Eglises d'Asie

Hongkong : dans une société à la population vieillissante, l’assistance aux personnes en fin de vie est importante et ne devrait laisser personne indifférent, déclarent des responsables religieux

Publié le 18/03/2010




A l’heure où les jeunes générations s’orientent de plus en plus vers le matérialisme, “Hongkong vieillit explique le P. Edward Chau King-fun. Un manque d’attention aux autres fait que les jeunes ne savent pas comment agir face à une personne en fin de vie, poursuit-il. Or, s’occuper d’un mourant ne se résume pas à lui apporter des soins physiques. Il est tout aussi important de se préoccuper de son esprit. Soulignant l’importance de ce ministère, il explique que les patients en fin de vie “peuvent tomber dans le désespoir mais que nous “pouvons leur donner la paix de l’esprit” si nous “allons à la rencontre de leurs besoins spirituels en ces moments cruciaux. Telle est la conviction que des représentants des principales religions présentes à Hongkong ont réaffirmée à l’occasion d’une rencontre, le 2 décembre dernier.

La rencontre, dont le secrétariat était organisé par le P. Chau et la Commission pour le dialogue interreligieux du diocèse catholique de Hongkong, avait pour thème : “Foi religieuse et fin de vie Elle était organisée dans le cadre du “Colloque des responsables des six religions une instance mise en place en 1978 pour promouvoir la compréhension, le partage d’expériences et le souci du bien commun des six grandes religions présentes à Hongkong (bouddhisme, catholicisme, confucianisme, protestantisme, islam et taoïsme) (1). Une centaine de personnes y ont pris part.

Chaque religion s’occupe de ses mourants selon ses propres valeurs, sans se soucier des autres religions, a fait observer le P. Chau, mais cela pourrait être amené à changer. Dans la société actuelle, il est important, a-t-il poursuivi, d’encourager “les jeunes à prendre conscience de l’existence des autres et de leurs problèmes”.

Le Vénérable Li Fang, chargé de l’éducation au sein de l’Association Heung Hoi Chin Kok Lin, a expliqué aux participants que les sentiments d’une personne mourante pouvaient influer sur sa vie post mortem. Pour ce moine, les bouddhistes doivent aider les mourants à “abandonner” leurs attachements à ce monde et prier ensemble pour leur réincarnation. Après la mort de la personne, a encore expliqué le moine, les bouddhistes doivent prier pendant huit heures pour aider l’âme du défunt dans son voyage, pendant que ses proches continuent leur “assistance” en priant, en ne mangeant pas de viande et en faisant des ouvres de charité. Le Vénérable Li a ajouté que la famille en deuil devait être soutenue par l’idée que la mort est un soulagement pour le défunt.

Pour Leung Tak-wah, de l’Association taoïste de Hongkong, les soins aux mourants les aident à quitter ce monde sans inquiétude et, pour Luen Chih-biau, vice-président de l’Académie confucéenne de Hongkong, s’occuper des autres devraient concerner tout le monde, “où qu’ils soient, quel que soit le moment et pas seulement avant leur mort”.

L’imam Muhammed Noorudin Yang, de l’Association culturelle et fraternelle des musulmans chinois, a souligné, de son côté, qu’un sage ne passe pas sa vie à des choses inutiles, mais se prépare dès aujourd’hui à rencontrer Allah. Le représentant du protestantisme, Kung Lap-yan, maître assistant à la Divinity School du Chung Chi College de l’Université de Hongkong (2), a rappelé que ce qu’un chrétien visait, en se tenant au chevet d’un mourant, c’était la réconciliation entre Dieu et l’homme.

Enfin, l’intervention d’une cancérologue catholique, Rebecca Yeung Mei-wen, a été lue aux participants par le P. Chau. “Pourquoi ?” est la question que posent les patients, a-t-elle écrit, soulignant que le cour de la foi des catholiques étant la résurrection, la mort n’est pas une fin mais l’occasion de transformer la peur en l’espérance de la vie éternelle. Pour ce médecin, une personne croyante perçoit que sa souffrance est une participation au salut de Dieu ; dès lors, l’angoisse s’amenuise, même si la douleur persiste.

Par ailleurs, l’intérêt pour l’assistance aux mourants semble progresser à Hongkong. La formation de trois semaines organisée par la Commission catholique diocésaine de liturgie depuis le mois de novembre dernier fait salle comble. Les cours abordent des sujets tels que l’assistance aux mourants, l’aide aux familles endeuillées et l’enseignement de l’Eglise sur la vie et la mort. De même, des cours, récemment proposés par une ONG locale, la “Société pour la promotion de soins hospitaliers rencontrent également un vif succès.