Eglises d'Asie – Pakistan
A l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, l’Eglise a appelé le gouvernement à de véritables réformes
Publié le 18/03/2010
La Commission ‘Justice et paix’ salue les efforts du gouvernement pour améliorer la condition des femmes, notamment par le vote de la Loi sur la protection des femmes, qui est venue assouplir quelque peu les « ordonnances Hudood » sur le viol et l’adultère, mais exprime son inquiétude « face au rythme très lent des réformes » (1
Le président du Pakistan, Pervez Musharraf, a signé ce texte de loi le 1er décembre dernier. La nouvelle loi stipule que la peine de mort n’est plus applicable en cas d’adultère. Sous les ordonnances Hudood, adoptées en 1979 dans le cadre de l’islamisation du Pakistan décidée par le général Zia ul-Haq, une femme, pour voir un viol reconnu, devait produire, devant un tribunal islamique, les témoignages de quatre hommes, « bons musulmans faute de quoi elle pouvait se retrouver accusée d’adultère, un crime alors puni par la peine de mort. La nouvelle loi supprime la nécessité des quatre témoins et prévoit que le juge décidera si un procès pour viol aura lieu devant un tribunal civil ou une cour islamique. L’adultère demeure un crime ; il est désormais passible de cinq ans de prison et d’une amende de 10 000 roupies (140 euros). De plus, une fausse accusation d’adultère contre une femme sera punie de dix ans de prison. Les partis islamistes ont bruyamment protesté contre cet assouplissement de la loi sur le viol et l’adultère, voté le 23 novembre par l’Assemblée nationale.
Selon la Commission ‘Justice et paix’, les crimes commis contre les femmes sont bien trop nombreux au Pakistan. Ces cinq dernières années, plus de 30 000 de ces crimes ont été recensés, soit 6 603 cas de torture, 6 519 assassinats, 6 505 enlèvements, 4 770 crimes d’honneur (karo kari), 3 772 viols, 1 570 immolations par le feu, 536 cas de torture dus à la police et 218 cas de trafic de femmes. De plus, 5 542 femmes se sont suicidées.
« Le travail forcé, la distribution extrêmement inégalitaire des ressources, les lynchages, les disparitions volontaires, l’existence de lois discriminatoires – telles les lois contre le blasphème -, tels sont une partie seulement des dossiers qui restent à traiter peut-on lire dans le communiqué de l’épiscopat (2). Le 10 décembre, des rencontres ont été organisées à Faisalabad, à Hyderabad et à Rawalpindi pour sensibiliser les Pakistanais à l’urgence de mettre fin aux discriminations, qu’elles soient liées « à la religion, à la conscience, à l’identité ou à l’origine ».