Eglises d'Asie

Face à une guerre qui ne dit pas son nom, les Eglises ont exhorté les belligérants à cesser les tirs d’artillerie aveugles

Publié le 18/03/2010




Depuis début 2006, la guerre entre les forces armées gouvernementales et les troupes du LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul) a fait plus de 3 500 morts. Le cessez-le-feu de 2002 n’est plus respecté par les deux parties en conflit, même s’il n’a pas encore été formellement dénoncé par elles. Dans ce contexte de guerre qui ne dit pas son nom, les victimes civiles se font de plus en plus nombreuses, notamment parmi les déplacés. Les observateurs de l’ONU ont demandé la fin des tirs d’artillerie qu’ils qualifient d’indiscriminés et les Eglises ont joint leurs voix à cette demande. “Nous avons exhorté les deux parties à mettre fin à ces tirs d’artillerie à plusieurs reprises a déclaré, le 15 décembre dernier, le responsable de la Caritas du diocèse de Batticaloa à l’agence ENI (1).

Du fait des combats, l’acheminement des secours et de l’aide humanitaire aux personnes déplacées est rendu très difficile. Selon un pasteur de l’Eglise du Sud de l’Inde, présent à Batticaloa, les pluies de la mousson aggravent la situation. Le 29 novembre, un convoi d’aide humanitaire, organisé par le Programme alimentaire mondial, le CICR (Comité international de la Croix-Rouge), World Vision et le ministère sri-lankais pour la Construction nationale et le Développement, a pu atteindre la localité de Vaharai, une ville du district de Batticaloa, mais seuls 57 des 90 camions ont pu atteindre leur destination, les autres étant bloqués à des points de contrôle tenus par des militaires gouvernementaux. Vaharai fait partie d’une poche côtière tenue par les Tigres tamouls et de nombreuses personnes y ont cherché refuge lorsque des combats ont éclaté plus au nord, il y a quatre mois. Selon le Jesuit Refugee Service, les camions qui ont été empêchés d’avancer représentaient 40 % des besoins pour un mois des personnes déplacées.

Par ailleurs, peu avant Noël, une délégation de l’épiscopat catholique a rencontré le ministre de la Défense par intérim, Maithripala Sirisena, pour lui faire part de la situation parfois désespérée des personnes vivant dans le nord-est du pays. Les évêques ont fait valoir la nécessité d’envoyer une délégation du CICR à Jaffna pour faire le point sur les besoins humanitaires de la population. Mgr Vianney Fernando, président de la Conférence épiscopale, a également attiré l’attention du gouvernement sur l’importance d’ouvrir une véritable enquête au sujet de la disparition du P. Brown. Le P. Thiruchchelvan Nihal Jim Brown, 34 ans, curé de la paroisse Saint-Philippe-Néri à Allaipiddy, et un laïc père de cinq enfants, Wenceslaus Vinces Vimalathas, ont disparu le 20 août dernier à Jaffna (2).