Eglises d'Asie

A Macao, anglicans et catholiques s’unissent pour aider les jeunes à ne pas tomber sous la dépendance des jeux d’argent

Publié le 18/03/2010




Face à la multiplication du nombre des casinos à Macao, un groupe protestant d’entraide sociale et une organisation catholique basée à Hongkong ont uni leurs forces pour former des conseillers chargés d’aider les personnes prisonnières de la passion du jeu. Organisé par le Macao Sheng Kung Hui (anglican) Youth Leadership Development Centre et le Caritas Addicted Gamblers Counselling Centre de Hongkong, un stage a eu lieu du 20 janvier au 11 février dernier. Il a réuni 21 personnes, des professionnels de la santé, des travailleurs sociaux ainsi que des spécialistes chargés de former les croupiers de casinos. Le but était de former “davantage de professionnels au niveau local pour qu’ils deviennent des conseillers capables d’aider les joueurs devenus dépendants a expliqué Seiko Lee Wai-wah, directrice du Youth Leadership Development Centre.

La formation a porté sur la manière d’identifier et de conseiller les joueurs devenus dépendants au jeu et d’éviter que d’autres ne le deviennent, tout en favorisant une prise de conscience quant aux problèmes liés à ces jeux d’argent.

Selon Joe Tang, directeur du Centre de la Caritas, le nombre des personnes dépendantes aux jeux d’argent à Macao a augmenté en proportion du nombre des casinos ouverts ces derniers temps ; or, le gouvernement local ne fait pas grand-chose pour prévenir ou aider ces joueurs dépendants. Selon les médias locaux, le succès des casinos ne faiblit pas et, le 11 février dernier, une foule de 50 000 personnes se pressait à l’ouverture du 25ème casino du territoire. L’industrie du jeu, vieille de trois siècles à Macao, surnommée le “Monte Carlo de l’Orient connaît une vitalité sans pareille, nourrie notamment par l’arrivée massive de joueurs de Chine continentale.

Seiko Lee et quelques autres personnes originaires de Macao avaient assisté au premier stage d’assistance socio-psychologique organisé par Caritas à Hongkong en novembre 2005, ainsi qu’à celui organisé à Macao en 2006 (1). Joe Tang a suggéré que le gouvernement consacre un dixième des revenus générés par les taxes sur les jeux à des actions d’aide aux joueurs devenus dépendants. “Les conséquences du jeu peuvent être très graves et ruiner la vie d’une personne ou désintégrer une famille entière explique Joe Tang, qui précise que, désormais, les jeunes à Macao quittent les bancs de l’école pour travailler dans les casinos.

Lei Kuok-kit, qui enseigne au Centre de formation des métiers du tourisme et des casinos de Macao, a participé au stage monté par les organisations chrétiennes. Il a confié que lui aussi connaissait des gens – dont certains parmi sa parenté – qui étaient devenus dépendants au jeu. Agé de 50 ans, instructeur responsable de la formation des futurs croupiers, il espère que le stage contribuera à lui donner les outils pour aider les jeunes qu’il forme. “Leur donner quelques principes de base pourra les aider à éviter de devenir eux-mêmes dépendants a-t-il expliqué. Ancien croupier lui-même, Lei Kuok-kit a souligné que, bien qu’il y ait plusieurs centres publics d’assistance à Macao, le gouvernement n’accorde pas assez d’aide pour promouvoir de tels services. Comme Joe Tang, il estime que le gouvernement devrait consacrer une part des bénéfices de l’industrie du jeu à compenser les méfaits générés, qu’il dit être “inévitables mais susceptibles d’être réduits” (2

Seiko Lee a fait remarquer que les jeunes disent vouloir travailler dans les casinos uniquement pour payer leurs études, mais, de fait, beaucoup finissent par devenir dépendants. Un phénomène attesté par la recrudescence, ces derniers mois, des vols dans les casinos de la part de jeunes croupiers pour qui l’argent facile est devenu le seul moyen de résoudre leurs problèmes. Soulignant que le salaire mensuel d’un croupier était passé de 10 000 patacas (984 euros) l’an dernier à 18 000 (1771 euros) cette année du fait de la surenchère à laquelle se livrent les nouveaux casinos, Seiko Lee remarque que les autres secteurs de l’économie locale ne pouvant pas suivre, l’attrait des jeunes pour les casinos n’est pas prêt de tarir (3).