Eglises d'Asie

L’abbé d’un monastère du bouddhisme tibétain a refusé de signer un document condamnant le dalaï lama et a dû se démettre de ses fonctions

Publié le 18/03/2010




Selon une information de Radio Free Asia (RFA) du 30 mai dernier, l’abbé d’un important monastère du bouddhisme tibétain a dû se démettre de ses fonctions après avoir refusé de signer un texte que lui présentait les autorités chinoises et qui condamnait le dalaï lama. « J’ai parlé ouvertement et j’ai refusé de signer. J’ai dit que je ne signerai pas, même si je devais en payer le prix et être condamné à la prison ou à la peine de mort devant un tribunal », a déclaré Khenpo Tsanor, 70 ans, abbé du monastère de Dungkyab, dont les propos ont été rapporté par le service en tibétain de RFA. Situé dans le district de Gade (Gande, en chinois) de la préfecture tibétaine de Golog, dans la province du Qinghai, Dungkyab a été fondé en 1837 et abrite aujourd’hui environ 200 moines.

Khenpo Tsanor a précisé qu’il avait officiellement démissionné de ses fonctions à la mi-mai. « J’ai eu en main les documents que le gouvernement voulait que je signe. Il y était écrit que le dalaï lama devait être minutieusement critiqué et son attitude séparatiste condamnée. Je n’ai pas voulu signer, sachant pertinemment que je serai traduit en justice pour cela. Ils ont fait pression sur moi en menaçant de fermer le monastère si je m’obstinais à refuser de signer », a-t-il précisé, ajoutant que des officiels lui ont demandé s’il acceptait de démissionner de ses fonctions. « J’ai accepté étant donné que je n’avais pas d’autre choix. »

Toujours selon RFA, le Bureau des Affaires religieuses de Gande a décliné tout commentaire, mais d’autres officiels de la localité ont confirmé l’information. Ils ont précisé que les autorités mettaient en place une campagne de rééducation patriotique visant à faire de Dungkyab un monastère « modèle », formé de moines loyaux à la Chine. « Les gens disaient que les moines de Dungkyab refusaient d’accepter les documents relatifs à la campagne de rééducation patriotique. Le problème a été discuté cette année et il a été décidé de mettre fin à cette situation », a expliqué un officiel, ajoutant que nombreux étaient les monastères qui devaient être « évalués » et amenés à accepter la politique gouvernementale.

En mars dernier, les moines d’un autre et important monastère du bouddhisme tibétain, le monastère de Labrang, dans la province du Gansu, se sont plaints des pressions et de la surveillance dont ils faisaient l’objet. Selon un des moines, les autorités exercent de très fortes pressions pour qu’ils dénoncent le leader spirituel des bouddhistes tibétains, exilé en Inde depuis 1959 (1).