Eglises d'Asie

Le responsable de l’Association patriotique affirme que le Vatican ne sera pas consulté au sujet du choix du successeur de feu Mgr Fu Tieshan

Publié le 18/03/2010




A l’issue des funérailles de Mgr Fu Tieshan, l’évêque « officiel » – et non reconnu par Rome – du diocèse de Pékin (1),célébrées le 27 avril dernier au Cimetière révolutionnaire de Babaoshan, dans la banlieue de Pékin, Anthony Liu Bainian a déclaré que le diocèse de Pékin disposait de prêtres capables pour prendre la succession de l’évêque décédé et qu’il n’y aurait donc pas de consultation avec le Vatican à ce sujet. Le vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois a justifié son propos en rappelant que la Chine et le Saint-Siège n’entretenaient pas de relations diplomatiques et que, de ce fait, l’Eglise en Chine n’avaient pas de relations officielles avec lui : il était donc difficile de dire si les noms des candidats à l’épiscopat devaient ou non être communiqués à Rome.

Au sujet du vide créé par la mort de l’évêque de Pékin, Liu Bainian a ajouté que l’Eglise allait convoquer une réunion anticipée de l’Assemblée nationale des représentants catholiques, afin d’élire un nouveau président à la tête, respectivement, de l’Association patriotique et de la Conférence des évêques « officiels ». Pour l’Association patriotique, la présidence par intérim sera assurée par Liu Bainian et, pour la Conférence épiscopale, par Mgr Joseph Ma Yinglin, qui en assumait jusqu’ici le secrétariat général. Mgr Joseph Ma a été ordonné évêque de Kunming au printemps 2006, contre la volonté du Saint-Siège (2).

Décédé à l’âge de 76 ans, Mgr Fu Tieshan présidait l’Association patriotique ; il assumait également la présidence par intérim de la Conférence épiscopale « officielle » depuis le 20 avril 2005, date de la mort de Mgr Joseph Liu Yuanren, évêque de Nankin. Qualifié par le Quotidien du Peuple de « proche ami du Parti communiste chinois », l’évêque de Pékin était la personnalité qui avait atteint le statut po-litique le plus élevé de tous les responsables religieux du pays. Il était l’un des quinze vice-présidents de l’Assemblée nationale populaire et l’organisation de ses funérailles a reflété ce statut. A Babaoshan, son cercueil était recouvert du drapeau chinois ; après une première cérémonie à laquelle a assisté Wu Bangguo, président de l’Assemblée nationale populaire, une seconde cérémonie a été marquée par la présence du président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, ainsi que de celle du Premier ministre, Wen Jiabao. C’est dans un troisième temps que l’Eglise catholique de Chine a pu prier pour l’évêque défunt, lors d’un service présidé par Mgr Pius Jin Peixian, évêque de Liaoning ; quatorze autres évêques étaient présents ainsi qu’environ 150 prêtres et 2 000 religieuses, séminaristes et laïcs.

Une fois le corps de Mgr Fu Tieshan incinéré, la messe de requiem a été célébrée le lendemain, 28 avril, dans la cathédrale de Pékin, Notre-Dame de l’Immaculée Conception. Les cendres de l’évêque seront conservées à Babaoshan, jusqu’à la fin des travaux de rénovation actuellement menés au cimetière catholique de la ville.

A Rome, fait inhabituel, la nouvelle de la mort de Mgr Fu Tieshan a été signalée dans l’Osservatore Romano, quotidien officieux du Saint-Siège. Dans son édition du 22 avril, en page 2, le quotidien en italien a rapporté l’information en quatorze lignes, sous le titre : « Décès de Mgr Fu Tieshan ». L’article précise que le Vatican a appris la nouvelle du décès par les agences de presse et qu’il a su, par d’autres sources, que « le prélat avait reçu l’extrême onction et qu’au moment où il a expiré, quelque vingt prêtres et religieuses priaient à son chevet ». Selon un responsable de la curie romaine, la mention dans l’Osservatore Romano de la mort de l’évêque de Pékin, ordonné validement mais illicitement et par conséquent illégitime car consacré sans mandat pontifical, doit être comprise comme « un geste de bonne volonté » du Saint-Siège en direction de la Chine.