Eglises d'Asie – Sri Lanka
Face à l’escalade des violences, Caritas Sri Lanka s’inquiète d’une crise humanitaire imminente et appelle la communauté internationale à relancer le processus de paix
Publié le 18/03/2010
L’armée mène, depuis plusieurs semaines, des opérations dans le district de Batticaloa visant à éliminer toute présence du LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul). Selon le P. Damian Fernando, « le pays est actuellement en guerre (1). La loi antiterroriste est utilisée depuis peu contre tous les acteurs qui militent en faveur de la paix. Ils sont arrêtés et peuvent être maintenus en détention pour une durée indéterminée, parfois même plusieurs années. En raison de la présence de divers groupes paramilitaires, on déplore de plus en plus de massacres et de disparitions : massacres politiques dont certains se sont produits à Colombo même. N’importe qui peut être pris pour cible », a-t-il déclaré lors d’une visite à Rome (2).
Alors que Colombo est actuellement sous la pression d’organisations de défense des droits de l’homme, le gouvernement a réitéré son refus de toute présence de mission étrangère non sollicitée qui enquêterait sur les violations des droits de l’homme. La présence et le travail de Caritas sont néanmoins acceptés par le gouvernement et le LTTE, du fait de la neutralité de l’organisation catholique. Dans la péninsule de Jaffna, par exemple, l’association fournit une aide alimentaire et éducative dans les camps de réfugiés, beaucoup de personnes se trouvant dans l’incapacité de retourner à leur domicile, après que les forces armées gouvernementales ont pris le contrôle de la région de Jaffna.
Caritas Sri Lanka est l’une des rares structures à pouvoir entrer dans la zone contrôlée par l’armée gouvernementale. Elle joue également un rôle de médiateur informel en participant à différentes rencontres avec les parties en conflit pour aider à relancer le processus de paix, que ce soit avec le gouvernement, le LTTE, le Buddhist People’s Liberation Front ou des groupes tamouls ou musulmans.
Le 19 mars dernier, Mgr Joseph Kingsley Swampillai, évêque catholique de Trincomalee-Batticaloa, lançait lui aussi un appel à la communauté internationale et aux organisations humanitaires afin qu’elles « interviennent immédiatement auprès de la population locale ». Selon lui, les 150 000 personnes qui ont fui les zones contrôlées par les rebelles tamouls « n’ont plus suffisamment de nourriture, d’eau potable ou de produits de base depuis quatre ou cinq jours ». Le lendemain, le Programme alimentaire mondial (PAM) déclarait que, s’il ne recevait pas de fonds supplémentaires, il serait à court de denrées alimentaires. « Après toutes les souffrances endurées du fait des combats, la population ne devrait pas avoir à souffrir du manque de soutien et d’attention de la communauté internationale », a déclaré Tony Banbury, directeur de la région Asie du PAM.