Eglises d'Asie

Des Caritas se mettent en place dans les diocèses où les évêques détiennent l’autorité

Publié le 18/03/2010




Là où les circonstances le permettent, des diocèses en Chine continentale mettent sur pied des Caritas et, peu à peu, structurent ainsi le travail social et caritatif qu’ils mènent depuis plusieurs années. Cette évolution a été mise en évidence lors d’une réunion organisée par Caritas Internationalis au Vatican, les 6 et 7 mars derniers, en vue de coordonner l’intervention du réseau des Caritas en Chine populaire.

Lors de cette réunion, Duncan MacLaren, secrétaire général de Caritas Internationalis, a souligné que le gouvernement chinois met toujours en avant son refus de « toute ingérence étrangère » dans les affaires intérieures pour ne pas permettre au pape de choisir les évêques de l’Eglise de Chine, mais que ce même gouvernement n’interdit pas aux réseaux d’entraide catholiques de financer des projets en Chine. Il a rappelé que les Caritas de Macao, de Hongkong et de Taiwan menaient des actions sur le continent, de même que le Maryknoll China Service Project et le Catholic Relief Services, depuis les Etats-Unis, ou bien le CCFD, depuis la France.

Présent à Rome pour cette rencontre, le cardinal Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong, a précisé que des Caritas diocésaines existaient en Chine dans les diocèses « où ce sont les évêques qui exercent réellement le pouvoir, afin de permettre à une Caritas de fonctionner comme elle le doit » (1). Contrairement à ce qui se passe au niveau national, où c’est l’Association patriotique des catholiques chinois qui contrôle les structures ecclésiales, le cardinal Zen a ajouté qu’« au niveau diocésain, l’Association patriotique ne parvient pas toujours à s’imposer à l’évêque du lieu. Si un évêque est fort et capable, il peut faire en sorte que la Caritas soit réellement placée sous son autorité ».

Pour l’heure, l’engagement des Caritas reste « modeste et limité », mais l’aide apportée est « concrète et, là où les autorités locales se soucient du bien commun et du sort de leurs administrés, il peut y avoir une coopération fructueuse », a précisé le cardinal. Concrètement, a-t-il ajouté, des projets ont été montés par les Caritas diocésaines chinoises, en partenariat ou non avec des agences catholiques étrangères, dans le domaine de l’aide aux personnes âgées, aux malades mentaux, aux sidéens ou bien encore aux lépreux (2). Dans des régions rurales pauvres, les responsables locaux ont bien accueilli le fait que les agences catholiques soient prêtes à creuser des puits, distribuer des semences améliorées ou former des agriculteurs à de nouvelles techniques. Selon Duncan MacLaren, dans un cas particulier, les responsables locaux ont demandé au personnel d’une maison catholique pour personnes âgées de venir former le personnel d’une institution publique équivalente.

Toutefois, a expliqué le cardinal Zen, ces contacts et cette évolution sont possibles pour autant que les Caritas conservent « un profil bas ». « Si les réalisations prennent trop d’importance, les autorisations délivrées peuvent vous être retirées car ils craignent que vous ne deveniez trop puissant. » Dans ce cas, c’est le risque de « prosélytisme » qui sera mis en avant, a poursuivi l’évêque de Hongkong, citant l’exemple d’un programme de formation professionnelle mis en place par les salésiens et désormais fermé. Les religieux formaient des jeunes et ne cherchaient pas à les convertir, mais les autorités ont trouvé curieux que les élèves n’aient pas à payer de frais de scolarité. Les salésiens ont bien expliqué que le programme était entièrement financé par des bienfaiteurs, mais les autorités étaient convaincues que, tôt ou tard, les élèves subiraient des pressions pour devenir catholiques.

En attendant le jour où la Chine continentale jouira d’une liberté religieuse pleine et entière, « la chose importante est d’aider à la mise en place d’une Caritas dans chacun des diocèses du pays », a conclu l’évêque. Bien que les catholiques chinois ne peuvent pas avoir aujourd’hui une vie de foi totalement normale, la charité demeure un aspect essentiel de la vie chrétienne et permettre le développement des Caritas, c’est donner aux catholiques une occasion de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Dans la société actuelle, « si le progrès économique est une réalité, tout n’est pas rose – il suffit de citer la corruption à grande échelle ou l’accroissement des écarts entre les riches et les pauvres. Que ce soit en direction des personnes âgées, de la jeunesse, des sidéens, des migrants, le travail ne manque pas pour les Caritas », a conclu le cardinal Zen.