Eglises d'Asie – Chine
Pour la première fois, des professeurs de séminaire ont effectué un pèlerinage en Terre Sainte
Publié le 18/03/2010
Si, ces dernières années, des membres de l’Eglise catholique de Chine continentale ont pu se rendre à titre individuel en pèlerinage en Terre Sainte, c’était la première fois qu’un tel voyage était organisé pour un groupe de cette importance. Pour ses promoteurs, le but recherché était d’apporter une expérience de première main à ceux qui enseignent aujourd’hui dans les séminaires en Chine, à un moment où tous s’accordent à dire qu’il est urgent de continuer à améliorer la formation dispensé aux futurs prêtres de Chine.
Après avoir visité les principaux lieux saints, du Saint Sépulcre à Gethsémani, de Bethléem au Cénacle, de Qumran à Hébron, de Jéricho à la Galilée, le groupe est revenu transformé par ce pèlerinage. Le P. Bosco Mu Shanlin, adjoint du recteur du séminaire du Hebei, à Shijiazhuang, a ainsi confié qu’avant ce voyage, les Ecritures Saintes gardaient pour lui un caractère abstrait, mais que sa vision de la Bible avait été « rafraîchie et renouvelée » par ce qu’il avait vu. Professeur de christologie et de théologie dogmatique, il a ajouté qu’il avait approfondi sa foi et que ses cours s’en trouveraient changés. Sur les douze séminaires « officiels » que compte l’Eglise de Chine aujourd’hui, neuf étaient représentés lors de ce voyage : le séminaire national de Pékin et huit séminaires régionaux (Hohhot, Jilin, Jinan, Shanghai, Shenyang, Shijiazhuang, Taiyuan et Wuhan). Pour le P. Joseph Lu Yuchun, professeur d’Ecriture Sainte au séminaire de Sheshan (Shanghai), son approche de l’herméneutique s’est trouvée profondément transformée par le pèlerinage. « Désormais, je comprends l’importance que revêt le fait d’interpréter la Bible à la lumière de l’archéologie, de la culture, de la géographie et de l’histoire de la Terre Sainte a-t-il confié.
Outre une exposition aux conditions de vie actuelles en Israël – le groupe a frôlé à un moment une manifestation dans la vieille ville de Jérusalem, où la police israélienne faisait usage de gaz lacrymogènes -, le voyage a aussi été l’occasion d’échanges interreligieux et ocuméniques. Interreligieux par des visites de synagogues et ocuméniques par des rencontres mémorables avec le patriarche arménien orthodoxe de Jérusalem, Mgr Torkom Manoogian, et le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, Mgr Theophilos. Le P. Paul Bai Chunlong, du séminaire de Jilin, s’est dit impressionné par l’importance que les différentes confessions chrétiennes accordaient à l’ocuménisme.
Enfin, selon un des participants au voyage, le pèlerinage a aussi été l’occasion d’échanges intenses entre Chinois à propos de l’avenir de l’Eglise en Chine et des défis qui sont les siens. Les expériences vécues en Terre Sainte, que ce soit dans le domaine de la théologie, de la Bible ou de la spiritualité, lui serviront à nourrir son enseignement, une fois de retour sur le continent chinois, a-t-il expliqué. Par ailleurs, absent de Chine pour la fête du printemps, le groupe a fêté l’entrée dans l’année du cochon, le 18 février, en Israël.
Coordonné par l’Association patriotique des catholiques chinois et la Conférence des évêques « officiels », le pèlerinage était conduit par le P. Joseph Guo Jincai, secrétaire général adjoint de l’Association patriotique et professeur au séminaire national. A Pékin, Anthony Lui Bainian, vice-président de l’Association patriotique, a estimé qu’un tel voyage était de nature à contribuer à « la formation des prêtres de la prochaine génération » ainsi qu’à « poser les bases de l’évangélisation future ». D’autres voyages de formation similaires seront organisés à l’avenir, a-t-il précisé (1).