Eglises d'Asie

A la suite d’une grève de la faim, les détenus chrétiens obtiennent de pouvoir prier dans la chapelle de leur prison

Publié le 18/03/2010




Le 22 mars dernier, des détenus chrétiens d’une prison de Rawalpindi ont arrêté la grève de la faim entreprise quatre jours auparavant pour protester contre la fermeture de la salle aménagée en chapelle, où ils avaient l’auto-risation de se rendre pour prier. Ce jour-là, ils étaient environ 150 à participer au service d’action de grâce orga-nisé après que le directeur adjoint de la prison d’Adiala, à Rawalpindi, eut annoncé la réouverture de la chapelle.

La grève de la faim avait été déclenchée après la réquisition par les responsables de la prison de la chapelle pour y incarcérer des avocats. Ces derniers avaient été arrêtés le 16 mars, lors des manifestations qui ont suivi la décision du président Pervez Musharaff de suspendre de son poste le président de la Haute cour de justice, le juge Iftikhar Muhammad Chaudhry. A l’appel des deux principaux partis d’opposition, plusieurs milliers de personnes – dont de nombreux avocats – avaient alors manifesté dans les grandes villes du pays. A Islamabad et à Rawalpindi, les manifestations anti-Musharaff ont été les plus importantes depuis la prise du pouvoir du général, lors du coup d’Etat d’octobre 1999.

Trois jours après les arrestations, face à la pénurie de cellules, les responsables de la prison d’Adiala ont ordonné le retrait des bibles, de l’autel et des ornements présents dans la salle-chapelle, pour y placer en détention des avocats. La décision a provoqué le mécontentement d’une trentaine de détenus chrétiens, dont le mouvement de protestation a été relayé par la presse locale. Selon les médias, sur les 31 maisons d’arrêt et centrales du pays, la prison d’Adiala est la seule, avec la centrale de Kot Lakhpat, située à Lahore, à disposer d’une chapelle. Le 22 mars, une cinquantaine de chrétiens et de militants des droits de l’homme ont relayé la plainte des détenus chrétiens à l’extérieur des murs de la prison, demandant que les responsables de l’établissement pénitentiaire soient traduits devant la justice au titre des lois anti-blasphème. « Prier en prison est un droit constitutionnel », faisaient-ils valoir. Selon l’article 681 du règlement pénitentiaire, consacré aux « questions de caste et de religion », « chaque prisonnier est autorisé à faire ses dévotions dans le calme et l’ordre ».