Eglises d'Asie

L’Eglise catholique met en garde contre l’attrait que peut exercer certains groupements protestants fondamentalistes

Publié le 18/03/2010




Negombo est située à 25 km au nord de Colombo. Aux trois quarts catholique, la ville est surnommée « la petite Rome » du Sri Lanka et c’est là, à Kadolkelle, que l’Eglise catholique finit de construire ce qui sera l’une des plus vastes églises d’Asie, avec 4 000 places assises, l’église du Christ ressuscité. Le dimanche 15 avril dernier, aux 25 000 fidèles qui étaient rassemblées là pour la messe de la Divine miséricorde, le diocèse de Colombo a distribué des tracts mettant en garde contre « les fondamentalistes ».

Sur la feuille, on pouvait lire que « les fondamentalistes » cherchent « à convertir en travestissant l’Evangile », « en propageant de fausses informations sur le Seigneur Jésus » ou bien encore « en insultant la Vierge Marie ». Les mises en garde étaient claires : « N’entrez pas dans leurs églises, ne prenez pas part à leurs activités, évitez d’accepter de l’aide ou des présents de leur part. »

Selon le P. Gyom Nonis, curé de la paroisse du Christ ressuscité, cette initiative a été prise face à l’afflux de groupes protestants qui ont surgi ces dernières années. Aujourd’hui, plus de vingt-cinq groupes chrétiens « fondamentalistes » sont implantés à Negombo, tels l’Eglise apostolique, les Assemblées de Dieu, l’Eglise du Calvaire, le Centre de prière de Gethsémani ou encore l’Eglise Jeewana Divia, les Témoins de Jéhovah et les Adventistes du Septième jour. Le prêtre explique que ces groupes posent « un défi à l’Eglise catholique car, outre les biens matériels ou l’argent qu’ils apportent à leurs fidèles, ils proposent une nouvelle approche théologique de l’Evangile ». Un laïc engagé ajoute que, ces temps-ci, c’est comme si une nouvelle église ou un nouveau groupe apparaissait chaque jour. « Leurs activités sèment la confusion parmi les catholiques, les jeunes en particulier », souligne-t-il.

Un paroissien explique que ces groupes sont efficaces car leurs membres font du porte à porte, la Bible à la main. Ils reviennent chez les gens, proposent de prier avec eux et finissent par les inviter à venir visiter leur église. Un autre leur reproche d’être trop « occidental », même s’ils disent être du pays.

A ces critiques, le Rév. Mendis, pasteur des Disciples pour le Christ et actif au Centre de prière de Gethsémani, répond que ceux qui fréquentent ces églises voient « l’amour de Dieu en action ». « Je sais ce que l’Eglise catholique dit de nous, mais je peux témoigner que nous sommes engagés dans des conversions par l’expérience. Les gens ici prient et font une expérience de Dieu. Nous prêchons et disons la vérité. L’amour de Dieu est bien plus que des mots », explique-t-il, ajoutant que son groupe n’incite pas aux conversions en offrant des biens ou de l’argent (1).

Lawrence Sebamalai, autrefois catholique et depuis vingt ans membre de l’Eglise Jésus Vivant, affirme que nombreux sont les catholiques à se tourner vers ces groupes. « Il y a deux ans, j’ai eu des problèmes professionnels et j’avais besoin d’une motocyclette pour faire du commerce. Chacun des membres de Jésus Vivant met de l’argent de côté pour aider les autres. Le conseil de l’Eglise a estimé que je devais être aidé et une moto m’a été offerte », raconte-t-il. Il ne cache pas que cette décision a suscité des critiques au sein même de son Eglise : « Certains ont dit que j’avais influencé le pasteur pour avoir cette moto. Cela a créé de la division et ceux qui n’étaient pas d’accord ont quitté le groupe pour fonder une autre Eglise. »