Eglises d'Asie

Dans une lettre adressée au ministre de l’Education, des responsables de l’Eglise catholique ont fait part de leurs préoccupations au sujet de la prochaine réforme des programmes scolaires

Publié le 18/03/2010




Le 22 janvier dernier, une lettre de Mgr Lawrence Saldanha, archevêque de Lahore et président de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan, et du P. Peter Jacob, secrétaire exécutif de la Commission ‘Justice et Paix’, a été adressée au ministre fédéral de l’Education, Javed Ashraf Qazi, au sujet des préoccupations de l’Eglise catholique concernant le projet de réforme des programmes scolaires visant à protéger les minorités religieuses.

En effet, depuis plusieurs années, l’Eglise demande que les programmes scolaires soient dénués de partis pris religieux et communautaristes (1), car, selon les minorités religieuses et des ONG locales, les manuels scolaires actuels encouragent la violence, le sectarisme et les discriminations envers les femmes et les minorités religieuses (2). C’est pour répondre en partie à ces accusations que le ministère fédéral de l’Education a publié, en décembre dernier, un Livre blanc, sans toutefois inviter les éducateurs catholiques et les ONG à son élaboration, ni leur laisser un temps de réflexion suffisant pour se prononcer sur le sujet.

C’est d’ailleurs afin de pouvoir donner leur avis sur le projet de réforme que les interlocuteurs non invités à l’élaboration du Livre blanc se sont réunis, du 11 au 13 janvier dernier, à Lahore, lors d’une conférence sur “l’éducation et les programmes d’enseignement au Pakistan : leurs conséquences sur l’harmonie interreligieuse et la paix en demandant au gouvernement un délai de deux mois supplémentaires pour se prononcer. Lors de ce colloque, les intervenants ont fait remarquer que, dans la réforme prévue, l’étude de l’islam reste obligatoire dans tous les établissements scolaires, de l’école élémentaire au lycée. Les écoles catholiques sont autorisées à enseigner le catéchisme jusqu’en quatrième, mais ensuite elles ne le peuvent plus puisqu’à partir de la troisième, les élèves de religion musulmane ont des examens sur l’islam et les élèves d’autres confessions, des examens sur l’éthique morale.

Dans la lettre du 22 janvier adressée au ministre fédéral de l’Education, l’Eglise catholique demande la suppression de l’enseignement obligatoire de l’islam, une augmentation des subventions et davantage d’attentions portées aux revendications des professeurs et des minorités religieuses du pays. L’Eglise souhaite voir “retirés des programmes [.] les discriminations et les préjugés à l’égard des femmes et des minorités religieuses” car l’étude obligatoire « de l’islam et de l’arabe comme matière principale pour les élèves, et celle de l’éthique morale pour les non-musulmans [a tendance à] isoler et à accentuer les discriminations envers les minorités religieuses” (3). C’est notamment pour ces raisons que les responsables chrétiens souhaitent que les matières religieuses ne soient étudiées que dans l’enseignement supérieur et à titre optionnel, afin de garantir une égalité de respect à toutes les religions, sans qu’aucune mention ne soit faite à l’appartenance religieuse.

Les responsables de l’Eglise catholique soulignent également que les nouveaux programmes “doivent se concentrer sur les valeurs humaines universelles et laisser l’éducation religieuse à la responsabilité des familles et des institutions des communautés religieuses respectives Dans un troisième point, l’Eglise suggère également que le coût de l’éducation “soit réduit grâce à des allocations budgétaires adéquates comme l’augmentation du budget de l’Education – qui ne dépasse pas aujourd’hui les 2,5 % du PIB -, les allocations supplémentaires permettant d’améliorer les infrastructures et la formation des professeurs.

D’après un communiqué de la Commission ‘Justice et Paix’ du 13 janvier dernier, le Livre blanc est “inacceptable puisqu’il propose que les religions autres que l’islam soient enseignées aux élèves d’un point de vue islamique. Selon le ministère fédéral de l’Education, le Livre blanc est “un document pour débattre et finaliser la politique nationale en matière éducative” puisqu’en 2005, le gouvernement a pris la décision de revoir sa politique en la matière afin “de garantir une société sans conflit et permettre à chaque individu de développer ses talents naturels Selon le gouvernement, ces réformes devraient commencer en août prochain et s’achever en 2010.