Eglises d'Asie

Agé de 76 ans, l’évêque « officiel » – et non reconnu par Rome – de Pékin est décédé des suites d’une longue maladie

Publié le 18/03/2010




Selon une dépêche de l’agence Chine Nouvelle, Mgr Michael Fu Tieshan, évêque « officiel » de Pékin, est décédé le 20 avril dernier, des suites d’un cancer des poumons. Affaibli par la maladie depuis plu-sieurs années, Mgr Michael Fu est mort à l’âge de 76 ans. La nouvelle de son décès a été publiée en première page du Quotidien du peuple, l’organe du Parti communiste saluant la mémoire de ce « pro-che ami du Parti communiste chinois ». Président de l’Association patriotique des catholiques chinois, président de la Conférence des évêques « officiels » de Chine, Mgr Michael Fu Tieshan était aussi, depuis 2003, l’un des quinze vice-présidents de l’Assemblée nationale populaire. A ce titre, il devrait recevoir des funérailles solennelles de la part de l’Etat chinois ; selon les informations disponibles, cel-les-ci étaient prévues le 28 avril, au cimetière de Babaoshan, où sont enterrés les principaux dignitaires de la Chine communiste, avant qu’un service religieux et des funérailles catholiques soient organisés à la cathédrale de Pékin, à « Nan Tang », l’’église du sud’, la plus vieille des églises de Pékin.

Né en décembre 1931 dans la province du Hebei, ordonné prêtre en 1956, Mgr Michael Fu Tieshan a passé toute sa vie sacerdotale dans les paroisses du diocèse de Pékin, traversant les différentes campagnes menées dans la capitale politique du pays contre « l’impérialisme » et pour « l’indépendance nationale ». C’est en 1979, à l’âge de 48 ans, qu’il accepte d’être ordonné évêque. Il est consacré évêque de Pékin, le 21 décembre 1979, sans l’approbation du Saint-Siège, par Mgr Yang Gaojian, évêque du diocèse de Changde (province du Hunan). Il devint ainsi le premier évêque « auto-élu et auto-ordonné » au sein de l’Eglise de Chine ordonné sans l’accord du pape après l’adoption par la Chine des réformes économiques et de la politique de « la porte ouverte », décidées par Deng Xiaoping à la fin de l’année 1978.

Au fil des années, Mgr Michael Fu Tieshan est devenu le symbole de l’inféodation d’une partie de l’Eglise catholique de Chine au pouvoir politique. N’ayant jamais, semble-t-il, demandé à voir son ordination épiscopale reconnue par Rome, il est resté le porte-parole de la politique religieuse du gouvernement chinois. Placé à la tête de l’Association patriotique et de la Conférence des évêques « officiels », son pouvoir réel n’était toutefois que celui que les appareils en question voulaient bien lui laisser. Ainsi, au sein de l’Association patriotique, la figure la plus importante n’était pas celle du président, mais celle du vice-président, Anthony Liu Bainian.

La question de la succession de Mgr Fu Tieshan est ouverte. Elle est bien évidemment sensible, étant donné la proximité géographique du diocèse de Pékin avec le centre du pouvoir politique chinois. Elle ne semble pas avoir été réglée du vivant de Mgr Fu, comme cela a pu être le cas dans un diocèse comme celui de Xi’an (1). En septembre 2006 toutefois, deux prêtres ont été nommés pour assister l’évêque malade dans ses responsabilités en tant qu’évêque de Pékin et en tant que président de l’Association patriotique (2). Fondateur de l’Institut pour l’étude du christianisme et de la culture chinoise (3), le P. Peter Zhao Jianmin, 44 ans, a ainsi pris la responsabilité de la gestion courante des affaires du diocèse. Après des études aux Etats-Unis, le P. Matthew Zhen Xuebin, 37 ans, a été chargé de suivre le travail de l’évêque au sein de l’Association patriotique.