Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er janvier au 28 février 2007

Publié le 18/03/2010




POLITIQUE

La vie politique continue d’être marquée par la main mise complète du PPC (Parti du Peuple Cambodgien, ex-communiste) sur l’appareil de l’Etat et par celle du Premier ministre Hun Sen sur le Parti.

Elections municipales du 1er avril

Peu à peu, malgré la pression officielle et de nombreuses embûches, la démocratie fait son chemin dans les esprits.

Enregistrements des candidats

Treize partis sont en lice pour les élections municipales du 1er avril : le PPC, le FUNCINPEC (parti royaliste), le PSR (Parti de Sam Rainsy), le PNR (Parti de Norodom Ranariddh), le FSCN (Front Sangkhum Chéat Niyum, de Sisowath Thomico), le Parti de la Nation khmère, la Ligue pour la Démocratie, le parti Chamreun Niyum Khmer, le Parti du Mouvement démocratique de Hang Dara, le Parti Démocratique Khmer, le Parti de la Société démocratique, le Parti du peuple uni du Cambodge. Le 12 février, Lon Rith, fils de Lon Nol, vivant aux Etats-Unis, fait reconnaître son parti, le Parti Khmer Républicain, par le ministère de l’Intérieur. Seuls les quatre premiers présentent des candidats dans la totalité des 1 621 communes.

Le PSR dénonce fréquemment des cas d’irrégularités dans l’inscription des candidats, des cas de corruption, de harcèlement administratif, achats de voix, intimidations et violences, allant jusqu’à l’assassinat. Les plaintes du PSR sont systématiquement rejetées par le CNE (Comité National des Elections). A leur demande, plus d’une centaine de candidats du PSR, du PNR, du FSCN sont rayés des listes de candidats par le CNE. Le PNR accuse le PPC d’exercer des pressions sur ses candidats pour qu’ils se retirent, mais, plus prosaïquement, certains sont mécontents des postes proposés sur les listes électorales. La vie politique cambodgienne est avant tout guidée par des intérêts clientélistes plus que par l’idéologie.

Un guide pratique à l’intention des chefs de village est édité à 20 000 exemplaires. Des affiches sont apposées dans les villages. Le Cendre pour le Développement Social (CDS) prévoit d’éditer un guide de 24 pages, publié à 350 000 exemplaires, expliquant le déroulement des élections et le programme de chaque parti sur cinq questions importantes (conflits fonciers, immigration, corruption, décentralisation, justice). Cependant, le CNE demande de supprimer une phrase dans le programme du FSCN affirmant que ce parti veut “libérer le pays de l’occupation étrangère”. Le CNE juge cette phrase contraire à la Constitution. Le FSCN crie à l’ingérence.

L’impression des bulletins de vote, puis leur envoi n’ayant pas été contrôlés par les divers partis, les observateurs s’attendent à des fraudes massives. Une visite guidée de l’imprimerie, dirigée par le CNE, le 2 février, alors que l’impression était déjà très avancée, ne réussit pas à dissiper les doutes.

En dépit des recommandations du CNE et du Premier ministre, la télévision nationale et tous les organismes d’Etat continuent leur martelage en faveur du PPC. Toute inauguration de réalisations gouvernementales donne lieu à un meeting électoral en faveur du Parti. Les partis qui présenteront des candidats dans plus de 1 000 communes bénéficieront de six minutes d’antenne sur les médias nationaux, les autres cinq minutes. Une émission “Equité financée par le PNUD, l’Australie, la Suède et l’Union européenne, donnera un temps de parole à chaque parti, du 16 au 30 mars, à une heure de grande écoute. Cette émission devrait se poursuivre jusqu’aux élections de 2008.

Le 15 février, un agent du CNE local de Kompong Cham est limogé pour avoir porté un T-shirt arborant le logo du PPC.

Vie des partis

Après l’éviction de Ranariddh de la tête du Funcinpec, le 18 octobre dernier, un certain nombre de membres du parti ont rejoint le PNR, lui assurant ainsi une infrastructure pour les prochaines municipales. En revanche, Mam Bun Néang, proche de Ranariddh et trésorier du PNR, passe au Funcinpec, en échange d’un poste ayant le rang de ministre. Un chef de quartier PSR de la banlieue de Phnom Penh passe au PPC. Il est vrai que les quartiers PSR ont été l’objet de discriminations dans l’octroi d’aides au développement de leur quartier. De nombreux panneaux du Funcinpec sont détruits par les membres du PNR.

Le 1er janvier, Sisowath Thomico exprime le souhait que soit formée une union de tous les royalistes contre le PPC, pour les élections municipales du 1er avril, et dont il prendrait la tête. Ranariddh attend l’issue des élections pour que le PNR fusionne avec le FSCN.

Le 3 janvier, la Cour municipale de Phnom Penh rejette la plainte déposée par Ranariddh contre la légalité de la tenue du congrès extraordinaire du Funcinpec du 18 octobre, qui l’a évincé de la direction du parti, et sa demande d’interdiction pour les nouveaux dirigeants de signer des actes officiels. En revanche, la Cour municipale interroge plusieurs anciens membres du comité directeur du parti royaliste pour instruire la plainte déposée par le Funcinpec contre le prince pour “abus de confiance” lors de la vente du siège du parti. Le 20 janvier, Hun Sen révèle qu’il a voulu réconcilier le Funcinpec et Ranariddh, mais que certains jeunes membres du PNR ont exploité cette intervention pour séparer le Funcinpec du PPC. Ranariddh ne s’étant pas présenté aux convocations des 3 et 15 février, la Cour municipale de Phnom Penh émet un mandat d’amener contre le prince qui termine son enseignement à l’université d’Aix-en-Provence. Ce mandat d’amener est considéré comme une manière de l’écarter définitivement de la vie politique. La mafia a des lois que ses membres doivent suivre, même s’ils sont d’ascendance royale ! Le PNR envisage d’organiser une manifestation de 10 000 partisans pour protester contre l’orientation politique de la justice.

Le 17 janvier, trois généraux sont arrêtés par la police, accusés d’être les commanditaires de vols à main armée : Khieng Savan, ancien du Funcinpec et actuellement membre du PSR, Ouch Sakhân, ancien commandant des gardes du corps de Ranariddh, et Men Sarân, membre du Funcinpec. Les deux premiers sont libérés après un jour de détention, pour manque de preuves. Men Sarân est accusé d’avoir agi sur ordre de Ranariddh pour fomenter une situation d’insécurité dans le pays. Outre que ces arrestations violent les procédures habituelles et les droits de l’homme, nombre d’observateurs estiment que ces arrestations sont politiques : montrer qu’après avoir mis les partis à ses ordres, Hun Sen est capable de s’attaquer aux membres de l’armée appartenant à ces partis.

Le 9 janvier, Hun Sen déclare envisager de rester à son poste jusqu’à 90 ans !

Monarchie

Le 9 janvier, le roi-père Sihanouk fait état d’un “plan” pour renverser le roi Sihamoni et placer un Sisowath à sa place. C’est une idée fixe du vieux roi. Par ailleurs, le roi-père est furieux de ce que Khek Vandy, son gendre, époux de Bopha Dévi, ait dit que le “PPC n’était plus content du roi Sihamoni, parce qu’il écoutait trop son papa !”. Devant le courroux de Hun Sen qui voit dans ces propos une tentative pour opposer le PPC au roi, Khek Vandy doit lui présenter ses excuses. Quelques jours plus tard, le roi relance le débat sur le retrait des membres de la famille royale de la politique. Hun Sen ne veut pas légiférer sur la question, mais suggère que ce retrait serait bienvenu et se propose de verser une pension aux membres de la famille royale. Ces derniers restent divisés sur le sujet.

KHMERS DU KAMPUCHEA KROM

Régulièrement, les Khmers du Kampuchéa Krom (KKK, de l’ex-Cochinchine, berceau du peuple khmer), “immigrés au Cambodge font entendre leur voix. Ils seraient 1,5 million, mais seulement 34 % auraient une carte d’identité cambodgienne. Ils demandent à avoir tous la nationalité cambodgienne, sans formalités. 60 % seraient des femmes, dont 90 % d’illettrées. 70 % des enfants ne seraient pas scolarisés.

Le 30 janvier, trois KKK sont jugés pour avoir distribué des tracts d’insultes à l’égard du Premier ministre.

Le 8 février, le responsable de l’association des KKK du Vietnam se réfugie au Cambodge, après une manifestation des KKK contre les autorités vietnamiennes dans la région de Cantho et de Soc Trang. Les autorités cambodgiennes refusent de s’impliquer dans les affaires intérieures du Vietnam. Le 13 février, 35 autres KKK, qui voulaient se réfugier au Cambodge, sont bloqués à la frontière par la police cambodgienne qui leur demande de retourner au Vietnam, puis accepte de les héberger provisoirement. Il semblerait que ces KKK viennent au Cambodge davantage pour des raisons économiques que politiques.

Le 23 février, trois bonzes de Soc Trang qui voulaient s’immoler par le feu pour protester contre les autorités de Hanoï ont défroqué. Le 27 février, lors de visite officielle du président du Vietnam au Cambodge, 40 moines ont manifesté devant l’ambassade du Vietnam à Phnom Penh, se heurtant à 50 policiers armés. D’autres manifestations sont prévues en Australie et aux Etats-Unis. Il y aurait 500 pagodes au KKK. Le PSR considère qu’en défroquant les moines, le Vietnam viole gravement la liberté religieuse. L’ambassade du Vietnam dément toute violation des droits religieux et estime pour sa part que c’est une affaire purement locale.

A la mi-janvier, onze Montagnards du Vietnam se réfugient dans la province de Ratanakiri. Ils sont pris en charge par l’UNHCR le 20 février.

PROCES DES EX-DIRIGEANTS KHMERS ROUGES

Après l’échec de la réunion visant l’établissement du règlement intérieur, en novembre dernier, personne n’est en mesure de dire si le jugement des ex-responsables Khmers rouges aura lieu. Une nouvelle réunion, tenue le 27 janvier, s’est également terminée sur un échec. Une prochaine est prévue du 7 au 16 mars. Auparavant, les magistrats étrangers et les magistrats khmers se réunissent séparément, les uns à Bangkok, les autres à Phnom Penh.

Hans Corell, négociateur de l’ONU contraint et forcé par le Japon, l’Australie et la France, pense qu’il est possible que ce tribunal n’ait jamais lieu. Tout dépend de l’intérêt politique du pouvoir de Phnom Penh : si, contre l’attente internationale, il parvient à limiter le droit des victimes (et donc se protège contre d’éventuelles accusations), il peut trouver un intérêt à sa tenue, pour démontrer que la faction khmère rouge condamnée sont les affreux, et que la tendance khmère rouge dissidente au gouvernement sont les bons. Il est difficile de penser que ce tribunal puisse ne pas être politiquement biaisé.

Le 10 janvier, on annonce que la société Microsoft fait un don de 100 000 dollars pour la tenue du tribunal. La partie cambodgienne n’a toujours pas versé sa quote-part (près de 7 millions).

Le 25 janvier, Nhem En, ancien photographe officiel des Khmers rouges, l’un des six photographes de S 21, demande pardon aux parents des victimes du régime qu’il a photographiées. Il se propose d’ouvrir un musée de la réconciliation, à Anlong Veng, où il exposera 2 000 clichés des dirigeants et de nombreuses vidéos. Il a réalisé la moitié des 5 000 clichés des victimes de S 21.

Le 5 février, une trentaine d’officiers de la police judiciaire suivent une formation concernant le tribunal.

Le 13 février, un Suédois, ancien partisan des Khmers rouges, fait un don de 400 kg de photocopies de documents. Les originaux ont été donnés à l’Université de Stockholm. L’Amitié Suède-Kampuchéa avait envoyé une délégation au Cambodge en août 1978.

Le 23 février, l’ONG Open Society for Justice révèle que le personnel cambodgien du tribunal doit remettre une importante partie de son salaire aux membres du gouvernement qui leur ont accordé des postes. L’ONG se pose donc des questions sur l’indépendance des juges. Sok An, ministre du Conseil des ministres, crie à la diffamation et tente de bannir l’ONG du tribunal. Des audits ont été pratiqués, qui ne montrent aucune pratique illégale, mais ces audits ne peuvent mesurer les dons officieux en liquide. Les responsables internationaux du tribunal se félicitent, en revanche, du bon travail de l’ONG.

Cette pratique est courante dans le système clientéliste cambodgien pour l’obtention de postes. Cependant, même si les révélations d’OSFJ s’avèrent exactes et sont moralement indéfendables, les observateurs estiment qu’elles ne devraient pas nécessairement entraîner la remise en cause du tribunal par les pays donateurs.

Le 25 janvier, huit délégués de pays africains participent à un séminaire de six jours, pour partager l’expérience cambodgienne dans le domaine de la construction de la paix, du déminage, de la diminution du nombre des armes de poing en circulation.

ECONOMIE

En 2006, le pays aurait connu un taux de croissance compris entre 9,5 % et 10,5 %. L’inflation serait de 2,75 %, le déficit gouvernemental s’établirait à 1,5 % du PNB, le PIB s’établirait à 492 dollars/hab. Le pays aurait 1 097 millions de dollars en réserves, dont 32 % constitué l’an dernier. Les exportations textiles auraient crû de 20 % en 2006, les apports du tourisme de 26,3 %, ceux de la construction de 15,7 %, l’agriculture de 4,4 %. Les taxes et impôts s’élèveraient à 8 % (20 % dans les pays voisins).

Cependant, le PNUD et le BIT sont plus réservés que le FMI sur ces données de provenance officielle. Selon ces deux organismes, la croissance économique ne concerne que certains secteurs privilégiés (textile, tourisme et construction), mais n’a pas généré beaucoup d’emplois. Le développement des villes a été privilégié sur celui des campagnes, où vivent 72 % de la population. Le taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté n’a diminué que par un changement d’indice de la Banque mondiale (personnes gagnant moins de 0,5 dollar par jour au lieu d’un dollar). Cinq millions de Cambodgiens, soit près d’un tiers de la population, continuent à vivre dans une extrême pauvreté.

Tourisme

En 2006, 1,7 million de touristes ont visité le Cambodge, soit 20 % de plus qu’en 2005. Ils ont apporté 1,7 milliard de dollars, soit 12 % du PNB. Les Coréens sont en tête, devant les Japonais et les Américains ; les Français arrivent en 10ème position.

Le 16 janvier, l’aéroport de Sihanoukville, réparé par le SCA (Société Concessionnaire des Aéroports) pour un coût de près de huit millions de dollars, est ouvert au trafic aérien, avec une piste de 1 800 m. On prévoit d’allonger la piste à 2 200 mètres pour permettre aux gros porteurs de s’y poser, dès décembre 2007. Cet aéroport devrait être le premier aéroport cambodgien dans une vingtaine d’années. 70 à 80 millions d’investissements sont prévus d’ici 2011.

Un droit de péage est accordé à la société Investment pour se rendre aux chutes de Bousra (Mondolkiri). Elle aurait dépensé deux millions de dollars pour réparer les 36 km de route venant de Sèn Monorom.

Sel

Les 13 000 hectares de salines de Kampot ont produit 95 000 tonnes de sel en 2006, qui ne trouvent pas d’acheteurs.

Casinos

Les 19 casinos et 11 maisons de jeux autorisés ont rapporté 13 millions de dollars à l’Etat, soit 500 000 de plus que prévus. Cependant, l’opposition estime que ces établissements devraient rapporter au minimum cent millions par an, et qu’en réalité il y aurait 30 casinos.

Carburants

Pour obliger les cinq compagnies pétrolières opérant au Cambodge à baisser leurs prix et pour supprimer la contrebande, le Conseil des ministres du 20 janvier a autorisé des sociétés privées à importer des produits pétroliers des pays voisins. 30 % du prix de l’essence est actuellement composé de taxes gouvernementales.

L’opposition est d’accord avec cette mesure, mais s’étonne qu’avec une multiplication du nombre de véhicules par dix depuis dix ans, le montant officiel des importations en produits pétroliers plafonne à 150 000 tonnes par an, et que les recettes provenant de ce secteur restent les mêmes. Elle attaque les entreprises nationales Tela (dont l’épouse et la fille du Premier ministre sont actionnaires) et Sokimex (dont le patron est Sok Kong, conseiller du gouvernement), qui importent déjà de l’essence en contrebande et ne payent pas de taxes à l’Etat. Les produits pétroliers arrivent au Cambodge par des ports privés, notamment celui des militaires à Réam.

La société américaine Chevron a dépensé 100 millions de dollars pour opérer 14 forages dans le golfe de Thaïlande. L’estimation des réserves de pétrole et de gaz varie beaucoup selon les sources. L’exploitation du pétrole commencera en 2010.

Port de Sihanoukville

L’activité du port de Sihanoukville est en hausse, après deux années de baisse. 8 300 touristes sont arrivés à bord de 32 bateaux de croisière, soit 4,5 fois plus qu’en 2005 ; 1 586 millions de tonnes de fret ont transité par le port, soit le double de 2000. La zone économique spéciale de 70 hectares devrait être achevée en 2008, pour 2,6 millions de dollars. Il y a actuellement environ 2 000 chambres d’hôtel disponibles à Sihanoukville. Ces perspectives alimentent la spéculation foncière dans le secteur. Cependant, des problèmes d’eau potable ne tarderont pas à se poser, en cas d’augmentation de la population. Une société cambodgienne envisage d’investir 7 à 8 millions de dollars pour utiliser l’eau des chutes de Kbal Chhay, à une quinzaine de kilomètres de la ville.

AIDES ET INVESTISSEMENTS

Le Bureau des Investissement du Cambodge a approuvé un montant de 4,42 milliards de dollars d’investissement pour 2006, soit 240 % de plus que l’année précédente, dont 2,32 milliards d’investissements directs de l’étranger. Le plus gros investissement provient de la Corée qui prévoit de construire une ville-satellite de Phnom Penh sur l’étang de Pong Peay (1 milliard). Le second provient de la Chine avec 717 millions, dont 40 reportés de l’an dernier, et 400 dans le secteur pétrolier. Le troisième provient de la Russie avec 278 millions, pour le développement de l’île Koh Pos, puis de la Thaïlande avec 109 millions pour la construction d’un hôpital de 250 lits, 32 millions pour une usine de fabrication de sucre de canne, et 22 millions pour un projet hydroélectrique à Kampot.

Les investissements cambodgiens ont quintuplé en un an, passant à plus de deux milliards, soit à 47 % du total des investissements (369 millions pour la Cité Diamant qui doit se construire sur l’île de Koh Pich, à Phnom Penh, 141 millions dans l’agro-alimentaire, 132 millions dans une usine de ciment). Les investissements asiatiques ont triplé en un an. Les investissements occidentaux, y compris des Etats Unis, sont quasi inexistants.

L’Union européenne (UE) accordera 187 millions de dollars pour le développement du Cambodge en 2007. Les 27 membres de l’UE sont les plus importants donateurs du monde. La Commission européenne a d’autre part accordé une aide de 11,3 millions pour le développement des PME.

Les paris sur les matchs de football sont à nouveau affermés à la société Cambosix pour une durée de quatre ans, contre une redevance d’un million de dollars.

Electricité

Le 12 janvier, se tient une rencontre entre officiels vietnamiens et cambodgiens, ainsi que des représentants d’ONG et des 140 communautés de Mondolkiri, de Rata-nakiri et de Stoung Treng, affectées par la construction des barrages hydroélectriques vietnamiens sur la Srépok. Quatre barrages supplémentaires sont en construction à Buon Koup (280 MW), à Ban Tou Srah (86 MW), à Dray Linh New (16 MW) et Srépok 3 (220 MW). Un très grand réservoir appelé “Srépok 4 projeté pour 2010, devrait réguler le cours du fleuve.

Les projets de barrages hydroélectriques se multiplient : le 10 février, le Conseil des ministres signe un contrat avec la CYC (China Yunnan Corporation), de 400 millions de dollars pour la construction de deux barrages : l’un sur la rivière Atay, dans la province de Koh Kong, qui produira 120 MW, un autre à O Som, près de Véal Veng, dans la province de Pursat, qui produira 230 MW. Une autre société chinoise acheminera cette électricité vers Pursat, Battambang, Kompong Chhnang et Phnom Penh. Trois autres barrages sont prévus dans la région : Russey Chrom, Chhay Arèng et Ta Tay. Ces différents barrages produiront un total de 852 MW. D’autres projets sont à l’étude dans les provinces de Stoung Treng et Ratanakiri, pour une production de 818 MW. Actuellement, le Cambodge ne produit que 13 MW (12 à Kirirom, un à Ratanakiri). L’opposition regrette que le gouvernement ne s’adresse pas à d’autres pays, au Japon et à la Malaisie notamment, qui font du meilleur travail, mais sont rebutés par le manque de transparence et la corruption.

Actuellement, 20 % de la population a accès à l’électricité, à un prix très élevé dans les campagnes (trois fois plus qu’en ville). Le gouvernement projette de relier immédiatement la province de Ratanakiri au réseau vietnamien, celle de Stoung Treng à celui du Laos, et dans deux ans, celles de Bantéay Méan Chhey et de Battambang à celui de la Thaïlande. Fournir de l’électricité à l’horizon 2020 à 70 % de la population coûterait 40 milliards de dollars.

Chine

Le 23 janvier, la Chine octroie un prêt de 207 millions de dollars pour le financement d’infrastructures : 190 millions sont destinés à la rénovation de la RN 6 entre Khsach Kandal et la frontière vietnamienne, à la construction du pont de Prek Taméak sur le Mékong, à celui de Prek Kdam sur le Tonlé Sap et la réhabilitation de la RN 76 entre Snoul et Sèn Monorom. Les 17 millions restants seront affectés à la création du réseau informatique de la sous-région du Grand Mékong.

Etats-Unis

Le 15 février, les Etats-Unis lèvent l’interdiction d’aides directes au gouvernement cambodgien, prise à la suite des “événements” de juillet 1997, et lui accordent 56 millions pour l’année fiscale. USAID supprime cependant son fonds de 800 000 dollars pour aider à la réinsertion des citoyens cambodgiens renvoyés des Etats-Unis. Les observateurs étrangers voient dans ce revirement de la politique américaine la volonté de ne pas laisser libre champ à la Chine que les Etats-Unis tentent d’encercler. Si certains membres d’ONG de défense des droits de l’homme s’insurgent devant ce blanc-seing donné à l’administration khmère, d’autres pensent qu’en apportant leur aide, les Etats-Unis pourront agir à l’intérieur du système cambodgien.

Banques internationales et corruption

Le 31 janvier, la BAD (Banque Asiatique de Développement) rend public un audit concernant l’usage d’un prêt de 27,2 millions de dollars accordé entre 2001 et 2006 pour le développement des régions du Nord-Est du Cambodge. “La corruption est hors de tout contrôle, parce qu’elle est à tous les échelons affirme son consultant.

Le 7 février, la Banque mondiale (BM) annonce qu’elle reprend les déboursements pour trois projets suspendus en 2006 par suite d’irrégularités, portant sur un total de 78 millions de dollars. Le gouvernement avait également accusé les consultants étrangers de corruption et refusé de tout rembourser. La BM justifie cette reprise par l’adoption par le gouvernement d’un “cadre de bonne gouvernance” qui renforce le contrôle des procédures d’achat et de passation des marchés, ainsi que de la gestion des finances. L’opposition parle du renforcement de “la culture de l’impunité”. Le 13 février, la BM annonce l’octroi d’une aide de 14 millions de dollars pour financer un programme d’amélioration des finances publiques, également soutenu par l’Australie, le Royaume-Uni et l’UE.

Vietnam

Une route goudronnée reliera Banlung à la frontière vietnamienne, à 70 km, et de là le port de Nhà Trang. Le but est d’attirer aussi des investisseurs vietnamiens. La première tranche des travaux a été inaugurée le 26 janvier par les Premiers ministres cambodgien et vietnamien. Le Vietnam a alloué un prêt de 26,5 millions à taux réduit pour cette construction. Une route reliera O Pong Moan (Stung Treng) à Banlung, grâce à un prêt de la Chine.

Depuis le 10 février, un pont de 130 m, construit à Dong Thap, relie la frontière vietnamienne à la province de Prey Veng. Ce pont a été financé par le Vietnam pour 312 000 dollars. Une autre route relie Kratié à Mondolkiri, construite grâce à un emprunt de 51,9 millions en provenance de la Chine. Cette route permettra également de rejoindre le Vietnam.

L’association Muslim Aid, basée à Londres, ouvre un bureau à Phnom Penh et envisage de distribuer 190 000 dollars d’aide durant sa première année de fonctionnement. Elle ne vise pas à aider que les musulmans, qui ne représentent que 5 % de la population.

Groupe consultatif (9ème réunion trimestrielle)

Le 12 février, les représentants des pays donateurs se montrent très critiques par rapport au non-respect des engagements pris par le gouvernement concernant la corruption, la réforme légale et judiciaire, la prolifération des concessions économiques (passées de 26 à 57 en 2006), la multiplication alarmante des conflits fonciers, qui traduisent une absence de volonté politique en ces domaines. Hun Sen rétorque qu’il est un bâtisseur de paix et de routes, que son pays connaît une croissance à deux chiffres. Il se défend de l’accusation d’aider uniquement les villes, car il a développé également les routes de campagne. Il demande aux donateurs d’être plus respectueux de la souveraineté nationale, comme le fait la Chine qui ne s’ingère pas dans les affaires intérieures du pays.

Projets

Le 16 février, le Conseil des ministres approuve un programme d’investissements publics de 2,2 milliards de dollars pour les trois années à venir, concernant 605 projets. 602,8 millions sont destinés à la construction d’infrastructures, 334,8 au secteur de la Santé, 342,5 au secteur de l’Education, 351 au développement du tourisme, des arts et de la culture. Ces fonds proviendront des ressources nationales et des organisations internationales, telle la BAD, en dons ou en prêts.

Nourriture

A la fin du mois de janvier, la direction du PAM (Programme Alimentaire Mondial) a annoncé qu’il cessera sa distribution de nourriture à 700 000 personnes, faute d’argent. Il distribue un supplément de nourriture à 650 000 enfants des écoles, à 70 000 malades du sida, et à 18 000 tuberculeux. Le PAM recherche 10 millions de dollars. L’Espagne annonce un don de 650 000 dollars, les Etats-Unis un don de 5 550 tonnes de haricots et autres légumineuses, ainsi que 2 150 tonnes d’huile pour les trois années à venir. Le 16 février, le gouvernement cambodgien annonce un don de 2 000 tonnes de riz au PAM.

Les observateurs s’étonnent que le Cambodge, qui a connu deux excellentes récoltes de riz depuis deux ans, ne puisse nourrir son peuple. L’aide aux 650 000 enfants constitue un assistanat discutable. Les donateurs ont orienté leurs aides vers d’autres pays victimes de catastrophes naturelles. D’autre part, les détournements de stock de nourriture en 2003 ont fortement ébranlé leur confiance. Néanmoins, le PAM pense pouvoir reprendre ses distributions en mai. L’aide alimentaire aux séropositifs paraît une nécessité.

SOCIETE

Selon le bilan gouvernemental, la délinquance est en régression (1 451 cas, soit une baisse de 13,5 % par rapport à 2005), le nombre de délits en hausse (3 005, soit 7,13 de hausse). On déplore 458 meurtres. Les prisons hébergent 10 263 détenus, dont 629 femmes, 493 mineurs et 270 étrangers. Les associations sont au nombre de 797 et on compte 957 ONG. En 2006, les autorités ont délivré 6 026 760 cartes d’identité et 40 080 passeports.

Le 24 février, la chanteuse Peuv Panhapich, âgée de 23 ans, très populaire, est gravement blessée par deux tueurs à gage non masqués, en pleine rue de Phnom Penh. Il s’agirait d’une vengeance d’un général, d’un agent immobilier ou d’un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, tous trois amoureux de la chanteuse. C’est la troisième chanteuse abattue dans ces conditions, après Piseth Pilica et Srey Touch Nich. Curieusement, la police de Phnom Penh accorde 1 200 dollars pour soigner la chanteuse, désormais totalement paralysée. Comme d’habitude, aucun coupable ne sera découvert ni condamné, pas plus que les militaires qui ont abattu des serveuses en 2006. Faut-il voir dans cette tentative de meurtre une manouvre politique pour supprimer toute personne trop populaire, comme le supposent certains ?

Mouvements sociaux

Selon un rapport du ministère de l’Emploi, le Cambodge compte 394 usines de confections textiles, qui emploient plus de 300 000 personnes (36 nouvelles usines de confection ont été approuvées en 2006), et 26 confédérations syndicales. Chaque mois, l’ensemble des ouvriers touche 22 millions de dollars en salaires. Le rapport signale que l’année 2006 a été celle du plus grand nombre de grèves dans les usines textiles du royaume (103), la plupart d’une manière illégale. On y compte également 217 conflits sociaux qui n’ont pas dégénéré en grèves ; 65 % des cas ont été résolus grâce à la médiation du ministère de l’Emploi, les autres renvoyés au Conseil d’arbitrage. 78,61 % des grèves ont éclaté pour dénoncer des manquements au Code du travail par la direction, 3,5 % pour réclamer des versements de salaire suite à une brusque fermeture de l’usine, 1,4 % pour discrimination à l’égard des délégués syndicaux.

Selon Van Sou Ieng, président de l’association des patrons du secteur textile (GMAC), ces grèves auraient fait perdre 15 millions de dollars au secteur, soit 40 % de plus que l’année précédente. S’il reconnaît les torts du patronat, le président fustige les syndicats qui jouent souvent le rôle d’agitateurs. Le responsable pour la résolution des conflits au GMAC redoute la fermeture d’autres usines dans les six prochains mois, car, depuis l’entrée du Vietnam dans l’OMC, “les investisseurs ont tendance à regarder en direction du Vietnam”.

Selon Chéa Mony, président du SIORC, le plus important des syndicats cambodgiens avec 70 000 membres (de fait le seul qui mérite ce nom), “si les patrons respectaient davantage le Code du travail il y aurait moins de grève. Selon le syndicaliste, les conditions de travail ont empiré avec l’arrivée d’investisseurs coréens, peu soucieux des droits sociaux et humains. Une dizaine d’usines ont fermé leurs portes en quelques semaines, laissant 4 à 5 000 ouvriers au chômage. D’après le leader syndical, “la corruption est l’un des facteurs qui poussent les investisseurs à quitter le pays”. Certains responsables syndicaux reconnaissent un progrès dans le traitement des employés en 2006, mais déplorent les discriminations contre les employés syndiqués.

On peut signaler, à titre d’exemples, un certain nombre de mouvements sociaux :

Le 30 décembre, le directeur de l’usine de confection textile Jisca Garments disparaît avec la paye des trois derniers mois des 300 ouvriers, soit environ 300 000 dollars. Les ouvriers manifestent devant l’ambassade de Chine.

A la fin décembre, huit employés d’une société de câble de télévision sont licenciés pour avoir créé une branche syndicale du SIORC au sein de la société. Le 9 janvier, une trentaine de grévistes manifestent devant le siège de la société, et sont dispersés par la police. Le 11 janvier, trois responsables syndicaux en sit-in devant l’entreprise sont arrêtés par la police, et relâchés deux heures plus tard après avoir été obligés de signer une déclaration dans laquelle ils renoncent à toute manifestation. Une solution est trouvée le 16 janvier.

Le 10 janvier, 800 employés de l’usine de confection Go Lida manifestent pour réclamer leur salaire de décembre (62 309 dollars). Le patron a disparu dans la nature après avoir fermé l’usine. Le patron n’étant pas propriétaire de l’usine, celle-ci ne peut être vendue pour payer les salaires.

Le 11 janvier, 700 ouvriers de l’usine textile Kong Hong trouvent leur usine fermée, sans obtenir d’indemnités.

Le 25 janvier, environ 500 des 1 700 ouvriers de l’usine River Rich Textile de Saâng se mettent en grève pour réclamer la réintégration d’une trentaine de syndicalistes mis à pieds. La Cour provinciale de Kandal donne raison au patronat. Sur pression internationale de la FITTHC (Fédération Internationale des Travailleurs du Textile, de l’Habillement et du Cuir, qui regroupe 220 syndicats en plus de 100 pays, ainsi que des clients), les 30 employés licenciés seront réintégrés dans l’entreprise.

Le 25 janvier, Hun Sen annonce sa décision que le travail de nuit sera rémunéré à 130 % de plus que le travail de jour, et une diminution de 10 % des taxes. Les syndicats réagissent, car le travail de nuit leur revient à 150 % de plus que le travail de jour.

Rong Chhun est réélu pour trois ans, à la tête de l’AIEC (Association Indépendante des Enseignants du Cambodge).

Le 25 février, à 5 heures du matin, Hy Vithy, militant du SIORC, est abattu à bout portant par deux hommes en moto, alors qu’il sortait de l’usine Suntex après son travail de nuit. C’est le troisième militant du SIORC ainsi abattu, après Chéa Vichéa et Ros Sovannareth en 2004. Un mois auparavant, il avait reçu un coup de téléphone de menaces. Le 21, il s’était opposé à Chuon Monthol, responsable du syndicat gouvernemental de l’usine, pour l’obtention d’un jour supplémentaire de congé à l’occasion du Nouvel An khmer. Durant les dix premiers mois de 2006, sept membres du SIORC des usines Suntex et Bright Sky, appartenant à la même société, ont été abattus ou battus, et jamais personne n’a été inquiété. Rong Chun, secrétaire général du SIORC, demande à ce que les pays donateurs fassent pression sur ce gouvernement mafieux qui organise ces meurtres.

Conflits fonciers

L’année 2006 a été l’année record pour les conflits fonciers. ADHOC en dénombre 450. De nouvelles concessions ont été accordées, au-delà des dimensions autorisées par la loi de 2001 :

Le 2 janvier, 50 villageois de Kompong Trach protestent contre la vente d’un étang par le maire de la commune à une société privée. Deux policiers armés de fusils d’assaut bloquent la sortie des manifestants de leur village.

Le 14 janvier, des villageois de la région de Poïpet en colère détruisent deux appareils de positionnement par satellite (GPS) des autorités provinciales, d’une valeur de 70 000 dollars, craignant que ces instruments ne servent aux riches et aux puissants pour les déposséder de leurs terres.

Le 24 janvier, la Cour provinciale de justice accepte la plainte déposée par 12 Montagnards de O Yadav, contre la sour du ministre des Finances, qu’ils accusent de les avoir spoliés de 270 hectares. Plusieurs ONG internationales s’emparent du dossier. Suite à une réunion au bureau du PPC de Ratanakiri, le 17 février, toute vente de terrain est interdite, ainsi que l’exploitation des terrains litigieux.

Le 15 février, 500 Djarai de Andong Méas (Ratanakiri) demandent le remplacement des autorités locales ayant facilité la vente illégale de 1 200 hectares de leurs terres municipales à une société chinoise inconnue. ADHOC confirme, affirmant d’autre part que, sur 120 conflits fonciers de la région, jamais aucun cas n’a été réglé en faveur des Montagnards.

Le 18 février, plus de 100 Tampoun et Kreung de Ratanakiri manifestent pour récupérer 300 hectares de leurs terres déboisées par des gens de Kompong Cham au profit d’un officier du service provincial des forêts.

Le 20 février, 62 paysans de Bavel (Battambang) protestent contre un officier qui interdit l’accès à leurs terres.

Le 15 février, Hun Sen déclare que si le problème des conflits fonciers n’est pas résolu, ils déboucheront sur “une révolution paysanne Selon le Premier ministre, “l’an dernier 30 000 ou 40 000 hectares de forêts ou de terrains d’Etat ont été saisis et déboisés. Cette année, c’est 200 000 Il demande qu’on lui rapporte directement les exactions. Aucun puissant ni aucun riche ne doit se sentir à l’abri. “Si un gouverneur est incapable de faire cesser le déboisement ou l’accaparement des terres, il sera limogé ! affirme-t-il. Si le diagnostic est exact, ces paroles restent verbales. Ce n’est pas la première fois qu’il tient de tels propos (notamment en décembre 2005), jamais suivis d’effets.

Selon un collectif d’ONG, entre novembre 2004 et janvier 2006, les minorités ethniques de la province de Ratanakiri ont perdu 30 % de leurs terres, victimes de conflits fonciers. Ce sont les autorités locales, les policiers et les militaires qui s’approprient leurs terres. Toutes les supercheries possibles sont inventées pour tromper ces populations faciles à duper. En novembre 2006, 60 sociétés ont obtenu 980 000 hectares en concession sur les terres des minorités, sans que jamais ces minorités ne soient consultées au préalable. Dix-sept minorités ethniques, disséminées en 15 provinces du pays, représentent 1,5 % de la population totale.

Suite à une réunion les 14-16 février de 95 représentants des minorités ethniques venant de plusieurs pays, organisée par Indigenous Peoples Pact (AIPP), un rapport sera soumis à la 6ème session des Nations Unies sur les questions indigènes, en mai prochain.

Selon le directeur local de la BM, entre 1992 et 2006, 96 sociétés privées ont obtenu des concessions économiques pour 70 ans. Cinquante-sept d’entre elles possèdent un total d’un million d’hectares. Seulement 10 % d’entre elles sont effectivement en cours de production, les autres ont été acquises dans un but spéculatif.

Quarante-cinq avocats seront mis à la disposition de l’Autorité pour la résolution des conflits fonciers par le Barreau cambodgien.

Santé

Le Fonds global accorde 31 millions de dollars de lutte contre la malaria. Une partie de cet argent sera utilisée par le ministère des Affaires féminines pour l’éducation des femmes, une autre pour l’achat de moustiquaires et de médicaments. Une autre partie sera utilisée par le ministère de la Défense pour les soins des militaires en service dans les zones impaludées. En 2006, 70 000 personnes ont été impaludées, 240 sont décédées.

Le 10 janvier, la clinique Jean Ay Huoy 2, située à Prek Léap, est fermée, pour n’avoir pas pu fournir de certificats prouvant les aptitudes de ses médecins. Le 11 janvier, les hôpitaux privés Jean Ay Huoy et Tong Sin, de Phnom Penh, sont également fermés, pour absence de licence officielle, pour fautes professionnelles graves, et transport de blessés. Dans cette dernière, un chirurgien a oublié une compresse dans le ventre d’un malade. Ces hôpitaux pourront cependant fonctionner encore trois semaines pour achever de donner les soins à leurs malades. Cinq autres cliniques chinoises sont menacées de fermeture pour “exercice illégal de la médecine et fautes médicales graves”. Elles ont un mois pour se mettre en règle.

Le 22 février, une campagne de vaccination devrait immuniser deux millions d’enfants de moins de 5 ans contre la rougeole (10 000 cas de rougeole étaient signalés en 2000). Des cachets de vitamine A et d’antiparasites leur seront également distribués. 10 % d’entre eux, vivant dans les zones les plus pauvres, recevront également un vaccin anti-poliomyélite.

Il semblerait que l’usage de la drogue ait baissé de 8 % l’an dernier, et que 6 500 personnes seulement s’y adonneraient. Mais les saisies d’amphétamines par la police auraient augmenté de 25 %. Ce ralentissement serait dû à l’augmentation du prix de la drogue, remplacée par l’usage de la colle et de la méthamphétamine cristal, en forte augmentation.

Depuis le 20 novembre, les ambulances privées n’ont plus le droit de transporter les accidentés.

L’agence allemande de développement GTZ va donner 19 motos aux pharmaciens de province.

Des médecins militaires américains donnent une formation à 38 médecins cambodgiens sur la grippe aviaire.

Cinq cents enfants languissent dans les prisons cambodgiennes où sont incarcérées leurs mères.

Mines

En 2006, le nombre de victimes des mines et objets non explosés a chuté de moitié, mais 440 accidents ont provoqué la mort de 58 personnes. Il resterait entre quatre et six millions de mines et engins de mort non explosés. La province la plus affectée est celle de Battambang.

Défense nationale

Le 2 janvier, six officiers sont promus généraux à quatre étoiles. L’armée cambodgienne comprend 613 généraux, soit un général pour 179 soldats, si l’on accepte le chiffre officiel de 110 000 soldats. Les ambassades étrangères estiment qu’il n’y en a pas plus de 90 000, et les experts, sans doute pas plus de 30 000.

Ke Kim Yann, général en chef de l’armée cambodgienne, contribue pour deux millions de dollars à la construction d’une université près de la ville de Bantéay Méan Chhey, sur un total de 3,5 millions. Sar Kheng, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, prévoit d’en construire une à ses frais près de Battambang. L’opposition voit dans ces dons (provenant d’argent détourné) un moyen de contrôler les futurs étudiants. Une université semblable a été construite à Svay Rieng.

DIVERS

Le 22 janvier, la chaîne cambodgienne câblée a signé un accord de coopération avec une chaîne chinoise, ce qui va permettra un échange de programmes.

200 000 Cambodgiens ont passé leurs vacances à l’étranger, spécialement en Thaïlande, au Vietnam, en Malaisie et à Singapour. C’est un indice d’émergence d’une classe moyenne.

Phnom Penh

Incendies : en 2006, on a dénombré 48 incendies à Phnom Penh, causant un mort et la destruction de 87 maisons. Les pompiers, au nombre de 75, sont répartis en trois bases avec neuf camions qui fonctionnent depuis 1994. Le 3 février 2007, un incendie détruit 52 maisons dans le quartier de Boug Salang. Le 18 février, 60 étals de marchands de fruits brûlent au Phsar Deum Kor.

Nouvelle ville : une société indonésienne a commencé la construction d’une ville satellite de Phnom Penh sur 260 hectares, pour un investissement d’environ 500 millions de dollars, qui comprendra un hôpital, une université, un terrain de golf, un centre commercial, etc. Les travaux d’adduction d’eau et d’électricité ont commencé.

Le 6 février, le quartier de Boung Kâk, d’une superficie de 133 hectares, comprenant un étang de 90 hectares, est accordé en concession de 99 ans, pour une somme de 79 millions de dollars, au sénateur Lao Meng Khin, patron de l’obscure société Shukaku, et mari de Choung Sophéap, patronne de l’incontournable société Phéapimex, très proche de Hun Sen. Lao Meng Khin a également été patron de la société Wushishan, qui a reçu une immense concession à Ratanakiri. Les 4 252 familles qui habitent le quartier sont considérées comme autant de squatters qui ne seront pas indemnisés, ou le seront pour un montant de 0,6 dollar le m , alors que le prix courant à Phnom Penh est compris entre 700 et 1 000 dollars. La société prévoit de construire un centre commercial, des salles de conférences, des salles de loisirs, une université, une polyclinique, des résidences, une zone verte, des bâtiments administratifs, etc. 80 des 90 hectares de l’étang qui assure la subsistance de beaucoup de riverains seront comblés. On promet des logements aux habitants, mais ceux-ci craignent qu’ils n’obtiennent que des appartements au dernier étage des immeubles, comme cela s’est produit pour la cité Borey Keila. Le PSR distribue 1 000 brochures aux habitants et propose que les familles soient indemnisées à 100 dollars le m . On prévoit de faire appel auprès des instances internationales.

Le 8 février, un groupe de trois policiers a pris la fuite devant une foule déchaînée qui les accusait d’avoir fait tomber un jeune homme en moto, après avoir grillé un feu rouge. Une moto de la police a été détruite. Au-delà du fait divers, on constate une haine grandissante de la population envers les policiers, dont la principale occupation est l’extorsion de fonds.

Le 15 février, la municipalité rend public son bilan de l’année écoulée : 601 affaires pénales (baisse d’un quart par rapport à l’année précédente), 250 crimes (baisse de moitié) qui ont causé la mort de 48 personnes et fait 200 blessés, 1 670 arrestations et confiscations de 46 armes.

Siemréap

Le gouvernement a décidé que tous les bâtiments administratifs de Siemréap, y compris le stade, la résidence du gouverneur, le tribunal municipal, le commissariat, une partie du lycée du 10 janvier, devront déménager dans une ville administrative de 40 hectares, située à 15 km. La spéculation foncière pratiquée par les grands du régime est à l’origine de ce déménagement.

La construction de 1 500 compartiments chinois, dont 266 est programmée par la Canadia Bank (valeur du compartiment : entre 80 000 et 250 000 dollars), 70 % seraient déjà vendus sur plans. Le problème de l’approvisionnement en eau potable et celui de l’évacuation des eaux usées ne semblent pas avoir été suffisamment pris en compte.

Patrimoine

Malgré les pillages des villageois, les fouilles archéologiques menées par des experts japonais et une trentaine d’étudiants cambodgiens dans le village de Poy Snay (province de Bantéay Méan Chhey) continuent. Il y aurait eu une ville importante en ce lieu, il y a plus de 2 000 ans.

Heritage Watch estime que plus d’un million de dollars d’antiquités sont vendues illégalement chaque année au Cambodge, et le pillage y a atteint une dimension industrielle. Les cimetières de l’âge du fer sont massivement détruits.

Distinction

Van Nath, peintre survivant de S 21, reçoit un prix de la fondation Hellman-Hammett.

Etats-Unis

Le 9 février, plus de trente ans après l’incursion du Mayaguez dans les eaux cambodgiennes et l’intervention malheureuse du commando américain venu secourir son équipage, une frégate de Navy relâche dans le port de Sihanoukville.