Eglises d'Asie

Pour des prêtres thaïlandais, la manière la plus adéquate de témoigner de l’amour du Christ est de le prouver par des actes de charité

Publié le 18/03/2010




Pour 150 prêtres catholiques, réunis autour du thème : “Raconter l’histoire de Jésus en Thaïlande au centre pastoral de formation de l’archidiocèse de Bangkok du 23 au 27 octobre, la manière la plus adéquate de témoigner de l’amour du Christ dans une société à dominante bouddhiste est de le prouver par des actes de charité. Cette rencontre sacerdotale faisait suite au Congrès missionnaire asiatique, qui s’est tenu à Chiang Mai, du 18 au 22 octobre, et a réuni un millier de personnes, prêtres, laïcs et religieuses asiatiques sur le thème : “Raconter l’histoire de Jésus en Asie : une célébration de vie et de foi” (1).

C’est le P. Vorayuth Kitbamrung, secrétaire de la Commission pour le clergé de la Conférence épiscopale, qui était chargé de l’organisation. Chaque année, la Commission organise une rencontre à laquelle tous les prêtres thaïlandais sont conviés afin d’actualiser leurs connaissances sur les derniers développements de l’Eglise et leur permettre d’échanger et de réfléchir ensemble sur la spiritualité et leur ministère.

En Thaïlande, où les monastères bouddhistes ponctuent le paysage et où 90 % des personnes disent qu’être thaïlandais c’est être bouddhiste (2), le catholicisme est considéré comme une “sasana farang c’est-à-dire une religion étrangère. En tant que petite communauté peu connue, les catholiques devraient laisser leurs actions parler pour eux, estime le P. Vithilert Haelom, du diocèse de Chiang Mai, présent à la réunion. “Nous vivons dans une société bouddhiste et nos voix ne rencontrent pas d’écho, a-t-il expliqué, le jour de la Toussaint. Il vaut donc mieux être reconnus comme des gens ayant un cour bon. Nous n’avons pas besoin de convertir tout le monde au catholicisme. Il nous faut offrir notre amitié et notre affection sincèrement, une charité qui donne et ne demande rien en échange, comme celle du Jésus-Christ.”

Le P. Chai Khanthahom, rédemptoriste, a cité l’exemple de Mère Teresa de Calcutta comme un exemple concret de la manifestation de l’amour du Christ. Pour le salésien Gustav Roosens, cela signifie construire des écoles professionnelles où les pauvres pourront étudier gratuitement et apprendre un métier qui les aidera à trouver un travail ou monter une entreprise. Le P. Roosens, qui travaille dans le sud du pays “où la plupart des gens sont pauvres, sans éducation et sans travail admet qu’ouvrer auprès de personnes de religions différentes peut quelquefois être difficile. La minorité musulmane en Thaïlande est concentrée le long de la frontière malaisienne. Elle forme une communauté majoritaire dans les régions de Pattani et Yala où travaille le P. Roosens, limitrophe de Narathiwat. Les troubles dans ces trois régions, entre le gouvernement et des séparatistes musulmans, ont fait plus de 700 morts depuis janvier 2004. Des moines bouddhistes et des professeurs d’école y sont régulièrement la cible de fusillades, d’attentats à la bombe ou de décapitations (3).

Le P. Joseph Chusak Sirisut, du diocèse de Ratchaburi, reconnaît, quant à lui, que “parler” n’est pas la première urgence, mais il fait observer que partager à propos de sujets religieux est naturel aux Thaïlandais. “Les Thaïlandais se montrent toujours à l’écoute quand on aborde des sujets intéressants avec eux explique le prêtre, qui travaille dans l’ouest de la Thaïlande. “Avant de parler, il nous faut écouter. Il nous faut marcher pas à pas, laisser leur esprit s’ouvrir et partager avec eux ce qu’ils pensent. Le dialogue interreligieux produit le respect et le respect vous sera rendu a expliqué le P. Chusak, ajoutant : “Par le passé, nous avions ‘une vision occidentale’ qui considérait les autres religions comme erronées, mais avec Vatican II nous avons changé.”

Pour le P. Vorayuth Kitbamrung, le but de ces rencontres annuelles est de donner l’occasion aux prêtres, par le partage, de s’inspirer les uns les autres. “A ces rencontres, il nous faut des prêtres enthousiastes pour leur mission. Nous ne planifions pas ce que nous allons faire, mais nous laissons les prêtres repérer les difficultés et discuter de la manière d’agir a-t-il expliqué, ajoutant que l’Eglise a besoin que tous ses membres “soient des témoins qui proclament la Bonne Nouvelle, le devoir d’un prêtre étant de les soutenir”.