Eglises d'Asie

Près de trois millions de musulmans se sont retrouvés pour un rassemblement annuel malgré la situation politique tendue qui règne dans le pays

Publié le 18/03/2010




Pendant trois jours, les 2, 3 et 4 février derniers, près de trois millions de musulmans se sont retrouvés pour un rassemblement annuel le long de la rivière Turag, dans une petite ville industrielle située au nord de Dacca, la capitale, malgré une situation politique tendue dans le pays. Alors que la foule avait déjà envahi les 76 hectares du terrain aménagé pour les recevoir, des pèlerins continuaient à affluer sur des bateaux surchargés pour atteindre les rivages, pendant que d’autres, bloqués dans les embouteillages routiers, terminaient à pied.

Le rassemblement avait pour thème la paix, l’harmonie et l’étude des dogmes de l’islam, à travers des ateliers d’échanges, des prédications et des temps de prière, en prenant soin d’éviter les sujets politiques, compte tenu de la situation actuelle. Depuis près de quatre mois, le Bangladesh est en effet en proie à des violences de caractère politique, qui ont fait 45 morts et des centaines de blessés. En octobre dernier, à la fin de son mandat, Khaleda Zia, Premier ministre et leader du Parti Nationaliste Bangladais (BNP), a remis le pouvoir, conformément à la loi, à un gouvernement intérimaire chargé d’organiser de nouvelles élections législatives et dirigé par le président actuel, Iajuddin Ahmed.

Acculé par des manifestations de l’opposition, essentiellement la Ligue Awami (AL), le parti nationaliste et laïque de gauche, et l’inquiétude de la communauté internationale – les Nations Unies et l’Union européenne avaient décidé de suspendre leur mission d’observation des élections -, le chef de l’Etat a été contraint, le 11 janvier dernier, de décréter l’état d’urgence, d’annuler les élections législatives prévues pour le 22 janvier et de présenter sa démission de ses fonctions de chef de gouvernement intérimaire, cédant ainsi à l’opposition.

Depuis, c’est l’ancien directeur de la Banque centrale, Fakhruddin Ahmed, qui a pris la tête du gouvernement intérimaire. Il s’est engagé à lutter contre la corruption. Le 4 février, plusieurs anciens ministres de la Ligue Awami et du BNP ont été interpellés. Par ailleurs, le gouvernement a également nommé un ancien haut fonctionnaire à la tête de la Commission électorale, dont la composition était jusqu’alors l’objet d’une vive controverse. Avant la démission de cinq de ses responsables, le 31 janvier dernier, une alliance de partis d’opposition dirigée par Sheikh Hasina, ex-Premier ministre et chef de la Ligue Awami, avait accusé la commission de favoriser sa rivale, Khaleda Zia.

Cette crise nouvelle s’ajoute à une longue liste de troubles qui secouent le Bangladesh depuis son indépendance en 1971, arrachée au Pakistan. Deux présidents ont été assassinés, dix-neuf coups d’Etat ont échoué et l’avènement d’un régime démocratique en 1990 s’est traduit par une forte rivalité entre les deux principaux partis politiques, le BNP et la Ligue Awami.

Malgré une instabilité politique quasi-permanente, le rassemblement musulman organisé non loin de la capitale comptait, cette année, près d’un demi-million de pèlerins supplémentaires par rapport à l’année 2006, d’après un policier de la région. Le Congrès mondial des musulmans, également appelé Bishwa Ljtema, se tient chaque année depuis 1966, le long de la rivière Turag (1). Près de 90 % de la population bangladaise est musulmane et le Bangladesh l’un est des quatre plus grands pays musulmans du monde, après l’Indonésie, l’Inde et le Pakistan.