Eglises d'Asie – Chine
Hongkong : un Père trappiste chinois de cent dix ans est sans doute le plus âgé de tous les prêtres catholiques du monde
Publié le 18/03/2010
Participaient à cette concélébration eucharistique quatre Pères trappistes et Mgr Joseph Chiang, directeur de Bureau national de la pastorale pour les Chinois des Etats-Unis, originaire, comme le P. Kao, du diocèse de Fuzhou, dans la province du Fujian, en Chine continentale. Dans son homélie, s’adressant aux 150 invités, le Père abbé a dit avec humour : « Plus le vin est vieux, meilleur il est. »
Pour remercier ses invités, le P. Kao s’est exprimé dans le dialecte de Fuzhou, traduit en mandarin par Mgr Chiang, qui, enfant, lui servait la messe. « Je crois que la Mère de Dieu a été bonne pour moi et a demandé à son Fils de me donner cent ans de vie. Et quand je suis arrivé à 100 ans, elle lui a demandé d’en ajouter dix autres a plaisanté le moine, en faisant tinter dans sa poche le rosaire qu’il utilise tous les jours depuis soixante-quatorze ans. Au cours de sa vie, le P. Kao a édifié six chapelles et trois églises consacrées à la Vierge Marie.
Le P. Kao est né à Changle, dans le diocèse de Fuzhou, en 1897 et a été baptisé en 1915. Ordonné prêtre en 1933, il commença à travailler comme vicaire à la cathédrale puis passa quarante ans au service des chrétiens chinois de Taiwan, de Malaisie, de Singapour et de Thaïlande, survivant non sans difficultés à deux guerres mondiales et à l’occupation de la Chine par l’armée japonaise de 1937 à 1945.
Ce 15 janvier, à Lantau, son petit neveu, Kao Bin, était venu de Fuzhou, accompagné de sa femme. Une vingtaine de Taïwanais étaient présents, ainsi que dix-neuf paroissiens de la cathédrale du diocèse de Sibu, dans l’Etat de Sarawak, en Malaisie. Ils ont expliqué à l’agence Ucanews que les Chinois catholiques installés à Sibu venaient de Fuzhou et « se sentaient très proches » quand le P. Kao était parmi eux. Ce dernier visitait souvent les familles de ses paroissiens et les catéchumènes et c’est lui qui a fait revivre la communauté catholique chinoise, en renouant avec ceux qui s’étaient éloignés de l’Eglise parce qu’ils ne comprenaient pas la liturgie célébrée en langue anglaise, ont-ils témoigné.
En 1972, le P. Kao, à l’âge de 75 ans, a quitté la vie active pour entrer dans la communauté des trappistes de Hongkong, cisterciens de la stricte observance, où il fit ses voux perpétuels à l’âge de 100 ans. La communauté compte aujourd’hui seize membres, tous âgés, à l’exception du Père abbé, quadragénaire, Dom Anastasius Li, pour qui vivre avec des moines âgés est une bénédiction de Dieu. La plupart n’étaient pas présents à cette fête jubilaire du P. Kao. L’ayant célébrée la veille, ils ne désiraient pas écorner plus que nécessaire la régularité de leur vie monastique.
A ceux qui lui demandent les secrets de sa longévité, le P. Kao répond : « Renoncer à la colère, au tabac, à l’ivresse et à la gourmandise et avoir une activité physique, de l’humilité, de la charité, de la patience et prier ajoutant qu’il est content de tout ce qu’il a fait durant sa vie mais qu’il lui reste encore à faire ce qu’il n’a jamais fait : « Retourner auprès du Père des cieux ».