Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE DU 1er MARS AU 30 AVRIL 2007

Publié le 18/03/2010




POLITIQUE
Elections municipales

Préparation des élections

Le 13 mars, le prince Ranariddh est condamné à 18 mois de prison et à 150 000 dollars de dédommagements pour abus de confiance lors de la vente du siège du Funcinpec et l’achat d’un nouveau terrain mis à son nom, pratique assez courante au Cambodge. Ce jugement, à caractère ostensiblement politique, interdit au prince de participer aux élections municipales de 2007 et aux législatives de 2008. Le PSR, Sisowath Thomico, l’ambassade des Etats-Unis dénoncent le procédé.

* Le 10 mars, soit trois jours avant le procès concernant Ranariddh, Hun Sen avait annoncé qu’il ne demanderait pas de grâce au roi en cas de condamnation. Cette déclaration indiquait donc dans quel sens devait juger la cour. Les proches de Ranariddh estiment, d’autre part, que l’octroi d’une grâce est un privilège royal, mais conseillent au prince de rester à l’étranger, car la justice est au service du pouvoir, estiment-ils.
* Au-delà de la politique, Ranariddh devrait se souvenir que, même de sang royal, il se doit de suivre les lois de la mafia : il « s’est sacrifié pour l’intérêt de la nation » en abandonnant la présidence de l’Assemblée nationale et ses partisans, le 1er mars 2006, contre un certain nombre de millions de dollars.
* Par un curieux hasard, au lendemain de la condamnation de Ranariddh, son demi-frère Norodom Chakarapong est inquiété par la justice pour n’avoir pas payé à l’Etat les 1,36 million de dollars dus en taxes et en frais de parking, par la compagnie Royal Phnom Penh Airways dont il était président, en faillite depuis 2006. Cité devant la cour le 23 mars, il refuse de payer tant que les autres compagnies n’auront pas fait de même.
Campagne

Officiellement, le CNE (Comité national des élections) affirme que « l’environnement de la campagne a été vraiment bon », qu’il a reçu 26 plaintes, et que seulement quatre d’entre elles n’ont pas encore été résolues. Les partis politiques sont d’un avis différent :

* Le 14 mars, l’ONG d’observation Comfrel dénombre cinq meurtres de militants ou de proches de militants, et 25 cas d’intimidation depuis l’inscription des candidats. C’est un progrès par rapport à 2002 (18 meurtres et 48 cas d’intimidation). Par exemple : le 2 mars, la femme d’un militant PNR de Kompong Speu est tuée par un coup de feu ; le 4, la fille d’un autre militant « très populaire » est tuée par une grenade à Pursat : accidents selon la police, crimes politiques selon le PNR. Depuis le 16 mars, date du début de la campagne, la Comfrel dénonce trois meurtres à caractère politique, vingt-quatre cas d’intimidation, quatre de violence. NIFEC, autre ONG d’observation des élections, dénombre 54 cas d’intimidation et de violences, ainsi que deux meurtres. ADHOC dénonce quatre meurtres et ne peut donc pas dire que les élections sont « libres et correctes ». Tous s’accordent pour dire que les médias ont été mis au service du parti au pouvoir. Le PSR accuse le PPC d’avoir utilisé à son profit tout l’appareil de l’Etat. Toutes les inaugurations de réalisations gouvernementales ont été autant de meetings politiques. Les achats des voix ont été courants, même la veille des élections.
* Le 28 mars, Sam Rainsy annonce qu’il récompensera les fonctionnaires qui apporteront des preuves de fraudes électorales. Ces récompenses s’échelonneront entre 300 et 30 000 dollars selon le grade du fonctionnaire.
* Des millions de T-shirt et de casquettes nécessaires à la campagne sont importés du Vietnam, qui n’arrive pas à suivre le rythme des commandes…
Résultats
* 1 621 maires et 9 738 conseillers municipaux étaient à élire dans 14 000 bureaux de vote. 20 000 observateurs, dont 210 étrangers, ont supervisé le scrutin, douze partis ont mobilisé 100 000 personnes pour contrôler le scrutin. Les ambassades et les ONG d’observation des élections déclarent que ces élections se sont passées sans violence, manifestant donc un progrès net dans la conscience politique. Quelques irrégularités sont signalées.
* Le PPC voit sa position renforcée avec 1 591 maires (il en gagne 353) et 6 402 conseillers, avec 61,1 % des voix ; le PSR obtient 28 communes (il n’en avait que 13) et 2 638 conseillers, avec 25,5 % des voix, le PSR devient le second parti national ; le Funcinpec paye la note de la division, avec deux maires et 272 conseillers ; le PNR obtient 425 conseillers, et 3,9 % des suffrages ; le petit parti de Hang Dara récolte un poste de second adjoint.
* Malgré la défaite du Funcinpec, Hun Sen déclare qu’il reste son partenaire dans le gouvernement.
* On déplore cependant un important un taux d’abstentions (65 %).
* Aux élections législatives, on notait 89,56 % en 1993, 93,74 en 1998, 83,22 en 2003 et 86,25 % aux municipales de 2002.
* Les raisons de l’abstention sont multiples :
– de nombreux électeurs n’ont pas trouvé leur nom sur les listes ou sont venus avec de mauvais documents ;
– les municipales ne représentent aucun enjeu, puisque les chefs de village sont nommés par le ministère de l’Intérieur ;
– beaucoup sont dégoûtés d’une vie politique qui n’améliore pas leur vie, et sentent les jeux pipés ;
– les ouvriers se sont peu déplacés, économisant pour le Nouvel an prochain (13-16 avril). Il avait été demandé aux patrons d’usines d’accorder un congé à leurs employés pour qu’ils puissent aller voter. Si les usines ont été fermées le jour du vote, 10 % d’entre elles seulement ont versé une avance de salaire de cinq dollars à leurs employés, pas suffisant pour faire le voyage ;
– seuls 6,5 millions de personnes ont voté sur 7,8 millions d’inscrits. La Comfrel estime que le nombre des inscrits a sérieusement été gonflé par des « fantômes » qui apparaissent en deux endroits, qui sont morts ou qui n’existent pas.
* Le CNE refuse d’examiner les trente plaintes déposée par le PSR, notamment des demandes de nouvelles élections dans plusieurs communes en raison d’irrégularités (57 plaintes sont déposées, contre 144 en 2002). Le PSR demande, en vain, une nouvelle élection à Poïpet, où il était en place et où seulement 30 % des 60 000 inscrits se sont présentés aux urnes. Le PSR signale de nombreux cas d’intimidations. Après les élections, trois nouveaux maires PSR voient l’eau et l’électricité de leur commune coupées par les militants du PPC.

* Le PSR veut organiser des élections pour choisir les 300 chefs de villages dans les 28 communes qu’il dirige désormais. Mais les chefs de village sont nommés par le ministère de l’Intérieur, selon la pratique communiste d’antan. Hun Sen s’oppose à ce type d’élections qui va à l’encontre de la loi sur la gestion des communes et des quartiers… Sam Rainsy demande à rencontrer Sar Kheng, ministre de l’Intérieur, pour parler, en autres, de cette décentralisation. Le ministre accepte.

Vie politique
* Le 11 mars, Kem Sokha, ancien sénateur proche de Son Sann, (jadis membre du PDLB, Parti démocratique libéral bouddhique), puis président du CCHR (Centre cambodgien des droits de l’homme), annonce qu’il retourne à la politique dès le 1er mai, en fondant un nouveau parti. Derrière les discours généreux de service de la nation, il faut se souvenir qu’il a quitté le Sénat quand les Etats-Unis lui ont fourni une aide de 800 000 dollars pour fonder ce Centre, et qui ont récemment cessé ce financement…
* Les syndicalistes Rong Chum et Chéa Mony, contactés par Kem Sokha, refusent d’être membres de son parti. Kek Galabru, fondatrice de la Licadho, refuse également, même si elle accepte de travailler avec lui, pour éviter la division des voix de l’opposition lors des prochaines élections.
* Après la victoire de son parti, Sam Rainsy projette un « large mouvement des démocrates » qui pourrait faire échec au PPC en 2008. Le 26 avril Sisowath Thomico et le porte-parole du PNR affirment la volonté de leurs deux partis de fusionner pour former un unique parti royaliste. Ranariddh se déclare prêt à reprendre la tête du Funcinpec.

* Le 19 avril, Ly Tuch, premier vice-président du Funcinpec, quitte son parti pour rejoindre le PPC.

RELATIONS INTERNATIONALES
Viêtnam

Les 27-29 avril, le président de la République socialiste du Vietnam se rend en visite officielle au Cambodge, accompagné d’une cinquantaine d’hommes d’affaires vietnamiens. Les observateurs cambodgiens remarquent que cette visite revêt des aspects tant politiques qu’économiques : le Vietnam tient à équilibrer sa puissance dans le royaume par rapport à celle de la Chine, qui courtise également le pays. Le Vietnam exporte pour 780 millions de dollars de produits au Cambodge, qui en exporte, pour sa part, pour une valeur de 170 millions. Le gouvernement envisage la suppression des visas pour les hommes d’affaires vietnamiens.

* Les 26-30 avril, le président de l’Assemblée nationale vietnamienne, accompagné de 26 députés, venant du Laos, rend visite à son homologue cambodgien et signe des accords de coopération entre les deux assemblées.
* Le 22 mars, on apprend que 20 Montagnards vietnamiens demandeurs d’asile se cacheraient dans les jungles de Ratanakiri depuis le 15 mars. Le lendemain, dix d’entre eux sont arrêtés par la police et refoulés au Vietnam, en contradiction avec le mémorandum signé en 2005. Quinze Montagnards arrivent durant la dernière semaine de mars. Le 13 avril, cinq Montagnards sont refoulés au Vietnam comme « immigrants illégaux ».
* Le 13 avril, les autorités vietnamiennes condamnent un Montagnard à deux ans de prison, pour avoir organisé l’« émigration illégale de ressortissants vietnamiens ». Il fait partie d’un groupe de dix personnes arrêtées le 30 décembre 2006 à l’intérieur du Cambodge par les autorités vietnamiennes. Le 20 avril, la police cambodgienne arrête trois Montagnards cambodgiens qu’elle accuse d’être des passeurs, alors qu’ils sont venus en aide à leurs frères cachés dans la jungle. Selon Adhoc, ils sont accusés injustement.
Moines du Kampuchéa Krom

Les moines du Kampuchéa Krom (KKK) ont plusieurs fois fait parler d’eux au cours de ces deux derniers mois :

* Le 27 février, des échauffourées opposent une quarantaine de moines qui manifestent sans autorisation, lors de la visite du président vietnamien au Cambodge. Ils accusent les autorités vietnamiennes d’avoir défroqué trois d’entre eux et pris des mesures vexatoires envers la religion bouddhique.
* Le 28 février, un moine de 32 ans originaire du KKK qui a participé à la manifestation de la veille, est retrouvé la gorge tranchée dans une pagode proche de Phnom Penh. Les autorités policières assurent qu’il s’est suicidé après avoir consommé de la drogue (difficile de se trancher la gorge soi-même…). Aucune autopsie n’est pratiquée, le corps est rapidement enterré par la police. Pour beaucoup d’observateurs des droits de l’homme, il s’agit d’un assassinat visant à intimider les autres moines. Des ONG demandent une enquête.
* Le 2 mars, une soixantaine de moines manifestent pour dénoncer l’arrestation de neuf moines KKK qui ont été défroqués par les autorités vietnamiennes.
* Le 16 mars, un barrage de police et de villageois interdit à plus d’une soixantaine de moines du KKK de rendre un dernier hommage à leur collège « suicidé » le 28 février.
* Le 27 avril, une vingtaine de moines KKK veulent manifester devant l’ambassade du Vietnam, où loge le président de l’Assemblée nationale vietnamienne, mais sont empêchés par un cordon de police. Ils partent en direction de l’ambassade des Etats-Unis, encadrés par la police, par d’autres moines venus les rejoindre, par des observateurs des ONG de défense des droits de l’homme. A la hauteur de Vat Onalom, siège du Patriarche suprême de l’ordre Mohanikay, une voiture transportant des moines et des civils les arrête. Les moines s’empoignent, un moine est blessé par une pierre lancée par un civil qui s’enfuit sous le regard impassible des policiers. Six moines sont légèrement blessés. Les moines KKK déposent leur plainte à l’ambassade des Etats-Unis. Le PSR, le PNR et le CCHR demandent une enquête. Le porte-parole du gouvernement justifie l’action des moines locaux contre ceux du KKK qui ont dit des « mots impolis contre le Vietnam ». L’association des KKK écrit un courrier à Heng Samrin, président de l’Assemblée nationale, dénonçant les mesures vexatoires des autorités vietnamiennes contre les moines : quatre d’entre eux auraient été obligés de quitter le froc dans la province de Préah Trapéang (Travinh), ce qui monte à treize le nombre de moines défroqués et trois disparus en deux mois.
* Lors de la visite de son homologue vietnamien, Heng Samring déclare que les Khmers du KKK vivent au Vietnam et qu’ils dépendent des lois vietnamiennes. L’association des KKK réagit en affirmant que la déclaration du président de l’Assemblée nationale viole l’article 33 de la Constitution, et méprise ses ancêtres. Cependant, Heng Samring réitère ses propos : accorder des cartes d’identité khmères ou des passeports khmers aux KKK ouvrirait la porte à l’immigration clandestine de Vietnamiens et créeraient des problèmes sociaux au Cambodge.
* Le représentant de l’Association des KKK de Takéo est poursuivi par la justice pour avoir falsifié une lettre autorisant une quarantaine de KKK à s’installer dans la région de Kirivong, prétextant une persécution par les autorités du Vietnam à leur encontre.
* Le 25 avril, le rédacteur en chef d’un journal, La Voix des Khmers Krom, est retrouvé mort dans la forêt de Pich Nil, son cadavre dissimulé dans une malle. Reporters Sans Frontières demande une enquête. Il serait mort la veille de l’arrivée du président de l’Assemblée nationale vietnamienne au Cambodge. Le fils de sa compagne est arrêté et avoue qu’il l’a étranglé et achevé au couteau, car cet homme battait sa mère et voulait violer sa sœur. Cette arrestation et ces aveux paraissent suspects à beaucoup.
* Les KKK vont pouvoir bénéficier de trois heures hebdomadaires d’antenne sur l’ancienne radio du Funcinpec.
Etats-Unis

* Le 2 avril, le FBI ouvre un bureau à Phnom Penh, dans les murs de l’ambassade américaine. Cette ouverture manifeste la bonne coopération entre le Cambodge et les Etats-Unis, spécialement dans le domaine de la lutte anti-terroriste.

* Le 5 avril, 29 volontaires des Peace Corps prêtent serment et viennent, officiellement, enseigner l’anglais.
* Le 23 avril, Hok Lundy rencontre le FBI à Washington. Human Rights Watch et la section du Département d’Etat pour les droits de l’homme et contre le trafic des êtres humains s’insurgent contre l’invitation du chef de la police cambodgienne, impliqué dans de nombreux cas de violations des droits de l’homme : attentat à la grenade du 30 mars 1997, assassinat de Ho Sok et de nombreux membres du Funcinpec lors des « événements » des 5-6 juillet 1997, libération des patrons de l’hôtel Chhay Hour II en 2004, etc. Un visa d’entrée aux Etats-Unis lui avait été refusé en février 2006 à cause des accusations de trafic d’êtres humains portées contre lui. Mais, un mois plus tard, le FBI lui remettait une médaille pour sa lutte anti-terroriste. Cependant, l’ambassade des Etats-Unis au Cambodge, la section Asie du Département d’Etat, le ministère de la Justice et le FBI sont favorables à sa venue, en affirmant avoir besoin de la collaboration de tous les pays dans la lutte contre le terrorisme. Pour Hok Lundy, cette invitation est la preuve de la confiance que l’on fait en sa police, qui a notamment arrêté Heng Peuv. Il accuse ses détracteurs d’être politiquement orientés.
TRIBUNAL DES EX-RESPONSABLES KHMERS ROUGES
* La construction de huit cellules de détention est commencée. Elle est financée à hauteur de 79 000 dollars par l’Inde et comprendra un réfectoire commun, une infirmerie, huit cellules avec toilette individuelle, un espace pour visiteurs, mais pas d’air conditionné. Ces huit cellules remplacent les trois pièces construites par le Japon l’an dernier pour 45 000 dollars, qui serviront de logement pour le service de sécurité.
* Les juges cambodgiens demandent à l’ONG Open Society Justice Initiative (OSJI) de démentir les accusations émises par l’ONG le 14 février, affirmant qu’entre 20 et 30 % des salaires des juges cambodgiens étaient reversés aux personnalités les ayant fait nommer. Il semblerait que tout cela se passe au grand jour, avec un compte en banque où les grands du régime viennent percevoir leur dû. Plusieurs diplomates défendent la présence de l’ONG.
* 30 000 cartouches sont acheminées au Cambodge pour les 50 membres du service de sécurité du tribunal.
* Le 16 mars, le barreau cambodgien décide de demander 4 900 dollars à tout avocat qui voudra participer au tribunal, soit 500 dollars de frais d’inscription au barreau, 2 000 de frais d’inscription au tribunal, plus 200 par mois. Cette somme est bien supérieure à celle demandée partout ailleurs dans le monde et limite sérieusement le nombre des avocats ; elle interdit à des avocats bénévoles de défendre des victimes. Les avocats étrangers, d’autre part, devraient être subordonnés aux avocats cambodgiens.
* Beaucoup d’observateurs, le CDS (Centre pour le Développement social), le CHRAC (collectif de 23 ONG), des ONG de défense des droits de l’homme estiment que le barreau n’est que l’instrument du pouvoir, et que la justice n’est pas son principal but. Par ce problème financier, s’exprime la volonté du gouvernement qui veut contrôler l’ensemble des procédures du tribunal.
* Le 15 mars, le Parlement européen demande que le Tribunal commence rapidement ses travaux. Certains membres du Parlement émettent cependant des doutes sur les garanties d’indépendance du tribunal par rapport aux interférences politiques.
* Déjà un tiers du budget est épuisé par des conflits et des reports. Il est en effet très complexe de mettre d’accord les 17 juges cambodgiens et 12 juges étrangers qui doivent harmoniser les procédures de systèmes judiciaires, de langues et de cultures différentes. Plus de 100 points ont déjà été résolus.
* Marcel Lemonde, juge d’instruction français auprès du tribunal, affirme que si le barreau ne change pas sa position avant le 3 avril, il sera impossible aux étrangers d’adopter le règlement intérieur.
* Le 3 avril, après des négociations infructueuses, les juges internationaux accordent un nouveau délai au barreau pour reconsidérer sa position, faute de quoi, il sera purement et simplement exclu du tribunal, ce qui signifierait la mort du tribunal. Le bâtonnier Ky Tech est furieux : « Ce tribunal n’est pas un tribunal de l’ONU. Comment peut-on exclure le barreau cambodgien ? » Les juges cambodgiens menacent de quitter le tribunal, et estiment la position des étrangers hautement irraisonnable, vus leurs salaires exorbitants par rapport à ceux des Cambodgiens. Ils demandent le même salaire que les étrangers.
* Le Comité des avocats de défense de droits de l’homme des Etats-Unis et l’Association internationale des barreaux dénoncent les tarifs exorbitants exigés par le barreau cambodgien.
* Le 28 avril, le barreau accepte d’abaisser ses tarifs à un forfait de 500 dollars pour toute la durée du procès. Il agit pour faire avance la procédure, non pas « sur pression nationale ou internationale ». Le Japon, qui finance une grande partie du barreau, est pour beaucoup dans ce revirement. Plusieurs diplomates, spécialement australiens, canadiens et allemands, sont intervenus. Le 30 avril, les juges internationaux saluent cette décision avec satisfaction, et prévoient une réunion générale à la fin mai pour l’adoption du règlement intérieur. Il leur faut du temps pour examiner « ce volumineux dossier très technique ». Certains points pourraient encore être négociés, comme la gratuité pour les avocats bénévoles. On peut donc envisager le début des premières auditions vers la moitié de 2008.
ECONOMIE

Le 9 avril, l’Assemblée nationale débat au sujet du rapport des finances de 2004. Le ministère de la Santé n’a dépensé que 49 des 57 millions budgétés (86 %), celui de l’Education n’a dépensé que 94 % de son budget, par contre celui du Développement rural a dépensé 20 millions au lieu des six prévus, celui des Travaux publics 28 millions alors que 3,8 étaient budgétés… Les députés PSR estiment dans les deux derniers cas que les chiffres ont été truqués pour plaire aux donateurs, mais ne reflètent pas la réalité. Les députés PSR quittent l’Assemblée avant le vote, par protestation. L’Autorité nationale d’audit avalise les comptes de 2004. Le PSR fait remarquer que, sur 1 006 institutions gouvernementales, seulement 352 ont fourni des comptes, et que le travail de l’ANA est plus de « négociation que d’investigation ».

* Une loi contre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme est votée à l’unanimité le 30 avril. Pour être efficace, cette loi devrait être accompagnée d’une dé-dollarisation de l’économie cambodgienne. Déjà quelques petits pas sont faits dans cette direction : les taxes doivent désormais être payées en riels.
* Le 19 avril, l’agence Standard & Poor’s accorde au Cambodge la classification B+ qui permet au pays d’emprunter plus facilement à l’étranger, garantissant qu’il a les possibilités de rembourser les emprunts. Le Cambodge a toutefois une dette de 6 milliards de dollars, et peu de rentrées fiscales.
* Les taxes d’importation de plus de 1 000 dollars se feront désormais uniquement par chèques.
AIDE ET INVESTISSEMENTS
* Conformément à l’accord signé le 15 février, les Etats-Unis accordent 679 000 dollars sur l’année fiscale 2006 directement à l’armée cambodgienne pour financer l’achat de matériel non létal par l’armée cambodgienne : matériel de communication, matériel pour protéger les frontières, etc. 300 000 dollars supplémentaires sont accordés pour l’achat de camions et de pièces de rechange. C’est un changement dans la politique américaine, justifié du côté cambodgien par le fait que « l’armée n’appartient à aucun parti politique et respecte les droits de l’homme » (sic !). Du côté américain, c’est un signe de reconnaissance pour le Cambodge de n’avoir pas donné sa voix à l’établissement de la CPI (Cour pénale internationale). Cinquante-trois millions d’aides sont demandés au Congrès pour 2007. Cependant, dans le même temps, on apprend que les Etats-Unis diminueront leur aide de 25 % en 2008, à cause d’un changement de priorités du gouvernement américain dans ses dépenses.
* La Malaisie se propose de construire un golf, un hôtel, un stade, un supermarché, un centre d’attractions à la frontière khméro-vietnamienne pour un coût de 100 millions de dollars. Ce golf s’étendra sur 50 hectares en territoire cambodgien et 100 sur le vietnamien.
* On apprend qu’en 2005, le Conseil des ministres a accordé 150 hectares à O Yadav (Ratanakiri) à la société cambodgienne Try Phéap pour y créer un casino, un hôtel, un terrain de sport et terrain de golf. Seuls les Vietnamiens seront autorisés à venir y jouer de l’argent. Un centre commercial de 500 m² est construit par le gouvernement vietnamien, pour 290 000 dollars. Les opérations de déboisement ont commencé.
* Le 8 mars, l’ambassadeur de Grande-Bretagne remet 400 postes radio à des Chams pour qu’ils puissent entendre les programme de radio musulmanes de 30 minutes quatre fois par semaine, selon le programme financé par l’ambassade pour la santé, le droit des femmes, le développement.
* La société Sokimex détruit le bâtiment qu’avait commencé à construire Chéa Sophara pour accueillir le sommet de l’ASEAN en 2002 dans la presqu’île de Chroy Changvar, pour y construire un hôtel de 400 chambres à cinq étoiles de dix étages, pour un coût de 100 millions de dollars. C’est le troisième palace que construit Sokimex, après ceux de Sihanoukville et de Siemréap. La municipalité de Phnom Penh a vendu les 14 hectares de terrain en face du palais en février, pour 99 ans, et pour un coût de 5,6 millions de dollars. Cet hôtel comprendra deux tours, une salle de conférence de 800 personnes. Depuis lors, le prix du terrain avoisinant a augmenté à 400 dollars le m².
* La construction d’un nouveau port à Sihanoukville commencera en juin, par la société Attwood (dont la femme du ministre du Commerce est principale actionnaire) avec des fonds japonais. Elle sera achevée en 2012.

* Cinquante-six balises flottantes sur le Mékong, dont la première a été placée le 5 avril devant le palais royal de Phnom Penh, permettront la navigation sur le fleuve 24 heures sur 24, et faciliteront les échanges commerciaux avec Singapour, la Chine et le Japon, notamment pour les produits de la confection textile. Le trafic du port de Phnom Penh, qui ne représente actuellement que 12 % de l’ensemble du commerce extérieur, devrait augmenter de 25 %. Ce programme, lancé par la Commission du Mékong et financé par la Belgique à hauteur d’un million de dollars, sera achevé à la fin de l’année.

SOCIÉTÉ

Mouvements sociaux

Le 23 mars, le Conseil des ministres approuve un projet de création d’un fonds de sécurité sociale.

* Van Sou Ieng, Français d’origine cambodgienne, est réélu pour deux ans à la tête du GMAC (syndicat des patrons). Il affirme sa volonté de refréner le nombre de grèves « stupides » qui empêchent les investissements. Le GMAC comprend 295 membres. D’après le patron des patrons, il y aurait des syndicats en 295 usines. Quant à Chéa Mony, secrétaire général du SIORC, la corruption, les meurtres et les violences faites aux ouvriers, et spécialement aux syndicalistes, mettent en danger les investissements plus que les grèves.
* Le 30 avril, les investisseurs semblent donner raison à Chéa Mony : 242 syndicats locaux et internationaux, des associations de défense des droits de l’homme, l’OIT, des acheteurs comme Adidas, Eddie Bauer, Gap, H&M, Liz Claibome, Philipp-Van Heusen demandent au gouvernement que soit menée une enquête professionnelle et impartiale sur l’assassinat de Hy Vuthy, perpétré le 25 février, sur ceux de Chéa Vichéa et de Ros Savannareth.
* Selon la police, le meurtre de Hy Vuthy est une vengeance entre deux syndicats. Des suspects sont sur le point d’être arrêtés.
* Le 21 mars, une centaine d’ouvriers de l’usine de confection Century Rich manifestent devant le ministère de l’Emploi contre leur patron chinois qui a mis la clé sous la porte le 1er février et disparu dans la nature. La direction a promis de donner 10 dollars par mois aux 300 employés pour les faire patienter, mais ils n’ont toujours rien reçu. Ils demandent que les biens du patron soient saisis pour rembourser leurs salaires.
* Le 3 avril, 70 des 200 ouvriers de l’usine de confection textile M&A manifestent devant la cour municipale de Phnom Penh contre leur patron, évanoui dans la nature depuis le 26 janvier, sans payer ses ouvriers.
Conflits fonciers

Le 3 mars, lors de la 33ème assemblée plénière du PPC, les 254 membres du parti donnent pleins pouvoirs à Hun Sen pour régler les conflits fonciers dans lesquels sont compromis de nombreux hauts fonctionnaires du PPC. Le 5 mars, Hun Sen « déclare la guerre » aux spoliateurs.

* Le 28 mars, le CHRAC (collectif de 23 ONG) ainsi que les organisations d’aide légale que sont Clec et Lac prennent Hun Sen au mot et s’engagent à collaborer avec lui dans la résolution des conflits. Il existe une Autorité nationale pour la résolution des conflits fonciers, qui a reçu près de 2 000 dossiers, dont seulement cinq ou six ont été résolus.
* Cinq affaires leur semblent prioritaires : la concession de 100 000 hectares, atrribuée à Mong Rethy (société Green Sea), dans la région de Stoeung Treng, qui affecte 23 villages, répartis en quatre communes ; la concession de 10 000 hectares à la société Wuzhishan à Ratanakiri, qui empiète sur les terres des Montagnards ; le village de Klaing Por, dans la province de Bantéay Méan Chhey, qui affecte 340 familles de soldats démobilisés dont les 1 320 hectares ont été vendus par le gouverneur ; le village de Khun Reum, dans le province de Siemréap, où 30 familles sont menacées d’expulsion par des militaires, le village de Boeung Pram, dans la province de Battambang, où les militaires veulent s’accaparer les 20 000 hectares de 3 170 familles.
* Le ministre de l’Agriculture déclare aux ONG que si les sociétés n’ont rien fait sur leurs concessions, elles devront rendre les superficies qui excèdent 10 000 hectares avant mai 2008 (la loi stipule que les concessions ne doivent pas excéder 10 000 hectares)
* Le 7 mars, un général trois étoiles remet 215 hectares au gouvernement sous peine d’être limogé. Thun Saray estime que le gouvernement devrait s’en prendre aux concessions massives de terres privées.
* Le 11 mars, un colonel de la protection des frontières de Bantey Méanchey est arrêté pour s’être approprié 1 000 hectares.
Après plus d’un mois, ces engagements n’étaient que de la poudre aux yeux, comme le dénonçait le PSR à l’époque. Les conflits fonciers continuent à empoisonner la vie de nombreux pauvres sans aucun recours :
* 122 personnes, dont des femmes et enfants de Koh Kong viennent à Phnom Penh pour demander au Premier ministre la résolution du vieux conflit qui les oppose à Ly Yong Phat à qui ont été accordés 20 000 hectares, dont 9 700 leur appartenant. La société a détruit les plantations qui leur permettaient de vivre.
* Le 10 mars, CHRAC (Comité de 23 ONG de défense des droits de l’homme) dénonce l’échec des négociations pour résoudre le conflit de 300 personnes de minorités ethniques de la région de Stung Treng, spoliés par quatre sociétés. Les villageois se trouvent face à des soldats armés, employés comme gardes. Quatre manifestants sont poursuivis par la justice. Les ONG craignent désormais une manifestation violente.
* Le 18 mars, on apprend que la police militaire a incendié 130 maisons misérables dans la région de Srayan (Préah Vihéar) dont 26 étaient encore habitées. Ces gens avaient « acheté » leur terrain, en zone protégée, à des fonctionnaires véreux pour une somme allant entre 40 et 50 dollars.
* Le 17 avril, 150 policiers et militaires, armés de fusils d’assaut, de boucliers, de bâtons électriques et de pistolets, brûlent 80 maisons et en détruisent 106 autres du quartier de Métaphéap (‘amitié’ en khmer), à Sihanoukville. Les policiers emportent motos, postes de TV et autres biens… et arrêtent treize personnes qui ont répondu à la police par des jets de pierres. Deux policiers sont gravement blessés, une dizaine d’autres légèrement. Journalistes et représentants d’ONG sont interdits. Trente hommes se sont enfuis pour éviter l’arrestation. Trois cent douze personnes, surtout des femmes et des enfants, vivent désormais sous des toiles de plastique, privées de tout, à 150 m de l’emplacement de leurs anciennes maisons. Le PSR condamne les violences. Soixante-dix personnes représentant l’ensemble des familles viennent manifester à Phnom Penh le 29 avril. Le conflit a commencé l’an dernier quand de riches et puissants personnages de Phnom Penh ont déclaré que la terre leur appartenait. « Il est temps que les autorités cambodgiennes opèrent un changement radical dans l’approche des conflits fonciers », déclarent Adhoc et la Licadho dans un communiqué commun.
Justice

Le 15 mars, le parlement européen condamne le meurtre du syndicaliste Hy Vuthy, commis le 24 février à la sortie de son usine, et demande une enquête efficace sur les meurtres des syndicalistes Chéa Vichéa, Ros Savannareth et Hy Vuthy, ainsi que la révision du procès de Bon Sannang et Sok Sam Oeun, assassins présumés de Chéa Vichéa.

 

* Malgré la pression diplomatique internationale et celle des ONG de défense des droits de l’homme, Born Samnang et Sok Sam Oeun voient leur condamnation à vingt ans de prison confirmée par la cour d’appel, le 12 avril, la veille du Nouvel An khmer. Leur procès est unanimement qualifié de « parodie de justice », de « politiquement motivé », le seule témoin oculaire du meurtre n’étant pas invité à témoigner, pas plus que le seul « témoin à charge ». « Les vrais meurtriers courent toujours », affirment beaucoup de gens. La Confédération internationale des syndicats, qui regroupe 168 millions de travailleurs, la Commission asiatique des droits de l’homme, entre autres, dénoncent le climat d’impunité et l’absence de véritable action contre les assassins de Chéa Vichéa, d’Hy Vuthy et d’autres… L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme se déclare « inquiet ». L’OIT réagit vivement à la confirmation de la condamnation des deux présumés.

Droits de l’homme

* Environ 200 personnes, accompagnées de quatre charrettes à bœufs, participent à une marche organisée par un collectif de 28 ONG de défense des droits de l’homme et des syndicats. Cette marche part le 28 février de Vat Phnom (Phnom Penh) pour Angkor Vat où les marcheurs arrivent le 15 mars, afin de revendiquer le droit à la liberté d’expression. Tout au long du trajet, les marcheurs en profitent pour délivrer leur message d’opposition politique au gouvernement. Pour le gouvernement, la liberté de parole existe déjà, donc cette marche est inutile.
* Un rapport du Département d’Etat américain en date du 7 mars dénonce les habituelles violations des droits de l’homme au Cambodge : dix-huit assassinats, dont neuf commis par des militaires, quatre par la police, deux par des gardiens de plantation, deux par des gardes du corps de personnalités, un par le personnel de l’administration des forêts ; torture physique ou morale, détentions arbitraires, impunité de la police, corruption, absence de liberté de rassemblement, etc.
* Le 9 mars, Yash Ghai, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’observation des droits de l’homme au Cambodge, écrit que les abus concernant les droits de l’homme ne sont pas dus à l’inefficacité ou à une mauvaise gouvernance du pays, mais sont devenus « un instrument de pouvoir ». Les lois sont faites pour les puissants, la justice est manipulée à des fins politiques. « C’est un choix national par les gens du pouvoir qui refusent de rendre compte devant la loi et devant le peuple. » En dépit de toutes les dénégations du pouvoir, les associations de défense des droits de l’homme se reconnaissent dans cette analyse.
* Le 14 mars, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme et l’Organisation mondiale contre la torture relèvent 1 306 cas de répression en 2006.
* Les autorités ont la gâchette facile. Quelques cas, parmi beaucoup d’autres :
– le 6 avril, une jeune femme doit être hospitalisée après des coups portés par le directeur de l’Emploi et de la Formation professionnelle de la province. Le 7 avril, un jeune homme de 19 ans est tué par un garde corps d’une personnalité après une dispute dans un bar ;
– le 23 avril, à Pursat, dans un conflit qui les opposait à un groupe de pêcheurs, les autorités de l’administration des pêches tirent et tuent trois Vietnamiens. Cinq pêcheurs voisins sont arrêtés pour pêche illégale ;
– à Prey Veng, après le Nouvel An, des gangs de jeunes gens armés commettent plusieurs vols : quatre d’entre eux sont abattus.

* Le 6 avril, est créée une « Task force », groupe d’action national pour lutter contre le trafic d’êtres humains, qui comprend des membres de quatorze ministères et organismes d’Etat, ainsi que des ONG. C’est là une nouveauté intéressante, « car la justice est conditionnée à la seule corruption des juges ». Ce groupe d’action est financé par Asia Foundation et l’USAid.

Santé
* Le Japon verse 1,7 millions de dollars au PAM pour reprendre certains de ses programmes de soutien alimentaire (aux malades du sida et de la tuberculose). Il a déjà versé 92 millions au PAM pour le Cambodge depuis 1992. Le 12 mars, Dubaï s’engage à verser un million au PAM, le 14 mars, le Canada donne 1,1 million.
* Deux cent cinquante-quatre enfants cambodgiens ont été adoptés en 2006, dont 106 par des Italiens, 43 par des Autrichiens et 28 par des Français.
* En 2006, 100 943 personnes ont été atteintes du paludisme (contre 296 en 2005), 396 en sont décédées (contre 296 en 2005). Le paludisme frappe surtout dans les régions périphériques boisées du Cambodge.
* Selon un rapport de Medicam, la mortalité maternelle ne s’est pas améliorée depuis cinq ans et reste la plus élevée de la région, après le Laos, alors que des progrès ont été réalisés en beaucoup d’autres domaines : santé prénatale, vaccinations notamment. La mortalité maternelle est de 4,72 pour 1 000 accouchements (en 2000, le taux était de 4,37). Les causes sont multiples : absence de sages-femmes qualifiées (100 hôpitaux n’en ont pas), les maigres salaires des médecins (20 à 30 dollars), la cherté des transports, etc. 6,6 enfants sur 100 meurent avant un an, et 8,3 enfants sur 100 meurent avant 5 ans (en 2000 les chiffres étaient respectivement de 9,5 et de 8,3. 0,6 % des adultes de 15 à 49 ans sont séropositifs, ce qui donne le nombre total de 123 000 de personnes infectées pour l’ensemble du pays.
* Quatre cliniques chinoises de Siemréap sont fermées par le gouverneur de province pour absence d’autorisation et de qualifications.
Drogue
* Un rapport du Département d’Etat américain estime que moins d’1 % des méthamphétamines entrant au Cambodge (50 millions de pilules par an) est saisi. 150 000 pilules y entreraient chaque jour, dont 50 000 consommées sur place quotidiennement (l’OMS estime ces chiffres exagérés). Des laboratoires installés dans le nord-est et le sud-est du pays en produisent également. Contrairement aux affirmations gouvernementales, la culture du cannabis continue, pratiquée par des militaires et des policiers.
* Selon l’ANAD (Autorité nationale anti-drogue), il y aurait 6 500 drogués au Cambodge, alors que les chiffres de l’OMS pour l’année 2004 donnaient 20 000 consommateurs d’amphétamines, 2 500 d’héroïne et 1 750 pratiquant des injections.
* Le 1er avril, la police fait un raid dans une ferme de Kompong Speu et découvre trois tonnes de produits chimiques destinés à fabriquer des méthamphétamines. Elle arrête dix-huit personnes, dont trois Chinois, un Thaïlandais et 14 Cambodgiens. Une Chinoise est arrêtée à Phnom Penh avec une tonne de produits chimiques.
* Durant les derniers mois, on assiste à de grosses prises de méthamphétamines et d’héroïne.
Mines
* Depuis 1999, le Japon a contribué pour neuf millions de dollars au déminage. Il vient de faire un don de 900 000 dollars au CMAC pour continuer son travail dans la province de Battambang.
* L’Australie réserve douze millions de dollars pour le déminage.
DIVERS
* La ville de Sihanoukville est privée d’eau pendant près d’une semaine, les réserves étant épuisées et les puits à sec. C’est une conséquence directe de la déforestation massive de tout le secteur.
* Les passeports cambodgiens sont désormais délivrés avec une puce électronique, ce qui renchérit leur coût de 25 dollars.
* Un entraîneur nigérian est choisi pour former l’équipe cambodgienne de basket.
* Quatre vingt-cinq cyclistes (70 Vietnamiens, cinq Cambodgiens, cinq Malaisiens et cinq Coréens), font une course de 1 500 km entre Hô Chi Minh-Ville et le Cambodge, du 18 au 30 avril, avec une étape de 45 km à l’intérieur de Phnom Penh, le 27 avril.
* Six cent soixante-dix échoppes du marché central de Pursat brûlent lors d’un incendie qui a pris en trois endroits à la fois. La version officielle est celle d’un court-circuit. Les commerçants pensent plutôt à un acte de malveillance du patron du marché pour les chasser. Hun Sen, devant la maison duquel ils sont venus manifester le 20 avril, leur accorde 200 000 dollars pour réparer le toit du marché, et les autorise à reconstruire leurs échoppes à la même place. La société propriétaire du marché voulait expulser les 500 commerçants.
Patrimoine
* Le 17 mars, une statue de Naga en bois d’un mètre de haut et d’une soixantaine de cm de large, pesant 60 kg est retrouvée enfouie dans la terre près de Ponhéalu. Elle daterait du XVIIe siècle.
* Le patrimoine cambodgien est en voie de « privatisation » : trois musées vont prochainement ouvrir leurs portes à Siemréap : l’Angkor National Museum, ultra moderne, construit par une société thaïlandaise, des investisseurs coréens vont en construire un deuxième, les Japonais ouvriront le leur avant la fin de l’année. Près de 700 pièces du musée de Phnom Penh, dont certaines majeures, vont être transférées au Angkor National Museum de Siemréap. C’est un membre de la famille de Hun Sen qui a négocié avec les propriétaires du Angkor National Museum (propriétaire également de la société thaïlandaise Samart), qui l’a revendu à la société Vilailuck
* Ros Chantraboth, vice-président de l’Académie royale d’administration, écrit un livre, publié à 5 000 exemplaires, sur Samdech Kân, homme du peuple qui renversa le roi au XVIe siècle. Hun Sen se voit très bien comme réincarnation de ce héros national.
* Un nouveau film de Rithy Panh, « Le papier n’enveloppe pas la braise », décrit avec sobriété et réalisme le monde des prostituées du « building ».
RELIGION

* Le moine Maha Ghossananda, appelé Moha Yao, est décédé le 13 mars aux Etats-Unis. Appelé parfois « le Gandhi cambodgien », ce moine a été l’initiateur de plusieurs marches pour la paix à l’intérieur du Cambodge.