Eglises d'Asie

La plus ancienne congrégation religieuse féminine du pays affronte avec détermination les réalités du monde moderne

Publié le 18/03/2010




La Congrégation des Associées de Marie Reine des Apôtres (SMRA), qui fêtera ses 75 ans d’existence l’an prochain, bénéficie d’un flux régulier de vocations, mais la formation des nouvelles candidates exige de la congrégation une adaptation à de nouveaux défis. D’après Sr Mary Dipti, à la différence de nombreuses congrégations religieuses dans le monde, le nombre de vocations n’a pas encore diminué et enregistre encore une moyenne de cinq entrées par an. “Même si plusieurs d’entre elles nous quittent après un ou deux ans, dit-elle, nous sommes heureuses d’accueillir chaque année de nouvelles venues qui persévèrent dans leur vocation religieuse.”

Fondée en 1933 par Mgr Timothy John Crowly et Sr Rose Bernard, de la congrégation de la Sainte Croix, la Communauté religieuse des Associées de Marie Reine des Apôtres est la plus ancienne et la plus importante des trois congrégations féminines d’origine bangladaise, avec 221 professes perpétuelles, dix novices et huit aspirantes. Celles-ci représentent à elles seules un cinquième des 1 200 religieuses du pays, réparties en 24 congrégations.

Quoiqu’il en soit, Sr Dipti et Sr Anita s’inquiètent des motivations et de la personnalité des jeunes filles qui frappent à leur porte. “Auparavant, c’étaient des étudiantes intelligentes et premières de leur classe, se souvient Sr. Dipti. Maintenant, nous voyons venir des jeunes filles issues, pour la plupart, de familles divisées ou très pauvres. Il nous faut être particulièrement attentives à leur formation. Cela prend du temps de les aider à réaliser ce qu’est la vie religieuse.” Elle ajoute que les jeunes femmes venues de familles divisées ne comprennent pas bien ce que sont le mariage et la vie familiale, ce qui peut les conduire à un discernement irréaliste de leur propre vocation. “Nous les accompagnons dans une démarche de compréhension de la vie religieuse et de la vie de famille. Chacune d’elles est accueillie différemment explique Sr Dipti, qui souligne combien la société moderne encourage davantage l’hédonisme que les valeurs religieuses.

Sr Anita, de son côté, a expliqué que les religieuses entendaient privilégier les visites aux familles catholiques. Le but est de renforcer les liens avec elles, tout en leur inculquant un sens profond des valeurs chrétiennes et spirituelles. “Ce qui n’est pas facile reconnaît-elle. La nouvelle supérieure cite également, comme nouveau défi, la tendance actuelle à privilégier les familles peu nombreuses. Les couples chrétiens ne veulent pas avoir plus d’un ou deux enfants parce qu’ils rêvent d’une vie plus agréable, commente-t-elle. “Nous voudrions également sensibiliser ces familles à la vie religieuse pour qu’elles puissent à leur tour amener leurs enfants à réfléchir à la possibilité d’une vocation.”

Le travail apostolique de la congrégation concerne essentiellement l’éducation et la santé. Presque la moitié d’entre elles enseignent, mais, pour les jeunes religieuses, il apparaît de plus en plus difficile de trouver des postes dans les écoles primaires, fait remarquer Sr Dipti. En effet, le gouvernement demande maintenant à toutes les candidates de passer un entretien et, souvent, népotisme et pots de vin prévalent. C’est moins difficile pour les écoles secondaires, continue-t-elle, mais “nous ne pouvons pas donner des dessous de table et nous n’avons pas non plus d’‘oncles’ pour nous recommander 

Les religieuses espèrent également accroître leur apostolat dans le secteur sanitaire en construisant un hôpital, a annoncé Sr Anita. Avant tout, explique-t-elle, il nous faut trouver un emplacement. Deux religieuses de la SMRA, qui ont terminé leurs études de médecine et sont en internat au Mymensingh Medical College, vont prochainement être diplômées en médecine.

Enfin, la nouvelle supérieure des Associées de Marie Reine des Apôtres souhaite voir les membres de sa congrégation, quel que soit leur apostolat, être davantage impliquées dans la mission d’évangélisation, en devenant elles-mêmes “sel” de la terre et “lumière” du monde (1). Son espoir est qu’à travers leurs actes et leurs paroles, elles soient capables de partager et diffuser les enseignements du Christ et la parole de Dieu. Avec 130 millions d’habitants, le Bangladesh est l’un des principaux pays musulmans du monde. Les musulmans représentent 83 % de la population, les hindous 16 %, les bouddhistes 0,6 % et les chrétiens 0,3 %.