités du Funcinpec tentent de rénover le parti afin « de lutter contre les ingérences externes Un accord prévoit le soutien à Nhek Bun Chhay comme secrétaire général. « Nous nous sommes tous pardonnés et sommes déterminés à entourer le prince Ranariddh avec toute notre fidélité déclare le porte-parole personnel de Ranariddh. Il a été décidé de réduire le nombre de membres de son comité directeur, qui passe de plus de 300 à 59, et de créer un Comité de gestion permanent, composé de 18 membres et présidé par Ranariddh. Lu Lay Sreng, vétéran du Funcinpec, Vice-Premier ministre et ministre du Développement rural, en est exclu.
Hun Sen continue à limoger les hauts fonctionnaires appartenant au Funcinpec. Le 16 octobre, 104 députés sur 110 présents, dont une grande partie des membres du Funcinpec, avalisent le limogeage de dix de ses membres du gouvernement (entre autres : Nouv Sovathero, sous-secrétaire d’Etat au Conseil des ministres; Sérei Kosal, ministre d’Etat; Tout Luch et Néou Kassie), et leur remplacement par d’autres membres du parti. Déjà neuf sous-secrétaires d’Etat Funcinpec avaient été licenciés automatiquement car ils avaient été nommés par Ranariddh, sans vote de confiance du Parlement. Ranariddh demande, en vain, aux membres de son parti de boycotter le vote.
Keo Puth Rasmey, la princesse Marie, ex-épouse de Ranariddh, et Pum Chantany, sont nommés respectivement vice-Premier ministre, ministre d’Etat, et secrétaire d’Etat au Conseil des ministres. Khieu Kanharith, porte-parole du gouvernement, avait prévenu : « Tous les Funcinpec occupant des fonctions officielles qui seraient tentés de suivre le prince Ranariddh perdront mécaniquement leurs postes. »
Le 19 octobre, Noranarith Anandayath, directeur de la radio Ta Prohm, la voix du Funcinpec, est limogé. On lui reproche d’avoir refusé « de traiter de manière positive les résultats du congrès du parti Pour l’Alliance pour la liberté d’expression au Cambodge (AFEC), il y a clairement eu violation des droits de l’homme, les journalistes ayant été menacés par les armes dans le cadre de leur travail.
Le 31 octobre, Nhiek Bun Chhay annonce le remplacement de You Hokry, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, par Hong Sun Huot, ministre d’Etat. « You Hokry, Khy Taing Lim, Chhim Siek Leng et la princesse Norodom Vacheara garderont leur mandat de député sauf s’ils mènent des actions allant à l’encontre des intérêts du parti ou s’ils adhérent à un autre parti précise-t-il.
Le PSR
Le 16 octobre, Kéo Rémy, ancien élu du Funcinpec devenu député PSR, annonce son retrait de la vie politique au lendemain des élections de 2008, par dégoût des politiciens cambodgiens.
Le front du Sangkum Cheat Niyum (Front nationaliste)
Le gouvernement et la municipalité de Phnom Penh refusent d’autoriser un meeting fondateur du Front du Sangkum Cheat Niyum, en août dernier à la salle Chatomukh, puis, le 8 septembre, sur la place Méru, face au musée national, car selon la municipalité, cette place est réservée aux fêtes royales. Même l’autorisation de tenir un meeting sur la presqu’île de Chroy Changvar a été refusée.
Le 7 septembre, Sisowath Thomico, délégué général du Front du Sangkum Cheat Niyum, non encore reconnu par le ministère de l’Intérieur, lance un appel pour que le roi-père devienne Premier ministre, afin de « protéger le pays des expropriations foncières dont sont victimes les habitants En réponse, Hun Sen l’accuse de préparer un coup d’Etat constitutionnel, mais le prévient que s’il veut dissoudre l’Assemblée nationale, il ferait bien d’acheter un cercueil et émet des menaces voilées contre le palais, notamment celle de contrôler son budget annuel de 600 000 dollars. De Pékin, Sihanouk désavoue violemment son neveu et lui supprime les 600 dollars qu’il lui accordait chaque mois. Il félicite « SE Samdech Hun Sen bien-méritant à tous égards, et le PPC très estimé et affectionné, le meilleur de nos partis politiques ».
Le 15 septembre, le ministère de l’Intérieur reconnaît le Front nationaliste.
Le 3 octobre, Heng Samrin, le président de l’Assemblée nationale, invite les députés à créer une loi encadrant la participation des membres de la famille à la vie politique du pays : « Je pense qu’il est temps que les membres de la famille royale abandonnent la vie politique, car cela leur fait perdre beaucoup de leur popularité ». Sam Rainsy dit pour sa part, que « considérant leurs titres, les membres de la famille royale ne peuvent être traités sur le même pied que les autres. Ils sont intouchables et il faut employer un langage particulier avec eux. S’ils veulent continuer à faire de la politique, il faut qu’ils abandonnent leurs privilèges ». Sisowath Thomico estime qu’ils sont des citoyens khmers comme les autres, telle que le définit la Constitution. Actuellement, neuf membres de la famille royale siègent dans les institutions législatives, cinq à l’Assemblée et quatre au Sénat. A mots couverts, Sihanouk déclare que Ranariddh est « le fossoyeur de la monarchie khmère ».
Le 26 octobre, Sisowath Thomico accuse sans détour le PPC d’organiser un complot pour anéantir la royauté. L’idée est en l’air depuis des années, confortée par les déclarations d’un député PPC, en date du 1er octobre, affirmant que son parti pouvait renverser le roi n’importe quand.
Le 27 octobre, le roi-père écrit sur son site que Front Sangkum Chéat Niyum n’est pas royaliste, que « les vrais royalistes, ce sont SE Hun Sen et le PPC. qui ont restauré la monarchie ».
Sisowath Thomico propose plusieurs fois à son cousin Ranariddh de dissoudre le Funcinpec et de rassembler ses membres dans le nouveau parti royaliste qu’il vient de créer. Il émet l’idée de confier la présidence de son parti au prince déchu. Ranariddh n’exclut pas totalement cette possibilité.
PPC : affaire Heng Peuv
Le 1er septembre, la police singapourienne arrête Heng Peuv, son visa de séjour dans cité-Etat ayant expiré, puis l’expulse vers la Malaisie, pays par lequel il était passé pour se rendre à Singapour, car Singapour n’a pas de traité d’extradition vers le Cambodge. Le 3 octobre, il est arrêté par les autorités de Malaisie, pour dépassement de la durée de son visa. Depuis, aucune nouvelle ne filtre sur l’ancien commissaire de police de Phnom Penh qui prétend détenir des secrets explosifs sur les nombreux assassinats de ces dernières années commis par des membres du gouvernement cambodgien.
Le 18 septembre, Heng Peuv est condamné par contumace à 18 ans de prison pour le meurtre, en avril 2003, du juge Sok Séthamony. Sont également condamnés à 16 ans de prison trois de ses hommes (Hang Vutha, Prum Sophearith et Ly Rasy) ainsi qu’un policier du bureau pénal de l’Intérieur. Hang Vuthy, dit « le diable », évadé de Prey, écope par contumace, de 16 ans de prison.
Préparation des élections communales
En dépit des critiques formulées par le PSR et plusieurs organisations d’observation des élections, le CNE (Comité National Electoral) annonce, le 18 octobre, que 664 913 nouveaux électeurs se sont inscrits, parmi lesquelles 337 434 femmes. Plus de 600 000 personnes se sont manifestées pour faire corriger leurs noms et plus de 40 000 ont été rayés des listes. Les opérations d’inscription ont été prolongées de quatre jours. Plus de 6,7 millions d’électeurs sur 7,3 millions de citoyens en âge de voter sont déjà inscrits. Le 1er avril 2007, les électeurs seront appelés à élire 11 353 conseillers communaux (contre 11 261 en 2002) dans 1 621 communes et 14 190 bureaux de vote. A la demande du CNE, le ministère de l’Emploi accorde au moins deux jours de congés payés, les 14-15 octobre, et éventuellement le 16, aux employés d’entreprises et institutions originaires de province, afin de leur permettre de s’inscrire sur les listes électorales de leur commune ou de vérifier la validité de leur inscription.
Le PSR proteste contre la confiscation par la police dans plusieurs communes de son matériel de diffusion par lequel ses militants appelaient à se rendre aux urnes, demandaient aux bonzes d’aller voter, et aux jeunes de s’inscrire.
Un militant du PSR est assassiné et plusieurs tentatives d’intimidations à l’encontre de membres de l’opposition sont signalées.
Le PPC n’entend pas se laisser déposséder. Un exemple : le 11 septembre, onze chefs de villages de la commune de Poïpet qui compte 100 000 habitants, prennent leurs fonctions, en présence de Sam Rainsy. Cette commune est dirigée par un membre du PSR, et le conseil communal choisit de répartir les postes de chefs de village entre les trois partis représentés en son sein. Parmi les onze chefs élus, cinq appartiennent au PPC, quatre au PSR et deux au Funcinpec. Durant la cérémonie d’investiture, les adjoints et des militants PPC coupent la lumière et font hurler des haut-parleurs, réclamant de nouvelles élections pour les quatre villages passés au PSR. Pour le PSR, cette demande est « illégale » car le gouvernement central n’a pas le droit d’intervenir dans les élections des chefs de village, organisées par les autorités communales en accord avec les procédures et les règles clairement définies. Le PPC comptait onze chefs de villages jusqu’au 21 juin dernier.
Le Japon accorde 2,96 millions de dollars au CNE pour l’aider à organiser les élections communales de 2007 : coût d’électricité et de locaux des comités électoraux communaux et provinciaux, frais de logistique et de transport pendant le déroulement du scrutin, système de communication par e-mail, matériel d’impression des listes électorales, papier, diffusion de l’information, etc. Il reste encore à trouver trois millions de dollars pour boucler le budget de 13 millions de dollars, dont la moitié est financée par l’Etat.
Assemblée nationale
Le 25 octobre, l’Assemblée nationale adopte le projet de loi instituant un service militaire obligatoire. Les élus du PSR s’y opposent depuis le début, arguant que par le passé, la perte de territoires khmers a découlé de l’immigration illégale des Vietnamiens. Aujourd’hui, ce sont la politique et l’économie qui assurent l’indépendance du pays. « Si notre économie se porte bien, notre défense s’améliorera aussi.Faîtes d’abord la guerre à la corruption demande un député de l’opposition. Un collectif de 20 organisations de jeunesse manifeste contre le vote de cette loi.
Le 7 octobre, plus de 400 jeunes gens étudiants d’université ou du milieu associatif, manifestent pour le rejet de la conscription, arguant du coût à payer pour l’Etat. D’autres demandent que soient d’abord rayés des listes les nombreux soldats fantômes. En août, 24 ONG et associations de jeunes avaient écrit à l’Assemblée nationale pour demander au moins un report du vote de ce projet de loi.
Le 26 octobre, l’Assemblée nationale ratifie plusieurs traités internationaux sur la protection de l’environnement, dont la convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone, le protocole de Montréal sur les produits détruisant la couche d’ozone et le protocole de Kyoto sur le changement climatique. Les propriétaires de voitures datant d’avant 1996 sont invités à faire changer leur système de climatisation trop polluant. Le PNUD payera la moitié de la facture pour ce changement, soit 26 dollars sur les 52 nécessaires.
Politique internationale
Le 27 septembre, à Mok Baï, en face du poste frontière de Bavet (Svay Rieng), est inaugurée par les Premiers ministres des deux pays la première borne frontalière qui porte le n° 171 et marque le nouveau tracé, né du traité additionnel frontalier khméro-vietnamien signé le 10 octobre 2005. 353 bornes de granit, qui portent d’un côté l’étoile vietnamienne et de l’autre le temple d’Angkor seront ainsi posées d’ici fin 2008 sur les 1 270 kilomètres de la frontière commune. Elles sont fabriquées par le Vietnam, pour un montant total de 15 millions de dollars, le transport et la pose seront financés à moitié par les deux pays.
TRIBUNAL DES EX-RESPONSABLES DU KAMPUCHEA DEMOCRATIQUE
Le gouvernement japonais décide de verser 45 000 dollars de son fonds d’aide prévues pour les opérations de 1994 afin de construire un lieu de détention préliminaire en conformité avec les standards internationaux pour assurer le bon et rapide déroulement de l’instruction judiciaire. Par ailleurs, le Japon s’est engagé à verser 21,6 millions, soit la moitié du budget prévu pour la tenue du tribunal.
Un Comité de cinq juges, mis sur pied en juillet, deux étrangers et trois cambodgiens, définissent le règlement intérieur des Chambres. Ils doivent harmoniser le droit cambodgien, d’inspiration française, au droit international, et rendre le résultat lisible aux juristes de tradition anglo-saxonne et à la population.
ECONOMIE
Selon le Premier ministre, le revenu annuel moyen des Cambodgiens serait actuellement de 448 dollars.
Un rapport de la Banque mondiale (BM) fait reculer le Cambodge de la 142e à la 143e place sur 175 Etats, dans un classement considérant les obstacles et les facilités à « faire des affaires ». Cependant, des progrès ont été signalés durant la dernière année : le délai d’obtention d’une licence est passé de 247 à 181 jours; le temps moyen à l’exportation s’est réduit de sept jours et à l’importation de 10 jours. Le Cambodge demeure mieux classé que le Laos (159e) et le Timor-Oriental (174e), mais se trouve loin derrière la Thaïlande (18e), la Chine (93e) et le Vietnam (104e).
Selon les données du département des douanes, en 2005, les trois premiers fournisseurs du Cambodge ont été Hongkong (17,6 % des importations), la Chine continentale (16,6 %) et Taïwan (11,4 %) à part quasi égale avec la Thaïlande, qui du premier rang parmi les importateurs en 1993, passe au quatrième.
Tourisme
Les guides cambodgiens et les interprètes étrangers opérant à Angkor doivent désormais porter un nouvel uniforme et un écusson qui leur coûte quatre dollars. Cette mesure vise à écarter les charlatans. Des moines sont autorisés à devenir guides touristiques.
Les ministères de l’Environnement et de l’Education organisent, du 1er juin au 31 juillet, un concours de dessin et de photo financé par la Banque mondiale et d’autres organisations. 240 candidats, âgés de 6 à 16 ans et 49 âgés de 17 à 24 ans y ont participé.
Selon un séminaire organisé le 24 octobre, 70 % des enfants vivant dans les environs d’Angkor auraient déjà été sollicités par des touristes et 45 % des guides touristiques locaux avouent avoir déjà surpris un de leurs collègues proposer un enfant à un client. L’Unicef estime qu’un tiers des prostituées ont moins de 18 ans.
Selon une étude réalisée par l’agence de coopération japonaise, les touristes étrangers ont dépensé près de 97 millions de dollars, en 2004, lors de leur séjour à Siem Reap. 70 % de ce montant a bénéficié au secteur de l’hôtellerie-restauration et à la billetterie des temples, mais seulement 30 % aux habitants.
En 2004, la source naturelle d’eau du mont Oral ainsi que 900 hectares de forêts l’entourant, ont été loués à une société chinoise, pour une durée de 70 ans. Cette société va y construire un hôtel, des bungalows, des salons de massage, des karaokés ou encore des casinos, au grand dam des 1 000 Suoy, tribu proto-khmère, vivant près de cette source.
Le 27 septembre, Hun Sen préside une cérémonie de cession de l’île aux serpents (Koh Puos), à Sihanoukville, pour un bail de 99 ans à une société russe qui créera un complexe touristique pour un investissement initial de 300 millions de dollars. Plusieurs ministres contactés avouent ne pas être au courant de la transaction.
Le 9 septembre, Angkor Palace Resort de Siem Reap, hôtel de luxe cinq étoiles, est admis au réseau mondial d’établissements hôteliers de luxe World Hotel Deluxe Collection qui regroupe plus de 500 hôtels dans le monde, après étude de 600 critères. Ly Hong, son propriétaire, a investi plus de 10 millions de dollars sur une superficie de 11 hectares. Le prix d’une nuitée s’échelonne entre 100 et 1 200 dollars. 240 employés, dont 10 étrangers, y travaillent. Siem Reap compte 86 hôtels, soit 6 000 chambres et 160 pensions de famille.
Corruption
Le 21 septembre, l’ambassadeur des Etats-Unis fustige la corruption et exige une « authentique volonté » du gouvernement à combattre ce fléau, quitte à « briser de vieilles amitiés », à « ruiner de vieilles alliances» et « même à risquer la discorde au sein de la famille…Les centaines de millions de dollars déversés pour développer les institutions et inculquer des bonnes pratiques ne servent à rien s’il n’y a pas de volonté politique sincère.Le gouvernement peut adopter toutes les lois qu’il veut sur la corruption, sans volonté politique, tous ces efforts, ces lois et ces règles n’aboutiront à rien. »
Le 5 octobre, lors de la 8e réunion du Comité de coordination entre les donateurs et le gouvernement, l’ambassadeur du Japon, principal pays donateur du Cambodge (environ 100 millions de dollars par an) et qui généralement s’abstient de toute critique, dénonce, au nom de quatorze pays donateurs et d’agences de coopération, le « manque d’empressement » du gouvernement dans l’adoption d’une loi contre la corruption. Il se voit « dans l’obligation d’exprimer les ‘profondes préoccupations et déceptions des donateurs.’ et qui plus est, nous n’avons encore jamais entendu parler du moindre incident dans lequel des officiers de haut rang du gouvernement central sont accusés ou inculpés pour avoir accepté des pots-de-vin Il demande des réponses rapides et concrètes, notamment l’établissement d’un calendrier précis. L’ambassadeur allemand, quant à lui, dénonce les problèmes fonciers.
AIDES ET INVESTISSEMENTS
D’après une étude préliminaire commandée par le ministère de l’Industrie à des experts vietnamiens, cinq barrages hydroélectriques pourraient être construits à partir de l’année 2012 sur la partie cambodgienne de la rivière Sesan, dans la province de Stung Treng, d’une capacité de production totale estimée à 818 mégawatts. Le plus gros projet concerne la construction d’un barrage d’une puissance de 420 MW, pour un coût de 611 millions de dollars. Les quatre autres auraient des capacités de 180 MW, 90 MW et, pour les deux plus modestes, 64 MW, pour des coûts respectifs de 387, 164, et 114 millions de dollars.
Selon une enquête menée en 2005 auprès de 600 habitants de trois provinces, par l’Association canadienne de coopérative (ACC), chaque année, près de 60 millions de dollars d’économies déposées dans divers bas de laine partent en fumée, grignotés par les rongeurs et insectes, emportés par les eaux ou égarés par les épargnants eux-mêmes. L’épargne sous forme de bijoux, est aussi source de perte : généralement achetés au prix fort, ces bijoux sont le plus souvent revendus à bas prix, dans l’urgence. Cette somme est très nettement supérieure au montant total des prêts de 11,6 millions de dollars, accordés par les institutions de micro-finance à leurs clients. Mais la population n’a pas confiance dans les banques, de nombreux épargnants ayant perdu leurs économies à la fin de l’année 2000, après la fermeture de quinze d’entre elles.
Le Crédit Mutuel français (CMSC), mis en place en 2004, permet de recycler les économies des épargnants sous forme de crédit. Pour pouvoir contracter un crédit, il faut épargner pendant au moins trois mois, la somme minimale d’épargne mensuelle étant d’un demi dollar, la plus petite somme empruntable étant de dix dollars. Chaque adhérent paie 1,5 dollars de frais d’adhésion, puis 2 dollars de participation à la part sociale du capital. Chaque membre est ainsi sociétaire. L’épargne est rémunérée à des taux d’intérêt variant entre 4 et 6 %.
Le 24 octobre, comme promis par le Premier ministre chinois lors de sa visite au Cambodge en avril dernier, la Chine, signe un accord de prêts à taux préférentiel portant sur 200 millions de dollars, afin de permettre à deux entreprises chinoises de réparer des routes nationales et de construire plusieurs ponts : prêt de 51,9 millions de dollars pour réhabiliter 127 kilomètres de la nationale 76 (Snoul-Kratié) et celle menant à de Sen Monorom; un prêt de 143,8 millions pour la construction de 109 kilomètres de la RN8 entre Kandal et la frontière vietnamienne, ainsi que du pont de Prek Taméak, d’une longueur d’un kilomètre, et celui de Prek Kdam, long de 975 mètres.
Le 12 octobre, la société de câbles et de matériel de télécommunication vietnamienne, Sacom, signe un accord avec la société cambodgienne PCP (Telecommunication Service Provider) et devient son principal actionnaire pour un apport de près de 8 millions de dollars.
Le 19 octobre, Hun Sen déclare que son gouvernement « ne peut pas s’appuyer tout le temps sur l’aide au développement» et entend « mobiliser les généreuses contributions de toutes les catégories de la population, y compris les bonzes, dans la construction de digues, étangs et puits comme dans l’effort national pour résoudre la question de l’eauD’ici 2015, 80 % des Cambodgiens devraient avoir accès à l’eau potable contre 50 à 60 % aujourd’hui. A Phnom Penh, 90 % des habitants sont déjà raccordés au réseau d’eau courante potable, soit 200 000 familles qui consomment quotidiennement près de 220 000 m3 d’eau.
La société australienne BHP Billiton et Mitsubishi Corp. ont reçu l’autorisation d’explorer d’éventuels gisements de bauxite dans le nord-est. Elles pourraient y investir près d’un milliard de dollars, ce qui serait le plus important investissement étranger au Cambodge.
SOCIETE
Mouvements sociaux
Le 19 octobre, le Conseil consultatif du travail, réuni sous la présidence du ministre de l’Emploi, décide de faire passer le salaire minimum de 45 à 50 dollars à partir de janvier 2007.
Depuis le mois de septembre, les négociations de revalorisation salariale s’éternisent : le syndicat indépendant des ouvriers du Cambodge (SIORC) demande que le salaire minimum passe de 45 à de 62 dollars (initialement, il en demandait 80), hausse correspondant à l’inflation des prix. Le président du syndicat des entrepreneurs du textile rappelle que le salaire minimum au Vietnam est fixé à 52,14 dollars et qu’une augmentation brutale mettrait en péril le secteur. « Nous avons déjà enregistré une baisse de 20 % des commandes en 2006 assure-t-il. On lui rétorque que les ouvriers vietnamiens bénéficient de systèmes de protection sociale inexistants au Cambodge. Le SIORC était exclu des négociations.
Les mouvements de grève continuent de manière sporadique.
Le 6 octobre, 1 500 ouvriers de nuit de l’usine Bright Sky sont licenciés par courrier suite à leur mouvement de grève conduit le 16 octobre, violemment réprimé par les forces de l’ordre. Une femme a été blessée. Le 24 octobre, Chéa Mony, secrétaire général du SIORC demande la reprise du travail de nuit, interrompu depuis deux semaines. Le patron refuse en arguant que les manifestations lui ont causé de lourdes pertes et que des commandes ont été suspendues. Il accepte de verser des indemnités de licenciements aux ouvriers licenciés.
Le 12 octobre, une cinquantaine d’ouvrières de l’usine de confection textile Viva Tino, située dans l’arrondissement de Russey Kéo, s’évanouissent, sans doute à cause du nouveau liquide de refroidissement des conditionneurs d’air.
Depuis quelques mois, le Garment Industry Productivity Center (GIPC), financé par l’agence de coopération américaine USAid, dispense des formations aux employés et aux cadres des usines textiles, afin de les aider à accroître leur productivité. « En dix ans, le PIB du Cambodge est passé de 3,3 milliards de dollars à 5,4 milliards et les exportations de 940 millions à 3 milliards de dollars affirme la chef de mission. Mais le Vietnam entrera dans l’OMC fin 2006 ou début 2007 et les mesures de sauvegarde prises contre la Chine expirent en 2008. Il convient donc d’être compétitif. L’USAid tient à souligner l’importance d’accroître la productivité au niveau des chaînes de production afin d’engendrer un gain de 15 à 18 %.
Spoliations
Contrairement à toutes les déclarations lénifiantes et aux organismes mis en place, les spoliations de terrains continuent et les conflits anciens ne sont pas réglés.
Le 1er septembre, sept villageois de la région de Bantéay Méan Chey sont arrêtés suite à une dispute concernant 78 hectares dont un officier prétend être propriétaire. Selon ADHOC, officiers et administration locale se sont mis d’accord pour confisquer ces terrains, qui selon les militaires, devraient être distribués aux familles de soldats démobilisés. Le même jour, les soldats démobilisés manifestent pour obtenir les terrains promis par le gouvernement.
Dans la région de Bavel (Battambang), deux hommes de 80 ans et de 50 ans sont emprisonnés dans une affaire concernant une dispute affectant 3 710 familles.
Pour la première fois, un litige foncier opposant deux oknhas (haut-dignitaire) : Try Heng, propriétaire du journal Kampuchéa Thmei et proche de Chéa Sim, président du Sénat, s’oppose à Tann Seng Hak, membre du PPC, concernant huit hectares situés dans le quartier de Phnom Penh Thmei. Il semblerait que la terre appartienne en fait à Chéa Sim. Quelques jours auparavant, de hautes personnalités du PPC se sont disputées un terrain de sept hectares dans l’arrondissement de Dangkor.
Depuis la mi-septembre, la société privée Plantation Company s’attaque aux plantations d’arbres fruitiers de 200 familles du village de Chouk, dans le district Srè Ambel (province de Koh Kong). Une femme serait morte et deux personnes arrêtées. La société appartient à (mandarin) et sénateur, Ly Yung Phat, qui a obtenu du gouvernement une concession sur 200 000 hectares couvrant quatre communes, afin d’y planter de la canne à sucre et d’y construire des sucreries. La compagnie donne environ 40 dollars aux familles pour les dédommager de la perte de leur champ et accuse des partis politiques de pousser les gens à la révolte.
Plusieurs dizaines de personnes armées de pistolets et d’outils démontent les maisons de 146 familles du village 6 de Sihanoukville, en conflit avec Kong Triv, okhna et sénateur du PPC. Une semaine auparavant, une cinquantaine de familles ont été chassées de leurs terres.
Le 2 octobre, 57 familles du village Teuk Sap, à Réam (Kompong Som) manifestent à Phnom Penh pour protester contre un spéculateur foncier qui fait nettoyer au bulldozer, avec l’appui de gendarmes, les 16 000 m2 de terrains de leurs rizières et de leurs maisons.
Le même jour, 100 autres familles du village de Chamkar Chek, district de Phnom Sruoch, (Kompong Speu), réclament au nom de 574 familles que soit restitué à chacune d’entre elle un hectare de terres agricoles qui ont été défrichées par des parachutistes pour les revendre à une société qui y fera des plantations.
Santé
L’entreprise cambodgienne Pharma Product Manufacturing (PPM), créée en 1996 grâce au soutien de l’Union européenne, réalise chaque année près de la moitié de son chiffre d’affaires de trois millions de dollars, grâce aux exportations vers quinze pays africains. L’entreprise fabrique 140 types d’antibiotiques, d’antalgiques, de vitamines, dont 25 types sont exportés.
Le 25 octobre, PSI (Population Services International) lance deux nouveaux produits destinés à combattre le paludisme : Malanet, une moustiquaire imprégnée d’insecticide efficace durant trois ans, et Malatab, un insecticide destiné à traiter les moustiquaires traditionnelles, pour les prix subventionnés respectivement de trois dollars et de 39 cents.
Le 22 octobre, praticiens, chercheurs, enseignants et étudiants dans le domaine de la santé originaires de dix-sept pays se réunissent à Phnom Penh pour une semaine, à l’occasion du huitième congrès Cambodge Santé organisé à l’Université des sciences de la santé et présidé par Jacques Roland, président du Conseil de l’Ordre des médecins français.
La Banque mondiale va verser une aide de onze millions de dollars au gouvernement par l’intermédiaire de la FAO, pour l’aider à lutter contre la grippe aviaire : six millions seront attribués au ministère de l’Agriculture, principalement pour renforcer le dispositif de surveillance (prélèvements d’échantillons sur les marchés ou dans les élevages, contrôle accru des importations clandestines de volaille et augmentation des fonds du Centre national de recherche). Le Japon finance 7 200 kits de livres, jeux, savons et brosses pour les mains, pour une valeur de 250 000 dollars, remis le 19 octobre à 7 000 écoles, afin de lutter contre la grippe aviaire.
On compte en moyenne 83 décès pour 1 000 naissances, c’est-à-dire que 30 000 enfants meurent chaque année avant l’âge de 5 ans. Parfois les matrones mettent encore de la boue ou de la toile d’araignée sur l’ombilic des nouveaux nés, ce qui engendre souvent le tétanos. De même, selon une croyance populaire, on prive d’eau un enfant atteint de diarrhée, alors qu’il faudrait faire l’inverse.
Education
77,6 % des candidats au baccalauréat ont été couronnés de succès, soit 43 063 élèves, 5 % de plus que l’an dernier. La province de Préah Vihéar est arrivée en tête des résultats (92,11 %). Mais ces résultats sont trompeurs quand on connaît la façon dont se sont déroulés les examens.
Parmi ces bacheliers, 2 620 vont bénéficier de la gratuité de la scolarité dans les établissements d’enseignement supérieur publics, soit 300 de plus que l’an dernier. 70 % de ces boursiers sont choisis en fonction de leurs notes, 30 % de places restantes sont réservées à des pauvres, des filles et des étudiants issus de zones rurales. La sélection de ces boursiers s’effectuera par informatique, ce qui devrait en garantir la transparence. Les bacheliers qui ont décroché une mention A peuvent s’inscrire dans l’établissement de leur choix. Ils sont très courtisés par les universités privées qui les dispensent de concours d’entrée et de frais de scolarité.
254 écoles maternelles ont été créées depuis un an, portant le nombre total à 2 467 pour plus de 120 000 élèves, dont plus de la moitié de filles. Les écoles primaires sont au nombre de 6 277, soit 87 établissements de plus par rapport à l’an dernier, alors que les effectifs ont diminué de 4,6 %, passant à 2,558 millions d’élèves, dont 47 % de filles. Le pays compte 663 collèges contre 584 l’an dernier. Ils accueillent 588 333 élèves, dont 256 129 filles. 21 nouveaux lycées ont été ouverts, portant leur nombre à 252, pour 205 035 lycéens, dont seulement 79 967 filles. Le nombre d’étudiants inscrits dans les établissements supérieurs est de 74 345, dont 33 % de filles. Au-delà du niveau licence, les femmes ne sont plus que 393 sur 2 565 étudiants, et sur 270 doctorants, seules 21 sont des femmes.
62,9 %, soit quatre millions de jeunes de plus de 15 ans et d’adultes ne maîtrisent pas la lecture. Les deux tiers sont âgés de 15 à 45 ans. Le Cambodge est à l’avant-dernier rang des dix pays de l’ASEAN pour l’illettrisme, la moitié des femmes de plus de 15 ans sont illettrées et 50 % des plus de 25 ans n’ont pas achevé le cycle primaire. Le pays compte 36,3 % d’analphabètes complets, dont 24,7 % de garçons et 45,1 % de filles; 26,6 % de la population est semi-lettrée. Seule 37,1 % de la population sait vraiment lire et écrire. Si 88 % des enfants sont scolarisés en premier cycle, seul le tiers accède au secondaire (sources : Unesco, PNUD et ESSP).
Un rapport officiel sur la jeunesse du pays montre qu’en 2004, les jeunes de moins de 24 ans représentaient 60,4 % de la population estimée à 13 millions d’habitants. 85 % des jeunes vivent à la campagne. Le taux d’inscription dans les écoles et collèges a augmenté pour l’année scolaire 2004/2005 de 26,1 % par rapport à l’année scolaire précédente, mais ne s’élève qu’à 9,3 % de plus dans les lycées et 1,4 % dans le supérieur. 10 % des jeunes Phnom-Penhois suivent des études supérieures. Entre 2001 et 2005, la proportion de filles fréquentant les écoles primaires et collèges par rapport aux garçons a augmenté de 14 %, et de 11,9 % dans les lycées. Cette présence féminine s’est accrue de 7,6 % dans les établissements supérieurs. 21,1 % des filles ne vont pas à l’école contre 11, 7 % des garçons.
8,2 % des filles de 15 à 19 ans sont mères ou enceintes. Plus de 36,5 % des filles de 15 à 24 ans n’utilisent pas de moyens de contraception ; 2 % rapportent avoir déjà eu des rapports sexuels et parmi celles-ci, 50 % disent avoir eu un seul partenaire.
– 76,1 % des jeunes se disent informés des maladies sexuellement transmissibles, mais presque 98 % assurent ne pas savoir ce qu’est le sida ni comment s’en protéger. 2,2 % des jeunes urbains et entre 0,3 % et 0,5 % des ruraux reconnaissent avoir consommé des stupéfiants.
– Sur les 4,96 millions de jeunes ayant entre 10 à 24 ans, près de 67 % ont une activité à caractère économique.
Selon les chiffres du ministère de l’Education, plus de 4 000 classes d’éducation informelle ont accueilli, lors de la dernière année scolaire, presque 90 000 élèves, dont près de 70 000 sont sortis en sachant lire et écrire. Le 8 septembre, le Premier ministre déclare que « l’alphabétisation est la clé du développement… L’analphabétisme est encore un problème au Cambodge ».
Droits de l’homme
Le 4 septembre, la police confisque la « boîte noire» que Kem Sokha, du Centre Cambodgien pour les droits de l’homme (CCDH), commençait à faire circuler à Phnom Penh pour récolter les doléances de la population concernant la corruption. Le 22 août, le gouvernement a mis sur pied une « unité anti-corruption» composée des conseillers du Premier ministre, placée sous l’autorité de Sok An, ministre du Conseil des ministres.
Suite à une réduction de 30 % des subventions de l’USAid qui lui versait quelque 800 000 dollars par an, le CCDH a dû licencier un certain nombre de ses salariés. Ces derniers accusent la direction de mauvais usage de cet argent.
Les expulsions forcées des squats de Phnom Penh continue de provoquer des mécontentements. Selon un enquêteur à l’ONG Adhoc, « par ces expulsions, les pauvres descendent encore un peu plus bas dans l’échelle sociale.En périphérie de la ville, l’eau et l’électricité coûtent plus cher et les soins de santé sont un luxe. » La directrice de l’ONG Friends s’inquiète du fait que les enfants de squatters soient « à 90 % contraints d’abandonner leurs études A Licadho, on évoque les problèmes d’hygiène et de santé rencontrés par les relogés. « Si les menaces et la discrimination envers les pauvres se poursuivent à ce rythme, leur colère finira par exploser. Le Premier ministre a déjà mis en garde contre le mécontentement né des litiges fonciers qui pourrait nourrir une révolution. Mais personne n’y prête attention… ».
Le 13 septembre, le journaliste Soy Sopheap a reçu des menaces de mort pour avoir fait état, à l’antenne de CTN, d’accusations de corruption contre des militaires et des fonctionnaires.
Le 28 septembre, Yash Ghaï, représentant du secrétaire général de l’ONU déclare que la violation des droits de l’homme qui atteint un « niveau systémique » n’est pas due à des négligences, à l’histoire, ou à la pauvreté : le gouvernement a volontairement engagé des politiques qui « pervertissent » la démocratie, menace « l’opposition politique » et « utilise l’Etat pour accumuler des biens privés. En résumé, je pense que le rejet délibéré du concept de l’Etat de droit est au centre de la philosophie du parti au pouvoir ». Il appelle les pays donateurs à ne pas se satisfaire de l’assistance technique, de la signature par Phnom Penh de traités internationaux ou de la création de nouvelles institutions pour garantir le respect des droits de l’homme.
Justice
Le 15 septembre, Julio A. Jeldres, biographe du roi-père, est condamné à payer 2 500 dollars d’amende pour avoir écrit, dans un courriel envoyé au Cambodia Daily, que « chaque fois que le Premier ministre profère une menace, quelqu’un se fait tuer ou blesser par des inconnus » et que « le Premier ministre est un dirigeant violent ». Le même jour, le rédacteur en chef du journal d’opposition Moneakseka Khmer (‘la Conscience khmère’) est condamné par contumace pour avoir écrit un article accusant les haut-dirigeants du pays d’être corrompus, notamment Sok An.
Le 16 octobre, le barreau réélit Ky Tech au poste de bâtonnier, par 157 voix sur 301 voix, Suon Visal, élu le 16 octobre 2004, n’en recueille que 143.
Le 26 octobre, sont jugées 14 personnes, dont l’ancien commissaire provincial et l’ancien chef de l’administration forestière de Ratanakiri, accusées d’avoir participé, entre octobre 2003 et mai 2004, à la déforestation du parc national de Vireak Chey, dans la province de Ratanakiri. Le verdict est mis en délibéré. L’ancien gouverneur et l’ancien commandant militaire de la province sont toujours en fuite. Trois compagnies vietnamiennes seraient impliquées dans ce trafic de bois.
Le gouvernement limite la possession et la circulation de tronçonneuses dans le pays, afin de lutter contre la déforestation illégale. Les services des ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et de l’Environnement sont chargés de coopérer pour faire appliquer cette mesure, et en dresser le bilan chaque mois auprès de l’Autorité nationale de résolution des conflits fonciers.
Radio en langue kroeung
Dans quelques mois, les minorités ethniques de la province de Ratanakiri disposeront de leur propre radio en langue kroeung. Onze ethnies vivent dans la province de Ratanakiri, dont une majorité de Tumpoun (22 000), de Jaray et de Kroeung (14 800), mais dont la langue est comprise par tous. Le budget de lancement sera de 60 000 dollars, financé par la Banque asiatique de développement. Cette radio permettra d’informer les minorités sur le trafic d’êtres humains dont elles sont victimes, les droits de l’homme et la santé.
DIVERS
Phnom Penh
Un rapport de police sur les jeux d’argent recense 35 machines à sous dans la ville de Phnom Penh, dont 27 légalement déclarées. La capitale compte également 25 agences de paris sur le football de la société Cambosix, dix lieux de loterie et sept de jeux de cartes. Le ministère de l’Intérieur, dans un rapport de son département général, estime qu’au mois d’août, plus de 42 600 personnes ont joué aux machines à sous, dont environ 60 % étaient de nationalité cambodgienne (23 700).
L’ONG Friends, fondée par Sébastien Marot, qui s’occupe des enfants des rues, a pu réunir 400 000 dollars sur ses fonds propres, et contracté un prêt de deux millions de dollars auprès de la banque ANZ Royal, pour acheter le terrain sur lequel elle est établie. Reste à trouver 600 000 dollars dont elle devra s’acquitter dans les six prochains mois. 220 Cambodgiens, travailleurs sociaux, enseignants, médecins ou cuisiniers, ont aidé près de 24 000 enfants et adultes depuis 1994.
Patrimoine
Le 26 septembre, l’ambassade américaine a signé deux accords de coopération d’un montant de 50 000 dollars pour la restauration du temple de Hann Chhey datant du VIe siècle, dans la province de Kompong Cham, et les fouilles sur un plateau près de Choung Ek qui pourrait être un ancien lieu de commerce ou de fabrication d’ustensiles préhistoriques. Le gouvernement américain a en outre débloqué un budget de 800 000 dollars pour financer divers projets culturels ou naturels.
Un projet d’investissements thaïlandais dans le futur musée national d’Angkor, validé par le Conseil des ministres provoque l’ire de Kéo Rémy (député PSR) qui y voit une menace contre l’intégrité du patrimoine national.
En creusant leur terre, des paysans de Takéo découvrent une statue de Bouddha amputée de ses avant-bras et privée de pieds, d’une hauteur de 90 centimètres et pesant 90 kilos. La police l’emporte au musée provincial.
Les combats de coqs sont populaires, mais réprimandés pas le pouvoir. Ils ont néanmoins été retenus pour figurer dans le programme des manifestations qui rythmeront l’exposition culturelle internationale de Siem Reap du 21 novembre au 1er janvier 2007, comme rappel des divertissements des temps angkoriens.