Eglises d'Asie

Dans la région d’Anuradhapura, l’Eglise catholique a mis en place des programmes d’accompagnement pour les couples de religions différentes

Publié le 18/03/2010




Catholique, Priyanthi Nirmala espère rencontrer l’homme idéal. Dans une société où les jeunes se marient à la fin de leur adolescence, une célibataire de 32 ans est considérée comme âgée. « Je ne trouve pas l’âme sœur catholique parce qu’ici, les hommes catholiques sont peu nombreux », explique la jeune paroissienne de St Jude de Talawa, à Anuradhapura, une région où 90 % de la population est bouddhiste. Priyanthi Nirmala faisait partie des 80 jeunes, âgés entre 20 et 34 ans, qui ont suivi, les 27 et 28 janvier derniers, à la cathédrale St Joseph d’Anuradhapura, l’atelier de réflexion : « Cheminer vers une vie de famille chrétienne réussie », destiné aux couples dont l’un des deux conjoints n’est pas catholique, ainsi qu’aux jeunes qui pensent s’engager dans ce type de relation conjugale.

« Beaucoup de parents s’inquiètent de ne pouvoir trouver de prétendant(e) catholique pour leurs enfants dans la région », poursuit la jeune femme, qui se dit préoccupée de voir de futurs conjoints aller vers un mariage mixte car « ils devront d’ici peu affronter des difficultés. Les familles trouvent difficile d’élever leurs enfants dans la foi catholique quand un des deux parents est bouddhiste », explique-t-elle. L’enjeu est de taille pour les catholiques de la région qui veulent rester fidèles à leur foi, mais où les 10 000 catholiques du diocèse d’Anuradhapura (1) représentent moins de 1 % de la population.

La plupart de ces catholiques sont des agriculteurs qui vivent dans des régions isolées. Inévitablement, les mariages entre personnes de religions différentes augmentent. Ces deux dernières années, le diocèse en a enregistré 86. Mais beaucoup de mariages mixtes connaissent des problèmes. « Mon père ne me permet pas d’aller à l’église », confie Sumya Kumari, une catholique de 20 ans. Son père et ses deux frères sont bouddhistes et sa mère est catholique. Son père avait permis qu’elle soit baptisée, mais il est revenu sur sa décision, explique-t-elle. D’après la jeune catholique, chez un autre couple mixte, le mari bouddhiste refuse à sa femme, une enseignante chrétienne, de continuer à étudier et que leurs enfants soient baptisés. « Bien que leurs personnalités aient été très proches, ils n’ont pas réussi à surmonter les difficultés liées à leur différence d’appartenance religieuse et ont décidé de se séparer », a expliqué Sumya Kumari.

Mgr Norbert Andradi, évêque d’Anuradhapura, a confié qu’il bénissait très volontiers les mariages mixtes dans l’environnement difficile qui celui d’Anuradhapura. « Les deux jours de réflexion de cet atelier ont aidé à identifier les responsabilités des conjoints au sein des familles mixtes, à prendre conscience des problèmes et des défis, tels que l’amour, la sexualité, le sida ou la question de l’avortement, avec des films et des exposés », a expliqué l’évêque, qui est membre de la Commission pour les laïcs de la Conférence épiscopale du Sri Lanka.

Le diocèse dispose également d’une association destinée aux jeunes catholiques qui souhaitent trouver un possible conjoint catholique. « Les parents viennent souvent se plaindre à moi », explique l’évêque, mais, avec ce programme, « les catholiques qui souhaitent trouver un(e) prétendant(e) catholique peuvent s’inscrire en donnant seulement quelques renseignements ».

 

Chamila Perera, 23 ans, de la paroisse de l’Immaculée Conception de Polonnaruwa, trouve que « c’est une chance de pouvoir rencontrer des amis catholiques et j’aimerais bien trouver quelqu’un avec qui me marier qui plaise aussi à mes parents ». Des bouddhistes qui ont également participé à cet atelier de réflexion ont apprécié les échanges. « Cette prise de conscience devrait être également organisée par les autres religions. J’apprécie les efforts de l’Eglise catholique », a confié Dammika Thushara Ruwan. « Nous avons beaucoup de mariages mixtes dans notre région, a-t-elle continué. La plupart des enfants des couples mixtes sont bouddhistes. Dans notre société, les grands-parents ont une grande influence sur la religion des petits-enfants. Les femmes catholiques ne peuvent rien décider sans le consentement de leurs beaux-parents et de leurs maris. »

 

Suranji Ranasinghe, 28 ans, du village de Horowpathana, fait écho aux propos de Dammika Thushara Ruwan sur l’atelier de réflexion organisé par l’Eglise catholique. « En tant que bouddhiste, je n’avais pas encore eu la chance de participer à une telle rencontre », a-t-elle reconnu, mais « aujourd’hui, je suis venue avec mon ami qui est catholique car j’ai décidé de devenir chrétienne avant notre mariage ».