Eglises d'Asie

Le bombardement d’un camp de réfugiés tamouls catholiques provoque la colère des chrétiens et soulève des protestations aux Nations Unies

Publié le 18/03/2010




Le bombardement, le 2 janvier dernier, d’un camp de réfugiés tamouls catholiques, dans la localité côtière de Padahuthurai, près de Mannar, au nord-ouest du pays, a provoqué la colère des chrétiens de la région et a soulevé des protestations aux Nations Unies. Treize personnes y ont trouvé la mort, dont huit enfants, et 35 autres victimes ont été grièvement blessées. D’après le gouvernement, la zone bombardée était sous contrôle de rebelles tamouls et le bombardement en cause a tué plusieurs dizaines de cadres des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE).

Toutefois, selon Mgr Joseph Rayappu, évêque catholique de Mannar – dont le diocèse comprend la zone touchée par le bombardement -, tel n’est pas le cas. Le prélat a écrit au président sri-lankais, Mahinda Rajapakse, afin de réfuter les affirmations faites par le gouvernement. “Je souhaiterais vous faire savoir qu’il n’y avait pas de bunkers de LTTE et que rien n’indiquait que des camps ou des résidences particulières de cadres des LTTE se trouvaient à proximité de la zone a-t-il écrit, après avoir visité le village bombardé.

“Cette attaque ciblait manifestement des civils et, comme j’ai pu en témoigner, elle a tué au moins treize civils innocents a-t-il précisé. Selon lui, beaucoup de victimes étaient des pêcheurs qui vivaient dans des huttes faîtes en feuilles de cocotiers. “Le gouvernement n’a même pas eu la franchise de reconnaître la grave erreur qui a été commise par ses troupes a-t-il déclaré à l’agence Ecumenical News International (1).

Le pasteur Kingsley Perera, président du Conseil chrétien national du Sri Lanka (2), a quant à lui critiqué “l’indifférence et le silence” des puissances occidentales, notamment des Etats-Unis vis-à-vis de l’augmentation du nombre des victimes civiles au Sri Lanka.

La sous-secrétaire générale des Nations Unies aux Affaires humanitaires, Margareta Wahlström, a pour sa part, émis des protestations. “Les Sri Lankais continuent à souffrir profondément de ce conflit et les vies perdues mardi dernier sont une source de préoccupation majeure a-t-elle déclaré quelques jours après le bombardement.

Sur le flanc est de l’île, à Batticaloa, des milliers de réfugiés tamouls ont afflué depuis la région de Vaharai, tenue par des rebelles, selon le pasteur Jesusdasan, en charge de la paroisse méthodiste de Chenkalady. L’afflux de réfugiés a commencé peu avant Noël, lorsque 25 000 Tamouls ont fui les tirs d’artillerie des forces gouvernementales qui cherchaient à reprendre le contrôle de la région de Vaharai.

Pour le P. J. Alagudari, prêtre catholique à Valachenai, à une quarantaine de kilomètres de Batticaloa, les institutions ecclésiastiques, déjà mises à rude épreuve ces derniers mois, sont les premiers endroits où les civils fuyant les combats se réfugient.