Eglises d'Asie

Tandis que se tenait au Vatican une rencontre à haut niveau au sujet de la Chine, la nouvelle de la nomination par le pape d’un évêque pour le diocèse de Canton a filtré dans la presse

Publié le 18/03/2010




A la veille de la tenue à Rome d’une réunion à haut niveau au sujet de la Chine (1), la presse de Hongkong a fait état de la nomination par le pape du P. Gan Junqiu à la tête du diocèse de Canton, dans la province du Guangdong.

Le choix du candidat n’est pas une surprise. A la fin du mois de novembre dernier (2), le P. Gan Junqiu, 42 ans, secrétaire général du diocèse, avait été élu par 36 voix pour et une abstention, quelques voix se portant sur des prêtres âgés du diocèse. Les électeurs étaient composés des quelque seize prêtres du diocèse, de religieuses et de responsables laïques. La candidature du P. Gan a été étudiée par le Saint-Siège pour un éventuel accord. C’est cet accord qui a filtré, à Hongkong le 16 janvier sur Cable TV, puis dans la presse chinoise de Hongkong le lendemain. Le South China Morning Post en fait état dans son édition datée du 18 janvier.

Le P. Gan étant appelé à devenir l’évêque « officiel » du diocèse de Canton – un siège épiscopal vacant depuis le décès, en mai 2001, de Mgr James Lin Bingliang -, sa candidature doit également être acceptée par les autorités chinoises. Selon Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, les structures de l’Eglise de Chine n’ont pas fini l’étude de sa candidature ; par conséquent, la date de l’ordination épiscopale du P. Gan n’a pas encore été fixée (3).

Selon les observateurs, la nomination à l’épiscopat du P. Gan diffère évidemment des ordinations illicites – car non reconnues par le pape – qui ont eu lieu, au printemps 2006, à Kunming et dans l’Anhui et, le 30 novembre dernier, à Xuzhou. En revanche, elle s’inscrit bien à la suite des nominations épiscopales de ces dernières années où les candidats choisis localement dans les diocèses ont été approuvés aussi bien par le pape que par les autorités chinoises. Cela a été le cas à Shanghai, Xi’an (province du Shaanxi), Wanxian (Chongqing), Suzhou (province du Jiangsu) et Shenyang (Liaoning). Mais la nomination du P. Gan présente toutefois une particularité : l’accord du pape sur la candidature a filtré avant que ne le soit celui des autorités chinoises.

Autrement dit, Pékin se voit contraint ici de reconnaître que la nomination par Rome a précédé la nomination par les instances « officielles » de l’Eglise de Chine, ce qui présente une contradiction avec les principes d’indépendance réaffirmés avec constance par le gouvernement de la Chine. Mais, selon Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, cette nomination par Rome « est bénéfique à l’amélioration des relations sino-vaticanes. Cela montre que le Vatican et le nouveau pape comprennent que ce que nous faisons est bon pour la propagation de la foi » (4). Depuis, des rumeurs, rapidement démenties, ont circulé sur un revirement du Vatican avec la nomination d’un autre candidat. Cette publicité involontaire autour de son cas a rendu la situation du P. Gan très difficile, le jeune prêtre devant faire face à la fois aux remontrances du gouvernement et aux pressions des journalistes.

Selon un observateur, la question se pose désormais du choix des évêques consécrateurs. Pour le Saint-Siège, aucun évêque illégitime ne devrait être associé à la consécration. De son côté, Pékin souhaitera mettre en avant des évêques qui ont été compromis dans les récentes ordinations illicites.

Dans les prochains mois, d’autres ordinations épiscopales devraient avoir lieu. Des candidats ont été choisis pour les diocèses de Yichang (province du Hubei) et de Guiyang (Guizhou) ; la réponse de Rome n’est pas encore connue officiellement.