Eglises d'Asie – Malaisie
Etat de Perak : une rumeur au sujet de conversions de musulmans au christianisme a créé un certain émoi autour d’une paroisse catholique
Publié le 18/03/2010
Selon un mufti local, Harussani Zakaria, une femme serait à l’origine de la fausse nouvelle propagée par SMS. Le mufti a indiqué que, le 21 octobre, une ancienne élève de l’université Al-Azhar, au Caire, née musulmane, convertie un temps au christianisme puis revenue à l’islam, lui avait adressé un message transmis par téléphone portable pour l’avertir de la conversion prochaine de musulmans dans cette église d’Ipoh. Toujours selon le mufti, l’information aurait été envoyée à la police locale pour vérification et, à un stade ou à un autre, une fuite s’est produite. “Mon intention n’a jamais été de créer le chaos, a déclaré le responsable religieux. En tant que mufti, j’ai la responsabilité de rappeler aux musulmans les menaces auxquelles, aujourd’hui, l’islam fait face.”
L’incident a été jugé suffisamment grave pour que le vice-ministre de la Sécurité interne, Datuk Mohd Johari Baharum, déclare que les autorités n’entendaient pas tolérer des épisodes de violence interreligieuse. L’Etat n’hésitera pas à employer la force, a précisé le vice-ministre, rappelant : “Notre pays est un pays multiethnique et plurireligieux.” Pour sa part, l’évêque du diocèse de Melaka-Johor, Mgr Paul Tan Chee Ing, qui est aussi le responsable du Conseil des Eglises de Malaisie, organe ocuménique, a loué l’attitude des forces de l’ordre et du gouvernement. Il a souligné que des factions ouvrent dans le pays, en jouant sur les tensions interreligieuses, pour briser l’harmonie sociale et les relations entre les différentes communautés (1).
Le 5 décembre dernier, dans un discours officiel, le Premier ministre Abdullah Badawi a redit sa conviction que les relations entre les communautés raciales et religieuses en Malaisie étaient fragiles. A la mi-septembre, un rapport publié par un prestigieux institut de recherche du pays a remis en cause la politique de discrimination positive mis en place il y a trente ans au profit de la composante malaise – et musulmane – de la population du pays. Dans ce contexte, la position du gouvernement est d’autant plus fragilisée que l’ancien Premier ministre, Mohamed Mahathir, ne ménage pas ses critiques contre son successeur et que l’ancien adjoint de ce dernier, Anwar Ibrahim, s’attache, de son côté, à fédérer autour de lui l’opposition islamique.