Eglises d'Asie

Une réunion à haut niveau au sujet de la Chine se prépare au Vatican

Publié le 18/03/2010




Selon un article du South China Morning Post du 9 janvier dernier, le cardinal Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong, se rendra d’ici à la fin de ce mois, à Rome, pour prendre part à une réunion de haut niveau. L’objet de cette réunion, présidée par le Secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, sera de définir la conduite que le Saint-Siège doit tenir dans les négociations avec la Chine au sujet d’une éventuelle normalisation des relations avec Pékin. Les responsables de l’Eglise devront faire le point après une année 2006 marquée, entre autres choses, par trois ordinations épiscopales illicites – car menées sans l’accord du pape – et deux autres menées avec l’accord de Benoît XVI et celui des autorités chinoises (1).

Selon le cardinal Zen, les responsables du Saint-Siège vont devoir réfléchir à la manière de poursuivre les contacts avec Pékin, ces contacts paraissant à chaque fois prometteurs mais ne se traduisant pas par une amélioration des questions qui tiennent l’Eglise à cour, notamment le processus de sélection et de nomination des évêques (2). Pour le cardinal, qui a souligné que le pape connaissait sa position sur le sujet, il est inévitable que le Saint-Siège adopte une ligne plus dure lors de ses prochains contacts avec Pékin. “Il n’y a pas le choix, a-t-il déclaré. Ce que [la Chine] a fait rend difficile pour nous de ne pas durcir le ton. Ne pas le faire équivaudrait à se soumettre.” Il est probable que la question des nominations épiscopales revienne très bientôt sur le devant de la scène, les instances de l’Eglise “officielle” se préparant à désigner des évêques pour trois diocèses, ceux de Canton, du Guizhou et de Yichang (province du Hubei).

A Rome, le 26 décembre dernier, à l’occasion de la fête de saint Etienne, diacre et premier martyr, le pape concluait sa méditation, lors de la prière de l’Angélus par les mots suivants : “Avec une proximité spirituelle particulière, je pense également à ces catholiques qui restent fidèles au Siège de Pierre sans céder à des compromis, parfois même au prix de graves souffrances. Toute l’Eglise en admire l’exemple et prie pour qu’ils aient la force de persévérer, en sachant que leurs épreuves sont source de victoire, même si sur le moment elles peuvent sembler un échec.” Dans les jours qui ont suivi, dans l’édition datée du 7 janvier 2007 du Sunday Examiner, l’hebdomadaire de langue anglaise du diocèse de Hongkong, on pouvait lire, en première page, sous la plume de “Joseph Zen” : “Les propos du Saint-Père ont fait la clarté. Nous pouvons de nouveau contempler la splendeur de la vérité, à savoir que le martyre a un sens, que le martyre est glorieux !” Joseph Zen poursuivait, en expliquant que tout compromis vaut pour un temps et n’a pas vocation à durer éternellement. “Etre en communion avec le Saint-Père et rester dans une Eglise qui se déclare indépendante présente une contradiction dans les termes. Le Saint-Siège tolère cela avec magnanimité. Nous l’acceptons dans l’humiliation. Il est aujourd’hui grand temps que nous nous défassions de cette contradiction et que chacun sache que nous, catholiques, voulons être catholiques, en communion avec tous les catholiques de par le monde, sous la direction de l’évêque de Rome.”

Pour Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint Esprit, du diocèse de Hongkong, c’est un fait que les relations entre la Chine et le Saint-Siège sont arrivées à “un tournant”. Les deux parties saisissent toutes les occasions pour exprimer leurs bonnes dispositions respectives l’une envers l’autre, mais la nomination des évêques demeure une pierre d’achoppement ainsi que les interventions de l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses dans la vie de l’Eglise.

Pour le cardinal Zen, cette rencontre à Rome sera peut-être également l’occasion de voir son avenir se préciser. Agé de 75 ans depuis ce 13 janvier, il n’a pas fait mystère, ces derniers mois, de sa volonté d’être déchargé par le pape de ses responsabilités à la tête du diocèse de Hongkong pour se consacrer à l’Eglise de Chine (3). Il a souvent répété qu’il espérait prendre sa retraite à cette fin, durant l’année 2007. Pékin, pour sa part, ne cache pas son souhait de voir le cardinal Zen quitter Hongkong, même pour être nommé à Rome, car cela éloignerait de la Chine une personnalité considérée par le régime chinois comme ne lui étant pas favorable.